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Le dernier fabricant français de papier peint Ugépa réussit grâce à l’export
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Le dernier fabricant français de papier peint Ugépa réussit grâce à l’export

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Basé à Moreuil, dans la Somme, la PME Ugépa est le dernier fabricant français de papier peint. Sa stratégie à l'export, qui représente 74 % de son chiffre d'affaires, couplée à un positionnement haut de gamme, lui permettent de poursuivre son développement.

Basé dans la Somme, la PME Ugépa est le dernier fabricant français de papier peint. Elle réalise 74% de son chiffre d'affaires à l'export — Photo : Lise Verbeke - Le JDE

« Hier, j’étais en Angleterre, aujourd’hui j’ai déjeuné avec des Polonais et cet après-midi je vais à Anvers, en Belgique ». L’agenda de Pascal Siellet, PDG d’Ugépa, le dernier fabricant de papier peint français, se remplit chaque jour de rendez-vous d’affaires internationaux. Installée à Moreuil, dans la Somme, cette PME industrielle de 125 salariés mise sur l’international depuis 20 ans.

Trois quarts des ventes à l'export

Les exportations représentent 74 % du chiffre d’affaires d'Ugépa, qui s’élève, en 2018, à 24 M€. Les Anglais sont les premiers clients de cette entreprise, représentant à eux seuls 42 % des ventes. Malgré un Brexit qui s'annonce compliqué, Pascal Siellet n’est pas inquiet, même s’il garde un œil attentif sur les événements. Les remontées actuelles du cours de la livre sterling ont, au contraire, tendance à le réjouir. Aujourd'hui, les rouleaux de papiers peints de Moreuil tapissent les murs d’une soixantaine de pays, parmi lesquels figurent la France, l’Allemagne, les pays scandinaves, la Pologne, ou encore la Russie et l’Ukraine.

« Le papier peint devient un marché de niche, de créativité et de flexibilité. C’est là-dessus que nous nous positionnons, car nous savons nous adapter à chaque pays. »

C’est à cette ouverture à l’international que l’entreprise doit sa croissance, mais aussi sa survie. Ugépa a été fondée en 1974 par le succursaliste Galeries du papier peint, pour fabriquer les collections imaginées en interne. À la fin des années 1980, à la suite d'une mauvaise gestion financière, le groupe périclite. Ugépa se tourne alors vers l’Angleterre pour survivre.

« Je suis arrivé en 1995 dans ce contexte compliqué », se rappelle Pascal Siellet. « J’avais 26 ans, et pour mission de trouver de nouveaux acheteurs. Les premiers marchés que j’ai ouverts étaient en Belgique, en Scandinavie, en Algérie. Puis, huit mois après ma prise de poste, je suis allé en Chine. » L’usine produit alors du papier peint à façon, pour le groupe Décoralis, à qui il appartient. En 2010, Ugépa prend son indépendance « en pleine crise économique, alors que le papier peint n’était plus une priorité pour les ménages. Il a donc fallu se diversifier », détaille le PDG.

Vers le haut de gamme

Le vrai virage a lieu en 2012, quand l’entreprise lance sa propre marque de papier peint haut de gamme (trompe-l’œil, vinyle, à effet velouté, aluminium…). Dix salariés s'occupent de la création et imaginent de nouvelles matières, couleurs et conçoivent des prototypes dans le laboratoire interne. « Les Allemands sont leaders dans le papier peint, mais le vent tourne, explique Pascal Siellet. Car ce n’est plus une affaire de volumes, d’efficacité de production et de prix bas, cela devient un marché de niche, de créativité et de flexibilité. Et c’est là-dessus que nous nous positionnons, car nous savons nous adapter à chaque pays. »

Si l’entreprise doit faire face à une baisse de commandes en Turquie, à cause de nouvelles taxes de douane, ou en Chine, en raison d’une baisse du pouvoir d’achat, elle se développe sur d’autres marchés. En France d’abord, où Ugépa est en négociation avec des enseignes de bricolage, mais aussi en Inde, qui pourrait devenir, dans quelques années, un marché conséquent. En 2019, l’entrepreneur envisage une croissance de 10 %, et notamment « 10 à 15 % concernant la Grande-Bretagne ».

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