Lille
« La cooptation, c’est une opération gagnant-gagnant pour tout le monde »
Interview Lille # Ressources humaines

Antoine Perruchot dirigeant de Keycoopt « La cooptation, c’est une opération gagnant-gagnant pour tout le monde »

S'abonner

Au travers de sa solution innovante, Keycoopt propose de généraliser le recrutement par la recommandation. Une preuve de confiance mutuelle dans laquelle entreprises et salariés ont tout à gagner. Keycoopt va doubler ses effectifs en 2018 pour atteindre 60 salariés, et s’apprête à lever 5 M€ pour soutenir sa croissance en France et à l’international.

— Photo : Keycoopt

Le Journal des Entreprises : Quelle forme prend votre solution de recommandation ?

Antoine Perruchot : Depuis 2012, nous avons notre propre plate-forme, Keycoopt Talent, et depuis deux ans, nous proposons Keycoopt System, une solution en marque blanche, que les entreprises utilisent en interne, pour permettre à leurs salariés de recommander des gens qu’ils connaissent pour les postes à pourvoir. C’est une méthode qui a fait ses preuves, à tous points de vue, et qui correspond parfaitement à notre époque. Nous vivons à l’ère de la recommandation, grâce aux réseaux sociaux on se recommande des services, des restaurants… pourquoi pas des gens ? Les méthodes de recrutement n’ont pas bougé depuis trente ans, il est temps que ça change ! Le système fonctionne pour toutes les populations, et tous les métiers, du vendeur au bac + 8. Les salariés sont invités à remplir un profil où ils renseignent leur parcours, leur poste, les zones géographiques qui les intéressent. Ils reçoivent ensuite des offres ciblées, pour lesquelles ils peuvent recommander des personnes qui leur semblent correspondre, dans l’entreprise et au-dehors. Ils peuvent aussi choisir de postuler eux-mêmes, notre plate-forme est un très bon outil pour favoriser la mobilité interne.

Mais la cooptation a toujours existé, il y a d’ailleurs souvent des systèmes de primes, dans les entreprises, pour les salariés qui font rentrer leurs connaissances.

A. P. : Oui, ça existe, mais de façon artisanale, à petite échelle. Notre solution permet d’industrialiser le système, et de le fluidifier, en le rendant accessible au plus grand nombre. Le covoiturage existait avant Blablacar, mais on s’organisait avec ses proches, ses voisins. Aujourd’hui, l’échelle est complètement différente, et c’est exactement ce que l’on propose. Notre solution s’adresse à des entreprises qui ont, au minimum, entre 300 et 400 collaborateurs, ou à des structures plus petites, mais qui recrutent massivement. Et plus les entreprises sont grandes, plus les chances de réussite augmentent : quelles sont les probabilités, quand vous avez 5000 salariés, qu’aucun ne connaisse la personne correspondant parfaitement au profil recherché ? Elles sont infimes. C’est vraiment un nouvel océan qui s’ouvre devant les recruteurs, il faut qu’ils apprennent à faire confiance à leurs salariés.

La recommandation, c’est une source de bénéfices tout au long de la chaîne ?

A.P. : Évidemment ! La cooptation, c’est une opération gagnant-gagnant pour tout le monde. Déjà, le salarié se sent valorisé car on lui fait confiance, et le recruté aussi, parce qu’on a pensé à lui pour un poste. Ensuite, les recruteurs sont certains qu’on leur propose des candidats correspondant à leurs attentes en termes de compétences et d’expérience, mais aussi, d’état d’esprit. Il faut partir du principe que les salariés sont ceux qui connaissent le mieux leur entreprise et ses postes, leurs qualités comme leurs défauts. Les gens qui sont recrutés grâce à la cooptation savent donc parfaitement à quoi ils s’engagent, et ils font des salariés plus motivés, plus productifs, qui restent trois fois plus longtemps dans l’entreprise. Enfin, les recrutements par ce biais sont moins coûteux, plus qualitatifs et plus rapides: en général on investit entre 5000 et 15000 € pour recruter un cadre, contre 500 euros via la cooptation. Et encore une fois, le retour sur investissement est énorme, d’un point de vue financier comme humain.

Et toutes les entreprises sont prêtes à s’exposer ainsi ?

A.P. : Le premier blocage, c’est souvent au niveau des RH, qui ont peur qu’on les court-circuite. Mais ils se rendent vite compte qu’ils gardent complètement la main, et que nous leur assurons juste des candidatures mieux qualifiées. Aujourd’hui, les nouvelles méthodes de management sont basées sur la confiance et l’autonomie, des principes qui fonctionnent et qui font que les salariés sont heureux dans leur entreprise, et ont envie de la recommander. Cette confiance accordée, si elle est sincère, est un levier bien plus fort en termes de marque employeur que d’avoir un baby-foot et des machines à pop-corn à tous les étages. Il faut laisser les salariés devenir les ambassadeurs de leur entreprise, ceux qui vont attirer de nouveaux talents, ce sont les mieux placés pour cela. Et c’est d’autant plus important qu’aujourd’hui, le pouvoir est repassé du côté des candidats ! Pour les cadres, on est revenu au plein-emploi, c’est une donnée qui oblige les entreprises à faire des efforts pour convaincre les meilleurs éléments, et les garder.

Lille # Ressources humaines