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Lesaffre déploie ses ferments à l’international
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Lesaffre déploie ses ferments à l’international

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Lesaffre, fabricant de levures et spécialiste des micro-organismes fermentés, poursuit sa croissance en France et à l’international et souhaite le faire de manière durable et responsable. Pour cela, le groupe accélère ses innovations grâce aux nouvelles technologies et construit de nouveaux sites notamment dans une trajectoire de décarbonation.

Brice-Audren Riché est le directeur général de Lesaffre depuis janvier 2022 — Photo : Lesaffre

Spécialiste de la levure et de la fermentation, le groupe nordiste Lesaffre (2,2 Md€ de CA, 11 000 collaborateurs dans le monde et 2 000 en France) est devenu un acteur incontournable mondial au cours de ses 170 années de développement. Historiquement, le groupe s’est construit à travers la panification qui représente encore les deux tiers de l’activité. L’autre tiers correspond à trois domaines : le goût, la santé et la biotechnologie industrielle (comprenant notamment la recherche sur les levures pour produire du bioéthanol). L’entreprise fortement implantée à l’international tient également à conserver son ancrage dans le Nord. "Les racines du groupe sont ici, souligne Brice-Audren Riché, directeur général de Lesaffre depuis le début de l’année dernière. Le campus Lesaffre que nous avons inauguré en octobre 2022 est une belle vitrine !" L’an dernier, le groupe a en effet réuni 700 collaborateurs disséminés auparavant sur huit sites différents dans la métropole lilloise. Ce bâtiment moderne installé sur un terrain de 19 hectares à cheval entre les communes de Marcq-en-Barœul et Marquette-lez-Lille, non loin de l’usine Lesaffre, rassemble plusieurs équipes spécialisées en recherche. 60 % de la superficie du campus de 23 000 m2 est dédiée à la R & D avec des laboratoires dotés d’équipements de pointe. La plus grosse installation réalisée est une biofonderie. Cet ensemble fournissant l’infrastructure analytique, l’équipement robotique, les logiciels et les systèmes de gestion des données permet de réaliser de la biologie synthétique à haut débit. En une seule journée, 10 000 tests peuvent être effectués alors qu’un délai d’un mois était nécessaire pour leur réalisation. "Nous allons donc pouvoir accélérer les capacités d’innovation du groupe, pointe Brice-Audren Riché. Lesaffre s’est doté sur ce campus d’équipements de pointe qui nous permettent d’accélérer l’innovation, notamment grâce aux nouvelles technologies". En parallèle, un autre campus qui a été bâti dans la même zone géographique marque la volonté du groupe de renforcer son ancrage dans le nord de la France. Il concerne l’activité axée sur les boissons fermentées de Lesaffre. Ce campus Fermentis accueille plus de 50 collaborateurs qui y travaillent déjà et va être inauguré prochainement.

Trois usines en construction

Le groupe se développe à l’externe et à l’interne. "Notre ambition est d’avoir une croissance à la fois durable et responsable, pose le directeur général. Nous souhaitons poursuivre nos activités dans toutes les régions où Lesaffre est présent. Nous continuerons de procéder à des acquisitions externes si des opportunités se présentent. Et notre développement interne s’opère avec de nouveaux clients via de nouveaux produits et la construction de nouvelles usines". Trois gros projets sont en cours. L’un au Brésil, pays dans lequel l’industriel est déjà actif depuis plus de trente ans et gère un centre d’innovation orienté en panification et en nutrition. La production de ce site, qui débutera l’an prochain, est destinée à servir les clients du Brésil. En Indonésie aussi, une usine est en construction avec un lancement prévu pour cette fin d’année. Elle sera dédiée au marché de l’Asie pacifique avec la volonté du groupe de réduire l’empreinte écologique de ses produits. "Plus on se rapproche de nos clients moins ils ont de transport à effectuer pour se fournir auprès de nous", appuie Brice-Audren Riché. Pour ce marché indonésien, Lesaffre va travailler son activité traditionnelle de panification en fabriquant des levures fraîches et sèches.

Le troisième projet d’envergure concerne de nouveau les Hauts-de-France avec une unité de production qui va être bâtie sur une friche industrielle à Denain, dans le Nord. "L’enquête publique vient de se terminer et nous devrions avoir les autorisations pour démarrer les travaux cette année", annonce le directeur général. La filiale Gnosis by Lesaffre concevant des actifs nutritionnels pour les secteurs pharmaceutiques et nutraceutiques va y fabriquer de la chondrotoïne sulfate, ingrédient utilisé pour soulager les douleurs articulaires. Actuellement produite en Chine à partir de cartilage d’ailerons de requins, cette substance va pouvoir être conçue par Lesaffre à partir d’un processus de fermentation. "Nous obtiendrons le même produit avec les mêmes bénéfices, mais avec une fabrication naturelle, donc sans origine animale" analyse Brice-Audren Riché qui ajoute que l’entrée en production de ce site démarrera en 2025.

Décarboner et limiter la consommation d’eau

L’approche RSE (responsabilité sociétale des entreprises) est un autre axe de la stratégie de Lesaffre. "Nous souhaitons donc produire au plus proche de nos clients, sommes convaincus que la fermentation et et les micro-organismes sont une part de la solution pour nourrir 9 milliards d’habitants sur la planète en 2050 de manière plus saine et plus durable, grâce à des produits respectueux de l’environnement" explique Brice-Audren Riché. Une volonté qui a motivé plusieurs projets récents comme le partenariat avec l’entité Engie Solutions du groupe énergétique français qui va réaliser et exploiter la maintenance d’une unité de récupération de chaleur fatale sur l’usine Lesaffre à Marcq-en-Barœul. Grâce à l’installation de deux pompes à chaleur à forte puissance qui seront mises en service en 2025, la chaleur créée par les activités de fermentation sera réutilisée. Lesaffre pourra ainsi couvrir 70 % de ses besoins en chaleur, éviter l’émission annuelle d’environ 30 000 tonnes de CO₂ et réduire sa consommation d’eau de 150 000 m3 par an. "Le groupe s’est engagé dans une démarche de maîtrise de son empreinte carbone et de sa consommation d’énergie, rappelle le directeur général. Nous réalisons un investissement dans une centrale biomasse sur notre site normand spécialisé en biotechnologie et plus particulièrement dans le séchage d’ingrédients". Cette nouvelle chaudière sera mise en activité cette année.

Un autre exemple concerne la filiale australienne de Lesaffre avec l’inauguration en novembre dernier d’une nouvelle installation entrant dans une logique d’économie circulaire. "Il s’agit d’un atelier d’extrait de mélasses qui va nous permettre de récupérer, dans nos eaux de traitement, les ingrédients bénéfiques que l’on peut ensuite utiliser pour supprimer des poussières industrielles, comme fertilisants ou pour d’autres applications encore".

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