Fabricant de solutions de stockage, de rayonnage, de rangement et d'aménagement pour les entreprises, les commerces et les administrations, l’ETI familiale Provost (160 M€ de chiffre d'affaires, 800 salariés), basée à Neuville-en-Ferrain près de Lille, s’adapte depuis soixante ans aux évolutions de ses marchés et de la conjoncture. Avec la certitude que "toute crise est une opportunité", selon le mantra de son directeur général, François Bontemps. Malgré l’impact direct sur son activité de la hausse des charges et des prix de l’acier, l'ETI, qui en transforme 2 000 tonnes par mois en moyenne, continue donc de se développer et d’investir sur tous ses marchés, exclusivement BtoB. Forte de la confiance de ceux qui en ont vu d’autres.
"En 2005, face à la crise de compétitivité de l’industrie en France, nous avons dû nous résoudre à délocaliser nos activités de tôlerie et de mécano-soudure en Pologne. Nous avons créé là-bas une belle usine, mais nous avions fait une promesse à nos salariés ici : si on partait, c’était pour faire mieux en France. Et depuis, nous avons agrandi quatre fois notre usine d’Halluin (Nord), nous avons acquis deux filiales en Allemagne et un site au Portugal, à partir duquel nous allons attaquer l’Europe du Sud", pose François Bontemps.
Investissements dans le Nord
Le groupe, créé au début des années 60 par Claude Provost (actionnariat toujours 100 % familial), anticipe cette année une stabilisation de sa croissance, après être passé de 140 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021 à 160 millions en 2022. C’est que la hausse des charges, du prix des matières premières et l’ajustement des salaires de ses quelque 800 salariés sur l’inflation commencent à peser lourd. "Sur l’acier, la situation commence à se détendre mais les prix restent très élevés. Nous avons tout de même fait le choix de ne pas ralentir et de maintenir notre taux de service à tout prix, quitte à sacrifier nos marges. Cela nous a permis de gagner de nouveaux clients", dépeint François Bontemps.
En parallèle, Provost pose les jalons d’une croissance future. L’ETI va, d’une part, investir quatre millions d’euros sur son site de production d’Halluin pour le doter d’une nouvelle ligne de production dédiée aux cantilevers (type de rayonnage adapté au stockage d’éléments longs ou lourds). "Nous sommes fabricants par essence. Il nous arrive de lancer des gammes avec des partenaires sous-traitants mais l’objectif, à terme, est toujours d’intégrer la production pour internaliser l’ensemble de nos process et avancer en autonomie", souligne le directeur général. D’ici la fin 2023, Provost utilisera ce nouveau savoir-faire pour élever un bâtiment autoportant, à partir de ses cantilevers, qui viendra augmenter sa capacité de stockage à proximité de son site de production. Un investissement estimé à deux millions d’euros.
Présente sur tous les marchés
Plus largement, cette nouvelle gamme vient accompagner l’essor des magasins de bricolage, une clientèle en fort développement ces dernières années pour Provost, qui travaille avec les leaders français du secteur. Mais impossible de le cantonner à un seul marché tant le groupe, qui revendique une position de leader en France sur le rayonnage, est présent "partout". "Notre chance, c’est que nos produits sont utilisés dans absolument tous les secteurs. La logistique bien entendu, mais aussi l’agencement de magasins ou de bureaux… Les notaires comme les collectivités et les médias utilisent nos armoires à archives, nos plateformes en mezzanine intéressent les tiers-lieux, les lieux accueillant du public et les particuliers", énumère François Bontemps. La liste est longue pour Provost, qui développe aussi des gammes pour les PME industrielles, les exploitations viticoles, les architectes, etc. Avec des effets de vase communicants. "L’intérêt de travailler dans l’aménagement, c’est que le besoin est toujours présent. Même quand certaines entreprises réduisent la voilure, il faut réaménager leurs entrepôts ou leurs bureaux, ça reste des commandes pour nous", résume François Bontemps.
Cette ubiquité donne à l'ETI un poste d’observation fine des dynamiques à l’œuvre sur ses différents marchés. À un moment où les pratiques, dans la logistique notamment, évoluent beaucoup. "Nous pouvons constater à quel point la logistique apparaît aujourd’hui comme un investissement et non plus un coût pour toutes les entreprises, y compris dans la distribution où ce n’était pas forcément le cas il y a encore quelques années. Désormais, le gain de temps et de réactivité est un enjeu pour tous les secteurs. Et nous répondons aux nouvelles demandes, comme l’équipement d’entrepôts automatisés ou culminant à 14 mètres pour pallier la raréfaction du foncier, l’émergence des 'dark stores', des entrepôts miniatures pour la livraison du dernier kilomètre", énumère François Bontemps.
Miser sur l’international
Présente en Allemagne depuis 2013 avec l’acquisition d’une première filiale commerciale, complétée par une seconde opération en 2017, Provost, qui compte une cinquantaine de personnes outre-Rhin, mise sur le premier marché européen pour nourrir sa croissance. "Nous sommes leaders en France mais challenger en Allemagne, où le marché est dominé par de très grands acteurs. Cela nous laisse encore beaucoup de parts de marché à aller chercher. Nous avons déjà de très beaux clients en Allemagne, comme le e-commerçant Zalando avec qui nous avons signé un contrat de 30 millions d’euros vraiment exceptionnel pour une entreprise comme la nôtre, dont la commande moyenne tourne plutôt autour de 5 000 euros. Ce sont des clients que nous sommes aussi susceptibles d’accompagner en France", expose François Bontemps. Provost est commercialement présente, au travers de distributeurs, dans l’ensemble de l’Europe. Et passe en direct dans les zones où elle est implantée : en France bien sûr, en Belgique, où elle compte une douzaine de personnes, en Pologne, en Allemagne et, désormais, au Portugal.
L’ETI mise beaucoup sur l’Europe du Sud pour les années qui viennent. En 2019, l’entreprise a acquis au Portugal un site de production, qui se spécialise pour le moment dans la petite série. "Nous avons acheté notre site portugais pour gagner en réactivité en lui donnant le rôle dévolu, en 2005, à notre usine polonaise : une petite unité, très agile, pour de la petite série. Aujourd’hui, notre activité en Pologne a bien grandi, elle compte 150 personnes en production et 15 en commercial, il nous fallait démarrer ailleurs", détaille François Bontemps. Cette implantation au Portugal va permettre à Provost d’attaquer le marché de l’Europe du Sud, avec des ambitions dans la péninsule ibérique et en Italie.
