La région vent debout pour le canal Seine-Nord
# Transport # Politique économique

La région vent debout pour le canal Seine-Nord

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L'été n'aura pas eu raison de l'indignation provoquée par l'annonce, en juillet, de la "mise en pause" du canal Seine-Nord par le gouvernement. En cette période de rentrée, la contestation s'organise et s'intensifie dans toute la région.
— Photo : Le Journal des Entreprises

Branle-bas de combat dans les Hauts-de-France. De Lille à Péronne en passant par Marquion, conférences de presse et réunions se multiplient en cette rentrée, pour faire entendre que la pilule ne passe toujours pas. Pas question de renoncer au canal Seine-Nord, dont les travaux devaient être lancés en 2018, et qui a finalement été jugé trop coûteux par le nouveau gouvernement. Un argument que les acteurs économiques régionaux, réunis le 14 septembre à la CCI de Région, réfutent, calculs à l'appui, tandis que la Région multiplie les propositions d'arrangement financier.

« L'Etat met en avant une économie de 4,5 milliards d'euros. Cela n'a pas de sens à nos yeux, puisque l'Etat n'est engagé qu'à hauteur d'un milliard d'euros sur le projet, les collectivités locales devant verser la même somme », entame Philippe Hourdain, le président de la CCI Hauts-de-France. Et encore, on est loin du milliard, puisque l'Etat en récupérera une partie grâce à a TVA, aux impôts sur les entreprise et les salaires, et aux charges sociales que vont dégager les emplois créés par le chantier puis par le canal, estimés à 12.000 pour la phase de chantier, et à 50.000 par la suite, sur les plateformes logistiques prévues."

Augmenter la part du fluvial

« Ne pas faire le canal, c'est un mauvais coup pour les Hauts-de-France, pour la région parisienne, et pour l'ensemble du pays », embraye Philippe Enjolras, président de la CCI de l'Oise.« La part du commerce fluvial doit augmenter en France, comme celle du fret ferroviare, pour lutter contre la surcharge routière. La bataille et la mobilisation doivent être fortes, si les travaux ne sont pas engagés en 2018-2019, les fonds européens seront perdus, ils iront au projet de canal Rhin-Danube, et le canal Seine-Nord sera oublié pour des décennies, ce qui serait inadmissible. » « La part du transport fluvial n'est que de 3% en France, contre 15% en Allemagne, 12% en Belgique, ou 43% aux Pays-Bas », pointe Frédéric Motte, le président du Medef régional. « Il nous faut des infrastructures qui profiteront aux ports, et aux hinterlands, pour irriguer tous les territoires, qui sont encore trop nombreux en désespérance ».

6,4 milliards pour les JO, rien pour la région ?

« J'ai été nommé par Xavier Bertrand et par Emmanuel Macron, alors ministre de l'économie, pour revitaliser le territoire » souligne pour sa part Philippe Vasseur, le Haut-commissaire à la revitalisation ... « Et justement, la défense d'un grand projet comme le canal Seine-Nord s'inscrit parfaitement dans cette mission, puisque le canal sera un élément stratégique pour l'ensemble de la région. Je ne vois aucune raison valable de ne pas faire le canal, et si certains espéraient jouer l'enlisement, la détermination de Xavier Bertrand et des présidents des départements montre bau contraire que la volonté est très forte de mener ce combat, jusqu'au bout et au-delà. On est capable de dépenser 6,4 milliards d'euros pour des Jeux Olympiques, on peut bien se permettre de dépenser beaucoup moins pour un équipement structurant pour tout le pays.»

Le privé prêt à mettre la main à la poche

Même son de cloche du côté de François Dutilleul, représentant du Gerif, ou groupement d’entreprises régionales d’intérêt fluvial, qui rassemble depuis 2006 « les futures utilisateurs du canal ». Rabot-Dutilleul, Hiolle, Grimonprez, Ramery ou Eurotunnel suivent de près les dernières convulsions du dossier. « Nous réflechissons depuis plusieurs années aux futures plateformes multimodales qui seront créées le long du canal, nous avons confiance dans le fait que ces plateformes fonctionneront, serviront les entreprises et le territoire. Nous sommes prêts à investir, pour l'aménagement du territoire et le développement économique de la région. »

Blocage des routes

« Cette prétendue "pause" est une hérésie par rapport aux enjeux écologiques et économiques. Nous sommes tous mobilisés contre l'arrêt de ce projet, et nous ne lâcherons rien, tous autant que nous sommes », promet Yvonne Tassou, la présidente de la CGPME, qui se dit prête à "bloquer les routes" si le gouvernement ne fait pas marche arrière.

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