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La Brasserie 3 Monts veut s'affirmer en France en doublant sa production
Nord # Agroalimentaire # Investissement

La Brasserie 3 Monts veut s'affirmer en France en doublant sa production

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La brasserie 3 Monts fête ses cent ans avec des ambitions plein les poches. Pierre Marchica, dirigeant de cette entreprise familiale, installée à Saint-Sylvestre-Cappel (Nord), veut doubler la production d'ici 2026 et renforcer sa distribution sur le territoire national.

Pierre Marchica dirige la brasserie des 3 Monts depuis 2011. — Photo : ESL, le JDE

Pierre Marchica dirige depuis 2011 la brasserie 3 Monts, située à Saint-Sylvestre-Cappel (Nord). Il représente la quatrième génération à la tête de cette société familiale, qui tire son nom des trois collines qui l’entourent : le Mont Cassel, le Mont des Cats et le Mont des Récollets. En 2019, cette brasserie réalisait un chiffre d’affaires de 12 millions d’euros, avec 25 salariés. Elle enregistre une croissance moyenne de 5 à 10 % par an. Pour fêter ce centenaire et entamer au mieux ce nouveau siècle d’activité, le dirigeant ne manque pas de projets. D’ici 2026, il compte doubler le volume de production de la brasserie, pour atteindre 140 000 hectolitres, contre 78 000 hectolitres en 2019.

En parallèle, Pierre Marchica veut élargir sa distribution en France, en s’appuyant sur les réseaux de cavistes et les restaurateurs. Cette ambition nationale s’inscrit dans la continuité de l’évolution de la brasserie ces cent dernières années, qui n’a cessé d’élargir son territoire : « En 1920, mon grand-père produisait près de 5 000 hectolitres de bière, qu’il distribuait auprès d’estaminets dans des tonneaux en bois, à l’aide d’une charrette tirée par des chevaux. Il n’allait jamais au-delà des trois Monts, qui étaient dangereux à franchir avec ce chargement », raconte-t-il.

10 millions d’euros investis en dix ans

Pour se préparer à ce changement de dimension, le dirigeant a investi 10 millions d’euros ces dix dernières années. Et il prévoit déjà d’investir un million d’euros supplémentaires en 2021, dans une station d’épuration. « Notre dicton, c’est que pour faire un euro de chiffre d’affaires supplémentaire, il faut investir un euro. La brasserie est rentable, nous avons les moyens de le faire », justifie-t-il. Le dernier investissement en date s’élève à 4 millions d’euros : il permettra de doubler, dès ce début d’année, la cadence de la chaîne de conditionnement. Celle-ci va passer de 6 500 à 12 000 bouteilles par heure, avec 7 formats différents, allant de la 33 cl à la 75 cl. En 2015, la brasserie a également investi près de 3 millions d’euros dans une nouvelle salle de brassage, ainsi que 3,5 millions d’euros entre 2014 et 2016 dans les systèmes de filtration et fermentation. « L’objectif n’est pas de se réinventer mais de s’affirmer en France en tant que brasseur flamand », commente Pierre Marchica.

La brasserie 3 Monts produit trois marques de bière, dont la 3 Monts, qui « compte parmi les premières bières de dégustation à avoir été lancée en France en 1984 ». Elle reste aujourd’hui le produit phare de l’entreprise, et représente 75 % de sa production. Les autres marques sont la Du Moulin, une bière de rafraîchissement née dans les années 70 et la Houthakker, lancée en 2019 pour adresser une cible plus jeune et distribuée uniquement dans les cafés et restaurants.

Être plus visible en grande distribution

Près de 80 % du chiffre d’affaires est réalisé en grande distribution et 15 % dans les cafés hôtels-restaurants. Les 5 % restants concernent notamment les magasins bio et l’export (2,5 %). Très présent dans les grandes surfaces, le brasseur estime toutefois ne pas y être suffisamment bien placé. Difficile d’avoir la meilleure visibilité pour ses produits en rayon face aux mastodontes du secteur, comme Heineken ou InBev. « Les grands groupes représentent encore 85 à 90 % des parts du marché français de la bière », souligne le dirigeant. Pour y remédier, il s’est associé à un autre brasseur de la région, la brasserie Duyck (CA 2019 : 15,9 M€), connue pour sa marque Jenlain. « Nous nous connaissons bien, nos grands-pères respectifs ont fait leurs études ensemble », glisse Pierre Marchica. En octobre 2019, les deux entreprises ont créé ensemble la société The Beers Family, qui dispose d’une force de vente de 17 personnes. Celle-ci va travailler à mieux implanter les bières des deux brasseurs en grande surface, sachant qu’elle couvre 40 % des hypermarchés et supermarchés de France.

Un beau potentiel hors du Nord

La brasserie 3 Monts réalise encore la moitié de son chiffre d’affaires au nord de Paris. Si ses ambitions nationales se sont d’abord concrétisées via la grande distribution, l’entreprise veut maintenant accélérer sur le segment des cafés et des restaurants. « Le marché du Nord est mature et le consommateur est zappeur, explique Pierre Marchica, il ne va pas consommer davantage de bière. » À l’occasion de son centenaire, la société nordiste organise donc un tour de France des restaurateurs et cavistes pour présenter les 3 Monts dans quatre grandes villes de France : Paris, Nantes, Montpellier et Lyon. « Le concept de bars-caves se développe fortement en dehors des Hauts-de-France. Et il est très demandeur de bières françaises de qualité », souligne le dirigeant.

Un marché de la bière en pleine ébullition

Pierre Marchica, dirigeant de la brasserie nordiste 3 Monts, constate que le marché français de la bière est « en pleine ébullition ». Après 36 années de recul, ce marché a enregistré une hausse consécutive ces cinq dernières années. En 2018, il pesait 300 millions d’euros et devrait encore bondir de 20 % par an. Cette augmentation de la consommation de bière va de pair avec une recherche de qualité. Ce qui profite surtout aux brasseries artisanales, qui se multiplient sur le sol français, au rythme d’une nouvelle brasserie par jour. « Nous comptons 5 à 7 brasseurs autour de nous, contre 2 dans les années 90 », constate Pierre Marchica.

Le marché est surtout porté par les bières spéciales, en particulier de dégustation, aromatisées ou sans alcool. Le virage des bières de dégustation, la brasserie 3 Monts l’a pris dans les années 80, ce qui a permis sa survie. Avec sa marque Du Moulin, elle n’oublie toutefois pas son ADN, la bière de rafraîchissement. « Une tendance se dessine de nouveau autour des bières de désaltération, qui ne sont toutefois pas les plus rentables », commente Pierre Marchica. Le dirigeant s’intéresse également au sans alcool, qui ne représentait en 2018 que 2 % du marché français contre 10 % des marchés espagnol ou allemand. Et il joue la carte du bio, « qui progresse de 20 à 30 % par an », souligne-t-il. La 3 Monts bio a ainsi vu le jour il y a un an, avec une production de 1 000 hectolitres, qui pourrait rapidement atteindre les 5 000.

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