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Le cuisinier des crèches Croc la Vie investit pour mieux rebondir
Lille # Restauration # Investissement

Le cuisinier des crèches Croc la Vie investit pour mieux rebondir

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La PME nordiste Croc la Vie, spécialisée dans la livraison de repas aux crèches, a rallumé ses fourneaux début mai. Mais elle attend toujours une pleine reprise de son activité, liée au retour des enfants dans les structures d'accueil. Un temps de latence utilisé par son dirigeant pour renforcer l'entreprise.

Anthony Beharelle est le dirigeant de Croc la Vie, une PME de restauration collective qui emploie trente salariés près de Lille. — Photo : Croc la Vie

Chez Croc la Vie, les casseroles fument de nouveau, et la vie reprend son cours. Un soulagement pour Anthony Beharelle, le dirigeant de cette PME de 30 salariés qui, dans sa cuisine centrale de Templemars (Nord), prépare chaque jour quelque 3 300 repas bio livrés à 240 crèches des Hauts-de-France et de Belgique. C’était en tout cas le rythme jusqu’à la mi-mars, avant que le confinement ne mette un coup d’arrêt à son activité, entre la fermeture des crèches et la peur de la contamination.

400 000 euros de prêts bancaires

Ses salariés mis au chômage partiel, le dirigeant s’active depuis chez lui pour résilier les contrats qui peuvent l’être, revendre les matières premières périssables et, surtout, monter les dossiers pour obtenir le chômage partiel et un prêt garanti par l'État. Une période éprouvante pour le dirigeant qui, malgré un bon dossier, a dû recourir au médiateur du crédit pour obtenir son prêt. « J’ai finalement pu obtenir un PGE et un prêt rebond, pour un total de 400 000 euros, auprès de deux banques et de Bpifrance. C’est ce qui m’a permis de rouvrir le 11 mai avec une trésorerie saine. C’était indispensable puisqu'une cuisine centrale est un 'gros bateau', nous avons de lourdes charges fixes et un besoin en trésorerie important. »

Anthony Beharelle a donc pu relancer les machines et repartir les soutes bien remplies. Sans ignorer que le gros temps pourrait durer. Mais après avoir traversé une année 2018 « dramatique », au cours de laquelle la perte d’un gros client et des soucis humains en interne ont manqué de peu de le conduire à la faillite, le capitaine s’estime bien amariné. « L’année 2019 a été très dure mais elle nous a permis de redresser la barre et de consolider notre modèle. On sortait enfin la tête de l’eau, et j’avais promis à mes équipes que 2020 serait l’année de l’apaisement », sourit le dirigeant. « Finalement, même si ça a été difficile, j’ai mieux vécu la crise du Covid que l’épisode que j’ai traversé en 2018. Au moins là, je n’étais pas tout seul, avec l’impression que j’allais mourir dans mon coin. On sentait qu’on était tous dans la même galère, et que tout le monde était sur le pont. »

Investir pour protéger l’entreprise

Pas question pour autant de rester assis les bras croisés sur son tas d’or. « La trésorerie va nous permettre de penser à l’avenir et d’accélérer sur des projets qui sont dans les cartons depuis trop longtemps. Il faut qu’on soit à l’abri, pour mieux traverser une future crise. » Outre une réorganisation du travail qui permettrait à l’entreprise de ne pas se confiner à nouveau si la situation se présentait, Anthony Beharelle compte bien investir. Croc la Vie prépare depuis plusieurs années le lancement d’une gamme de petits pots pour bébés. Un projet reporté plusieurs fois, mais qui lui aurait sans doute permis de traverser la crise différemment, en maintenant une activité. Il sera donc lancé dès septembre. Anticipant une perte de clientèle à l’issue de la période, l’entreprise travaille également à renforcer son portefeuille clients.

En parallèle, l’activité reprend peu à peu. Si 160 crèches ont rouvert sur les 240 clientes de l’entreprise, elles ont accueilli d’abord très peu d’enfants. Au 11 mai, Croc la Vie tournait à 25 % de son activité, mais avec 55 % de son personnel, encore au chômage partiel à tour de rôle. L’entreprise perd encore de l’argent sur chaque repas. Depuis début juin, la PME livre 1 800 repas par jour, alors que son seuil de rentabilité est à 2 800. Et Anthony Beharelle n’entrevoit pas un retour à la normale avant au moins septembre. « Désormais, l’objectif est de perdre le moins possible en 2020, pour mieux rebondir en 2021. On rogne sur tout mais la meilleure moitié de l'année est perdue : mars-avril sont nos meilleurs mois, et août et décembre, les pires », calcule le dirigeant, qui a dû se résoudre à geler des recrutements prévus en septembre.

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