Les ports des Hauts-de-France à l'épreuve du Covid-19
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Les ports des Hauts-de-France à l'épreuve du Covid-19

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Après l'effondrement de leur activité pendant le confinement, les ports de la région Hauts-de-France voient revenir une partie du trafic. Il faudra néanmoins attendre la fin de l'année pour voir se dégager les perspectives des années à venir, dans un contexte où les gros sujets ne manquent pas. Les acteurs régionaux revendiquent une politique très volontariste.

Les ports des Hauts-de-France ont enregistré une baisse de 30 à 40% de leur activité pendant le confinement, et jusqu'à -97% sur le trafic passagers transmanche. — Photo : Port de Dunkerque

Les ports des Hauts-de-France relèvent la tête après la baisse importante de leur activité pendant le confinement. Si les passagers ne sont toujours pas au rendez-vous sur le trafic transmanche, les containers eux, ont bien repris leur circulation entre les docks et les entrepôts, où ils sont parfois restés bien longtemps immobilisés. « Dès le début du mois de mars, les ports intérieurs ont vu arriver des containers de produits qui n’étaient plus consommés. Il a fallu pousser les murs et trouver des mètres carrés pour stocker tout ça, il a fallu jusqu’à 40 % de surface de stockage supplémentaire au plus fort de la crise. Et puis d’un coup, la consommation a repris mais plus rien n’arrivait », retrace Bruno Fontaine, le président du Port de Lille.

Même phénomène sur le littoral, où les containers en provenance d’Asie, destinés à la grande distribution, se sont empilés. « À Dunkerque, il y a eu une première phase de stockage des produits non-alimentaire, mais assez rapidement, les escales ont été annulées, et les arrivées se sont taries. En revanche, sur l’agroalimentaire, qui constitue une partie importante de l’activité, les rotations se sont poursuivies, en provenance d’Amérique latine, d’Afrique et du Maghreb », détaille Daniel Deschodt, le directeur commercial du port de Dunkerque.

-97 % de passagers sur le transmanche

Sur les ports océaniques, d’importants ralentissements ont concerné en revanche les flux liés à la sidérurgie, avec une baisse drastique des importations de minerai de fer et de charbon, comme des exportations d’acier et de produits finis. Et bien sûr, le trafic de passagers transmanche, déjà bien ralenti dans la perspective du Brexit, a été réduit quasiment à néant depuis le printemps. « À Calais, le transmanche c’est 9 millions de passagers par an », rappelle François Lavallée, le président de la CCI Littoral. « Depuis avril, on observe une baisse de 97 % du trafic passagers, et juillet-août ne va sans doute pas voir d’évolution majeure à ce niveau. Même chose sur les marchandises : le trafic est en baisse de 70 % depuis le printemps, et cette tendance semble devoir s’inscrire dans la durée. Nous verrons si la fin d’année induit un changement, mais l’arrivée du Brexit ne devrait pas avoir un effet très positif », poursuit-il, évoquant la perte de « plusieurs millions d’euros » pour le port avec la crise, sans donner davantage de précisions pour le moment.

« Certains trafics ont repris un rythme quasi-normal, et de très grosses lignes maritimes internationales redémarrent, c’est encourageant. Mais globalement, nous pouvons dire que les perspectives pour 2020 ne sont pas bonnes. Elles sont assez moyennes en ce qui concerne 2021, et il est compliqué pour le moment de se projeter au-delà », reconnaît pour sa part Daniel Deschodt, du port de Dunkerque. « Fin 2020 sera un moment très intéressant, pour voir le type de reprise qui se dessine, et ce qui nous attend pour la suite. »

Norlink Fédération, un nouveau souffle pour demain ?

Dans ce contexte compliqué, Norlink Fédération veut offrir une nouvelle dimension à la filière logistique régionale. Créé en septembre 2019, cette nouvelle association fédère l’ensemble des acteurs de la dynamique Norlink (Norlink Ports, Norlink ferroviaire, Norlink Fluvial, Norlink Plaisance), ainsi que des entreprises et collectivités locales, soit plus d’une centaine de membres. Avec l’ambition de transformer les ports régionaux et leur hinterland, et de développer le fret à l’échelle de la France. « Comme pour le Brexit, ou l’arrivée du coronavirus, nous sommes toujours dans cette optique de regrouper les forces », présente Philippe Hourdain, le président de la CCI et de Norlink Fédération.

« Entre les enjeux environnementaux, le Brexit, le Canal Seine-Nord qui avance, nous sommes à un moment charnière de la vie de la logistique, qui exige le développement de l’intermodalité. La logistique représente 150 000 emplois dans la région. On ne peut pas rester chacun dans son coin, la réussite de Norlink Ports nous l’a montré. Il faut être plus ambitieux encore, pour développer l’hinterland de nos ports, et capter toujours plus de valeur ajoutée sur l’ensemble du territoire régional. » Un plan stratégique mettant à contribution tous les acteurs devrait être présenté d’ici la fin de l’année.

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