Les organismes consulaires affichent leurs nouveaux visages
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Les organismes consulaires affichent leurs nouveaux visages

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Le mois de décembre a été ponctué par l'élection des présidents dans les sept CCI que compte la région Hauts-de-France. Et à nouveaux visages, nouveaux projets... Tour d'horizon des actions annoncées pour ces cinq prochaines années.

— Photo : Le Journal des Entreprises

Durant le mois de décembre 2016, les 7 CCI territoriales et la nouvelle CCI Hauts-de-France ont vu se dérouler les élections de leurs présidents. Porteurs de nouveaux projets et de nouvelles ambitions, ces derniers devront toutefois faire face, en plus des défis inhérents à leur propre territoire, au désintérêt des chefs d'entreprise pour les CCI et à la réduction importante de leurs budgets.

Une faible participation

Premier constat consécutif à ces élections : la faible participation. Au niveau national, seuls 12,43 % des dirigeants ont voté aux élections consulaires, soit 320.000 entreprises des secteurs du commerce, de l'industrie et des services sur 2,9 millions inscrites au total. C'est deux fois moins qu'en 2004 (26 % de participation), et un peu moins que lors du dernier scrutin en 2010 (17 %). Les organismes consulaires de la région Hauts-de-France n'ont pas échappé à ce phénomène, avec un taux de participation de 11,94 % dans l'Aisne (14.700 ressortissants), de 11,19 % dans l'Artois (20.385 ressortissants) de 11,5 % dans le Grand Hainaut (18.860 ressortissants), ou encore de près de 11 % pour la CCI Grand Lille (60.842 ressortissants)... Jean-Marc Devise, nouveau président de la CCI Artois, commente : « Sans sujets polémiques, c'est compliqué de mobiliser autour d'une élection. Le mode de scrutin, en ligne ou par courrier, n'a pas aidé non plus. D'autant que dans les grands groupes, cela nécessite de s'organiser un minimum pour que le courrier parvienne à la bonne personne. ».

Élu président de la CCI Grand Hainaut, Bruno Fontaine ajoute : « Nous avions pour notre part une seule liste candidate... Nous étions élus d'avance, ce qui peut expliquer la faible mobilisation. » D'ailleurs, la CCI Amiens Picardie (11.559 ressortissants), qui a vu s'affronter deux listes, a enregistré de son côté une participation de 22,56 %, qui a conduit à l'élection de Fany Ruin. Le président de la CCI Grand Hainaut reconnaît toutefois : « Il y a encore un gros travail de présence sur le terrain à mener pour faire connaître davantage nos outils et nos services ». C'est peu de le dire. Une étude de l'Ifop et Fiducial, publiée au printemps 2015 est sans appel : seul un tiers des dirigeants non-artisans de TPE (0 à 19 salariés), juge utiles les services proposés par leur CCI et 26 % y ont fait appel au cours des deux dernières années. Parmi ces derniers, presque 80 % s'avéraient satisfaits des services proposés. C'est tout le paradoxe de ces élections : les entreprises pourraient profiter plus largement des CCI et de leurs compétences en termes de formation professionnelle, d'aides à l'exportation et à l'innovation, de conseils pour la création ou la cession de société... Car qu'elles le sachent ou non, elles contribuent chaque année à leur financement !

La naissance de la CCI Hauts-de-France

Du côté des lignes directrices de ces 7 CCI pour les cinq prochaines années, c'est la nouvelle CCI Hauts-de-France qui donnera le la. Résultant de la fusion des CCI de région Nord de France et Picardie, la CCI Hauts-de-France a vu son assemblée installée le 13 décembre dernier, par le préfet de région. Philippe Hourdain a été élu président et David Brusselle en est le nouveau directeur général. Le premier vice-président est Philippe Enjolras, président de la CCI de l'Oise (près de 25.000 ressortissants). Son périmètre couvre donc les CCI Aisne, Amiens-Picardie, Artois, Littoral Hauts-de-France, Grand Hainaut, Grand Lille et Oise, soit 170.800 ressortissants, représentant 1,2 million de salariés. Composée de 120 élus issus des territoires, cette CCI sera désormais l'employeur unique des 1.000 collaborateurs des CCI Hauts-de-France (hors ports).

Les trois axes prioritaires de la CCI Hauts-de-France

Cette nouvelle CCI va organiser ses actions autour de trois axes. D'abord, le service aux entreprises. Il s'agira d'accélérer la transformation numérique des entreprises de la région. « Nous devons transformer les CCI et les entreprises de la région en usines digitales. C'est une transformation que j'espère complète et qui poussera, également, les dirigeants dans la même direction. Il faut, pour cela, un travail de formation. Je pars du principe que chaque faiblesse peut être catastrophique pour un dirigeant, là encore nous devons être fer de lance », indique Philippe Hourdain. Il s'agira ensuite de poursuivre et d'amplifier le mouvement autour de la Troisième Révolution Industrielle et enfin, de mettre l'accent sur la formation. Les Hauts-de-France fédèrent plus de 40.000 apprentis et un réseau de plus de 20 écoles et organismes de formation. Le deuxième axe portera sur la gestion d'équipements : « Qu'il s'agisse des ports de la façade maritime ou ceux de l'intérieur (ndlr : les treize sites des Ports de Lille), nous devons continuer à travailler en mode réseaux pour être efficients dans l'attente du Canal Seine-Nord Europe », souligne Philippe Hourdain qui n'oublie pas dans la liste des infrastructures régionales les parcs d'activités - Lille Aéroparc et Amiens en tête - mais aussi les deux ports de Lesquin et Beauvais et pour lesquels « une stratégie d'action est en cours de définition ». Enfin, le dernier axe sera celui de la représentation politique des entreprises. Philippe Hourdain souhaite renforcer le rôle des CCI dans la représentation des entreprises auprès des pouvoirs publics et administrations, au niveau local et régional.

Quelques grands projets par territoire

Voici donc les grands chantiers qui attendent les sept CCI territoriales des Hauts-de-France. Ce qui n'empêchera pas chacune d'elles de mener aussi des chantiers propres à son territoire. Ainsi, Yann Orpin président de la CCI Grand Lille, a mis en place un groupe de réflexion autour de la création, un peu inattendue, d'un parc des expositions, de près de 100 000 m², dans l'idée de proposer une offre complémentaire à celle des Palais des Congrès existants en région. « Il serait situé, si possible, près de l'aéroport et permettrait d'accueillir des événements d'envergure internationale », a indiqué le nouveau président de la CCI Grand Lille.

Par ailleurs, pour aider au démarrage des entreprises, celui-ci souhaite également mettre en place un espace de co-working au sein des locaux de la CCI Grand Lille et un fonds d'amorçage sur des petits tickets, dont le montant n'est pas encore déterminé. Dans le Grand Hainaut cette fois, Bruno Fontaine a évoqué la possibilité de créer un fonds de prévention, pour aider la trésorerie des entreprises en difficultés, à l'image de ce que fait déjà la CCI Grand Lille. Élu président de la CCI Littoral Hauts-de-France, François Lavallée mettra quant à lui la façade maritime au coeur de sa présidence. « Nous devons devenir l'acteur incontournable de l'économie bleue en région. La Côte d'Opale, tout comme le littoral normand-picard, ont en commun des synergies à développer en matière de tourisme et de développement industriel. Mais au-delà du littoral, notre territoire aura aussi un rôle à jouer en région. Si mes vice-présidents couvrent l'ensemble du territoire, c'est bien pour pouvoir me dégager du temps à passer à Lille. Nous avons une carte à jouer en région et il faut saisir cette opportunité. Il n'y a rien de pire que la politique de la chaise vide ».

Parmi ses priorités, l'appétence des entreprises du littoral pour l'export : « Elles ne se tournent pas assez vers l'étranger. Les statistiques prouvent qu'elles n'utilisent pas assez les ressources de la CCI International. Ce n'est pas qu'un outil réservé aux Lillois ». Pour l'Artois cette fois, Jean-Marc Devise mise sur une zone d'activité qui permettrait de rayonner sur trois territoires artésiens aux réalités différentes : « Dans le bassin minier, on constate 40 % de chômage chez les moins de 25 ans... », regrette le président de la CCI Artois. Celui-ci défend également le projet de création d'un axe Lille-Amiens, avec une deuxième gare TGV située près d'Arras, afin de désenclaver Lille. Enfin, le nouveau président de la CCI Artois veut « renforcer les points forts de son territoire au niveau de la logistique et de l'agroalimentaire ».

Des budgets réduits

Des projets qu'il faudra mettre en oeuvre dans un contexte de budgets réduits. Pour mémoire, les CCI ont perdu l'équivalent de 50 % de la part de l'État sur les sept dernières années. L'une des solutions face à cette baisse est la mutualisation des moyens entre les différentes CCI de la région. « Il n'y aura pas de sources d'économies mais de la transversalité », indique Yann Orpin, avant d'ajouter : « Nous allons mettre en place un groupe de projet qui aura vocation à aller chercher d'autres financements pour la CCI Grand Lille : immobilier, etc. ». De son côté, Bruno Fontaine commente : « Nous allons remplacer les euros manquants par des cerveaux. Nous aurons moins de ressources mais il faudra plus de services. Certains pourront par exemple devenir payants ». Quant à la CCI de l'Oise, elle a bouclé fin novembre la vente de ses locaux historiques , pour un montant d'1,5 million d'euros, ce qui lui permettra d'économiser près d'un million d'euros par an. Elle prendra place à Allonne, dans d'anciens locaux du Crédit Agricole.

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