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Jérémy Gonce (Actrans) : "Il vaut mieux s'unir entre concurrents plutôt que mourir"
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Jérémy Gonce (Actrans) : "Il vaut mieux s'unir entre concurrents plutôt que mourir"

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Dans les Hauts-de-France, dix bureaux d’études et sociétés d’ingénierie industrielle viennent de former une alliance commerciale, à travers Actrans Technologies. Une manière de peser davantage face aux donneurs d’ordres des secteurs ferroviaires, aéronautiques et automobiles. Explications avec Jérémy Gonce, dirigeant d’Elysis Consulting et président d’Actrans.

Jérémy Gonce, dirigeant d’Elysis Consulting et président de l’alliance commerciale Actrans Technologies — Photo : ReportagesEnNord - Vincent-Camus

Qu’est-ce qui a conduit dix bureaux d’études à s’unir dans Actrans Technologies ?

Jérémy Gonce : Nos dix entreprises, des bureaux d’études et sociétés d’ingénierie industrielle, travaillaient parfois entre elles et se côtoyaient via l’Aria (Association régionale de l’industrie automobile) et l’AIF (Association des industries ferroviaires). L’idée de cette alliance commerciale est née il y a un an et demi, quand le constructeur ferroviaire Bombardier Transport, à Crespin (Nord), a annoncé vouloir cesser de travailler en direct avec des petites sociétés comme les nôtres, nous imposant de devenir des sous-traitants de rang 2, et donc de travailler pour des groupes européens qui étaient jusque-là nos concurrents. Nous avons choisi de ne pas nous laisser faire, afin de préserver à la fois l’identité de nos entreprises respectives et l’emploi régional. Nos dix sociétés emploient 700 collaborateurs et représentent un chiffre d’affaires global de 60 millions d’euros.

Une fois la décision actée, a-t-elle été difficile à concrétiser ?

Jérémy Gonce : L’AIF Hauts-de-France avait déjà l’idée à l’époque de lancer un groupement d’entreprises régionales et je connaissais, de mon côté, les différents dirigeants concernés par la décision de Bombardier. J’ai réuni tout le monde pour la première fois en août 2019, afin de discuter. Il y avait alors une quinzaine de dirigeants autour de la table. Mais certains ne s’étaient pas montrés intéressés, sans compter quelques problèmes d’ego. Je reste persuadé qu’il vaut mieux s’unir entre concurrents plutôt que mourir… Actrans est opérationnel depuis juillet 2020, mais a été officialisé en décembre. Si chacune de nos sociétés continue à travailler de son côté avec ses propres clients, cette alliance commerciale nous permet de peser davantage sur les appels d’offres dans le ferroviaire, l’automobile et l’aéronautique. Pour chaque réponse apportée, la société qui a l’expertise la plus adéquate prend le lead. Concernant la rémunération des dix entreprises, nous avons établi un pacte d’associés.

Quelles sont les perspectives offertes par Actrans à ces dix entreprises ?

Jérémy Gonce : Grâce à Actrans, nous continuons à travailler en direct avec Bombardier Transport, qui a très bien accueilli cette initiative. Près de 80 collaborateurs sont désormais mobilisés auprès de cet acteur ferroviaire, soit près de 10 % des effectifs de l’alliance. Toutefois, le rachat de Bombardier Transport par Alstom (producteur de matériel et d’infrastructures ferroviaires, NDLR) présente des risques, car les politiques d’achats vont changer. Notre référencement reste fragile, nous faisons donc beaucoup de lobbying auprès d’Alstom, de la RATP, de la SNCF… Nous organisons aussi des réunions de présentation auprès d’autres donneurs d’ordre de la région, comme Renault, PSA, Toyota, etc. Actrans intervient dans les Hauts-de-France et la région parisienne, mais nous souhaitons aller au-delà. En 2021, si nous maintenons le rythme actuel, Actrans devrait générer un chiffre d’affaires de 8 millions d’euros. Nous espérons également créer 150 emplois de plus dans nos différentes sociétés, dès cette année. La partie n’est pas gagnée, il y a encore beaucoup de travail, mais avec Actrans, nous avons créé de bonnes bases.

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