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Les entreprises des Hauts-de-France, fragilisées mais combatives après 2020
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Les entreprises des Hauts-de-France, fragilisées mais combatives après 2020

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À l’occasion des Rencontres Régionales de l’Économie, le réseau consulaire régional a brossé le tableau de l’état de l’économie régionale, après la tempête traversée en 2020.

Pour Kathie Werquin-Wattebled, la directrice régionale de la Banque de France, le rebond aura bien lieu en 2021 — Photo : Banque de France

Touchées mais pas coulées, les entreprises régionales sont prêtes à se relancer en 2021. C’est en tout cas le sentiment du réseau consulaire et de la Banque de France des Hauts-de-France, qui ont suivi de près les entreprises du territoire tout au long de l’année 2020. 2021 devrait être l’année du rebond, avant un retour à la normale, soit au niveau d’activité de début 2020, annoncé pour 2022, sauf dégradation brutale de la situation. "Tout le monde redoutait beaucoup le deuxième confinement, mais finalement, l’activité n’a reculé que de 7 % l’automne dernier, contre 30 % au printemps… Les entreprises étaient déjà plus agiles, c’est encourageant pour la suite. D’autant plus que cet été, on a mesuré en France un rebond très important, le plus fort d’Europe. C’est la preuve que dès que les énergies se libèrent, l’activité reprend, " pointe Kathie Werquin-Wattebled, la directrice régionale de la Banque de France dans les Hauts-de-France.

Les CHR et l’agriculture font grise mine

En attendant de pouvoir libérer leurs énergies, bon nombre de chefs d’entreprise de la région rongent encore leur frein. Et en premier lieu, ceux de l’hôtellerie-restauration, qui attendent toujours de pouvoir rouvrir, et prévoient, sans grande surprise, un très important recul de leur chiffre d’affaires.

Ailleurs, le bilan comme les perspectives restent également mitigés. Comme dans l’agriculture, où 90 % des dirigeants ont constaté une dégradation de leur chiffre d’affaires en 2020, sous l’effet conjugué de mauvaises récoltes et de la baisse de la demande dans la restauration. Les producteurs de pommes de terre font particulièrement grise mine. 6 pommes de terre sur 10 produites dans la région sont destinées à la transformation pour la restauration, rappelle la Chambre d’Agriculture. À cause des énormes excédents du printemps, les prix ont chuté de 44 % entre janvier 2020 et janvier 2021. L’année a été mauvaise aussi pour les betteraviers, entre l’effondrement du cours du sucre, des fermetures de sucreries, et la recrudescence de la jaunisse de la betterave.

Rebond annoncé dans l’industrie et le BTP

L’industrie a enregistré une baisse de chiffre d’affaires de 9,2 % en 2020, dont 12,1 % sur l’export. En 2020, les effectifs ont baissé de 2,5 % dans le secteur, avec notamment, un fort ralentissement du recours à l’intérim. 47,5 % des entreprises industrielles déplorent une baisse de leur rentabilité en 2020. Pour l’année 2021, les industriels prévoient un rebond de l’activité de 7,3 %, avec toutefois, une incertitude marquée dont, témoigne la baisse des investissements, annoncée à -4,8 %.

Pour le BTP, la perte de chiffre d’affaires s’est inscrite à -12 % en 2020, avec une baisse de 13 % des investissements, et de 3,3 % des effectifs. "Dans le BTP, il est impossible de rattraper ce qui n’a pas été réalisé pendant l’arrêt des chantiers au printemps. Mais depuis, l’activité est tonique, avec des carnets de commandes pleins dans le bâtiment comme dans les travaux publics. Malgré tout, la rentabilité est en baisse, à cause des fermetures, de l’absentéisme des salariés, et de l’application des mesures barrières, qui représente un surcoût", commente Kathie Werquin-Wattebled.

Manque de visibilité, mais combativité

Plus globalement, l’ensemble des entreprises déplorent un manque de visibilité, qui rend les projections difficiles pour cette année. Elles sont 26 % à redouter des difficultés de financement, qui dans 91 % des cas prendraient la forme de difficultés de trésorerie. Les entreprises artisanales notamment, connaissent une trésorerie très dégradée. Dans les Hauts-de-France, 26 % des entreprises ont eu recours à un prêt garanti par l’État (PGE), pour répondre à un problème de trésorerie, dans 77 % des cas.

"Les mesures prises par le gouvernement ont fonctionné," veut croire Philippe Hourdain, le président de la CCI. "Nous n’avons enregistré que 2 160 défaillances en 2020, soit une baisse de 39 %. Et, malgré le contexte, nous notons 51 400 créations, soit une hausse de 5 %. Cela montre bien la capacité de résilience et l’énergie que recèle le territoire. Les entreprises sont prêtes à rebondir, et nous sentons, en ce début 2021, les dirigeants dans un état d’esprit très combatif, très différent de celui qu’on pouvait voir au moment des fêtes. Ils font part de leur volonté d’oublier 2020 et de penser à l’avenir. Reste maintenant à ne pas manquer la reprise…" Et à espérer que la situation sanitaire ne vienne pas à nouveau contrecarrer tous les plans.

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