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Le leader de la toile de store Dickson Constant implante une deuxième usine dans le Nord
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Le leader de la toile de store Dickson Constant implante une deuxième usine dans le Nord

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Le fabricant de tissus techniques Dickson Constant investit 40 millions d'euros dans l'implantation d'un nouvel outil de production dans le Nord. Deuxième site après celui de Wasquehal, cette usine située à Hordain lui permettra d'augmenter sa capacité de production de 50 %.

L'usine Dickson Constant de Wasquehal, qui produit de la toile à store, du tissu d'ameublement extérieur et intérieur, des toiles marines et des revêtements de sol, arrive à saturation. — Photo : Dickson Constant

Spécialiste des tissus techniques pour l’extérieur, la décoration intérieure et le nautisme, Dickson Constant fait figure de fleuron régional depuis 1836. Rachetée en 1998 par l’américain Glen Raven, l’entreprise fondée à Dunkerque continue de se développer dans le Nord. Aujourd’hui basée à Wasquehal, Dickson Constant investit 40 millions d’euros pour se doter d’un nouveau site à Hordain et augmenter considérablement sa productivité. Une nouvelle comme la filière textile régionale n’en avait pas vu depuis longtemps.

Un groupe recentré sur son cœur de métier

Avant d’investir, Dickson Constant a serré les rangs, début 2020. En février, le groupe s’est séparé de deux de ses filiales françaises, faisant passer le nombre de ses salariés de 450 à 350. Dickson Coating, spécialiste de l’enduction de bâches pour les camions et les chapiteaux en Isère, et Dickson PTL, qui produit des tissus enduits pour l’industrie automobile et aéronautique dans l'Ain, ont ainsi quitté le giron de la maison mère. "Ces deux business units étaient devenues trop éloignées de nos activités principales. Glen Raven voulait s’en séparer depuis quelque temps déjà, mais nous voulions être sûrs de trouver le meilleur arrangement possible pour les équipes. Dickson Coating a été racheté par le groupe belge Sioen et Dickson PTL a été repris par son équipe dirigeante avec le soutien de Bpifrance", détaille Eugène Deleplanque, le président de Dickson Constant.

Plus ramassé, le groupe a traversé l’année 2020 sans trop dévier de sa trajectoire, et sans renoncer aux projets en cours. Malgré quelques inquiétudes sur les résultats pendant le premier confinement, le regain d’intérêt des consommateurs confinés pour l’aménagement de leur logement aura assuré au groupe un chiffre d’affaires "en légère augmentation". Discret sur ses résulatts, Dickson Constant revendique environ 100 millions d'euros de chiffre d’affaires annuel. Glen Raven, qui compte 3 000 salariés dans le monde, pèse autour d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires. C’est donc sereinement que le fabricant va dérouler, en 2021, un vaste plan d’investissement qui devrait lui faire gagner en efficacité et en agilité.

L'urgence de gagner de la place

Depuis plusieurs années, le seul site de production de Dickson Constant, à Wasquehal, est au bord de la saturation. La diversification des activités du groupe menée depuis vingt ans l’a conduit à juxtaposer des productions très différentes au sein d’une même usine.

"Il y a vingt ans, 98 % de notre chiffre d’affaires était réalisé sur la toile à store. Sur l’impulsion de Glen Raven, nous avons décliné notre savoir-faire vers l’ameublement extérieur et le mobilier de jardin. Puis, vers tous les éléments textiles utilisés sur les bateaux. Ensuite, avec la mode des vérandas et des verrières, nous avons commencé à commercialiser des textiles d’ameublement résistants aux UV. Plus récemment, nous avons mis au point des revêtements de sol textiles. En une vingtaine d’années, nous sommes passés de leader mondial du store à spécialiste du textile technique pour l’amélioration de l’habitat", résume Eugène Deleplanque, pointant un problème, de plus en plus pressant : "C’est assez compliqué de produire, sur un même site, de la toile à store au kilomètre, et des tissus d’ameublement haut de gamme en petite série. Les opérations deviennent complexes à gérer."

En quête de place pour grandir, Dickson Constant a investi ces dernières années dans un entrepôt logistique à Lesquin, où sont stockés tous les produits finis, puis dans un second à Santes, qui réceptionne les matières premières. "Cela fait deux ou trois ans que nous cherchons un endroit pour construire un nouvel équipement. Nous avons hésité avec plusieurs implantations, notamment un emplacement au Portugal particulièrement intéressant. Mais finalement, le site d’Hordain s’est imposé comme le meilleur choix," expose Eugène Deleplanque. Non parce qu’il permet de conserver le sceau du "made in France", dont le groupe se passerait très bien. "Nous avons une quinzaine de filiales dans le monde entier, 18 000 clients dans une centaine de pays et notre actionnaire est américain. Dans ces conditions, je ne me vois pas trop crier "cocorico" et mettre en avant le "made in France", qui a surtout du sens pour le secteur du luxe. Nous nous présentons plus comme un fabricant "glocal", qui travaille dans le monde entier en s’adaptant le plus possible aux marchés locaux."

La décision a été bien davantage dictée par des considérations pratiques. "En conservant l’ensemble de nos activités dans le Nord, nous pouvons garder la même équipe de direction pour les deux sites, ce qui va simplifier la gestion. Plus central, il nous permet de maintenir nos délais de livraison en 48 heures, partout en Europe. Le site d’Hordain est une ancienne filature de coton qui date de 2004. Les travaux de rénovation vont nous faire gagner 18 mois par rapport à une construction ex nihilo", énumère le dirigeant.

Une capacité de production augmentée de 50 %

Moyennant un investissement de 40 millions d’euros "sur les deux premières années", précise son dirigeant, Dickson Constant va donc être en mesure de réorganiser sa production et rationaliser ses flux. L’enveloppe prévoit à la fois la rénovation de l’usine existant sur le site, et la construction d’un immense entrepôt.

Le site de Wasquehal continuera à produire les toiles de store et les gammes destinées au nautisme, tandis que seront installées à Hordain les lignes dédiées au mobilier de jardin, à l’ameublement et aux revêtements de sol. Grâce à cette opération, Dickson Constant peut se doter de 80 métiers à tisser supplémentaires, ce qui revient à augmenter sa capacité de production de 50 %. Pas rien pour un fabricant qui produit déjà "100 kilomètres de toile par jour", souligne Eugène Deleplanque. Sur ce nouveau site, Dickson Constant sera en mesure de développer de nouveaux produits, assure son président, sans en dévoiler davantage.

25 % du parc machines renouvelés à Wasquehal

D’un point de vue logistique, le futur entrepôt d’Hordain centralisera à la fois les matières premières et les produits finis. "Nous prévoyons 15 000 m² d'entreposage, sur 20 mètres de hauteur. Cet entrepôt suffira pour remplacer les deux existants, et cela simplifiera grandement les opérations pour la fabrication et l’expédition de nos produits".

Loin d’être délaissé, le site de Wasquehal bénéficie lui aussi d’une mise à jour. "Nous investissons en permanence dans nos outils de production. Il est difficile de continuer à produire en Europe et, a fortiori, en France. Cela nous contraint à avoir les usines les plus productives possible, et donc à investir en permanence dans notre outil. Entre 2020 et 2021, nous avons ainsi renouvelé 25 % de notre parc machines à Wasquehal, et nous allons maintenir cet effort dans les années à venir."

Les travaux ont déjà commencé dans la future usine, où les premiers métiers à tisser devraient être installés en mars. L’ensemble devrait être pleinement opérationnel fin juin. L’entrepôt devrait quant à lui sortir de terre à partir du mois d’octobre, pour une mise en service à la mi-2022. Cinquante salariés seront embauchés dans un premier temps. À terme, 150 emplois pourraient être créés sur le site.

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