C'est l'histoire d'un retour aux sources. La nouvelle usine du traiteur coréen Sias à Roye, dans la Somme, qui a nécessité 13 millions d'euros d'investissement, tourne déjà à plein régime pour produire des plats cuisinés. Et un agrandissement est déjà sur les tablettes pour atteindre six lignes de production. "La pose de la première pierre pourrait intervenir début 2024", annonce Maxime Woirgny, le directeur général de Sias France.
Un retour aux sources car Sias est l'acronyme de Société industrielle et agricole de la Somme. Lancée en 1920 à Roye, l'entreprise s'est spécialisée dans l’industrie sucrière. Elle a mis au point un procédé de semi-confisage des fruits pour les yaourts, qui lui a assuré un succès mondial, jusqu’en Corée du Sud où elle s’implante dans les années 1960 avec un site de production. Dans les années 1980, des rachats successifs finissent par faire disparaître le groupe en Europe. Mais l’usine coréenne, acquise par le directeur commercial local, JC Choi, fait subsister la marque Sias. Aujourd’hui sous pavillon coréen et spécialisée dans les plats cuisinés, l’entreprise compte quatre usines en Corée, pour un chiffre d’affaires de 120 millions d’euros. Commençant à se sentir à l’étroit sur son marché, elle décide de se tourner vers l’Europe... et de revenir s'implanter à Roye.
Marché européen porteur
Plusieurs raisons ont poussé le dirigeant coréen à ce choix : chute de la démographie et rétrécissement du marché intérieur en Corée du Sud, export compliqué dans la région. "Le pays est coincé entre la Corée du Nord, totalement fermée, et la Chine et le Japon, avec lesquels il reste des tensions", expose Maxime Woirgny. D’où la volonté de produire pour l’Europe, où le marché de la nourriture asiatique croît chaque année de 8 à 10 %.
"Avec le Covid et l’augmentation du coût du fret, il fallait fabriquer sur place ces produits à faible valeur ajoutée comme les plats cuisinés surgelés", appuie le dirigeant. Si la France est un marché où la demande de plats asiatiques reste faible, sa position centrale est un atout. Cela nous permet de rayonner en Grande-Bretagne, en Allemagne et en Europe du Nord, gros consommateurs de ces produits."
Le site de Roye, dans la Somme, est acheté en 2020 par la famille Choi. Deux ans de travaux ont été nécessaires pour réhabiliter cet ancien site agroalimentaire. Une trentaine de salariés sont recrutés et trois lignes sont créées, pour trois recettes surgelées, "du riz sauté, des gyozas (raviolis coréens) et, sur la dernière ligne, opérationnelle début 2023, des plats individuels avec 90 % d’ingrédients locaux", détaille Maxime Woirgny.
Conquérir la grande distribution
La restauration collective et commerciale concentre pour le moment l’essentiel des clients de Sias. "Il nous faut conquérir le marché de la grande distribution, qui prend plus de temps car il faut notamment créer le packaging sous les marques distributeurs. À terme, l’objectif est de travailler à 70 % pour la grande distribution", projette Maxime Woirgny.
L’export démarre, vers des pays comme le Royaume-Uni, l’Irlande et les Pays Bas. "Des pourparlers sont en cours en Norvège et en Russie, et nous visons toute l’Europe, pour atteindre la moitié du chiffre d’affaires", décrit le dirigeant. Si le site est encore en phase de démarrage, l’atteinte de l'objectif de 10 à 15 millions de chiffre d’affaires est prévu "très vite".
