« Vendre de la bière sur Internet, tout le monde m'a dit que c'était une idée stupide », sourit Julien Lemarchand. « Et c'est vrai que c'est un produit peu cher, lourd et fragile. Bref, a priori pas du tout adapté à la vente en ligne. » Un challenge donc, relevé avec succès par le jeune entrepreneur puisque huit ans plus tard, Interdrinks est toujours là. Et le site de commercialisation de bières sur Internet, à destination des professionnels et des particuliers, ne compte pas moins de 100.000 clients, avec un panier moyen de 80 €. Présentant environ 2.500 références de bières, il attire plus de 10.000 visiteurs par jour. Et, après quelques moments difficiles, notamment en 2012, il peut se targuer d'afficher une croissance de 40 % par an et d'être rentable depuis deux ans, grâce à un chiffre d'affaires de 4 M€ en 2014.
Un atout logistique
Connu et reconnu, il est le plus ancien sur le marché. Une position confortable pour voir arriver et disparaître les sites concurrents, qui ne peuvent pas faire face aux premières difficultés. « Personne ne tient. Tout repose sur les volumes, les prix qu'on peut obtenir pour le transport, ou les emballages. Au début, on ne s'y retrouve pas dans les frais de port, les commandes sont toutes sponsorisées. Il faut accepter de mettre de l'argent sur la table pour créer le volume. »
L'atout d'Interdrinks, c'est sa logistique. « C'est notre force. On a très peu de casse, et des délais d'expédition de plus en plus courts », évalue Julien Lemarchand. Les bières en fûts ou en bouteilles sont expédiées à 95 % sur le territoire français, le reste, en Europe. Seuls 3 % du chiffre d'affaires sont réalisés en vente physique, dans la boutique aménagée dans l'entrepôt du port de Lille. Côté provenance, la Belgique représente 30 % des produits. Plus étonnamment peut-être, une très large part des bières vendues sur Interdrinks vient des États-Unis.
Des raretés prisées
Un levier important dans la stratégie du site, qui met en avant ses nombreuses exclusivités et raretés, notamment américaines. « On croit que les Américains ne savent pas faire de bonne bière, mais c'est faux. La grande tendance qu'on observe en ce moment en France, avec les "craft beers", ces bières artisanales issues de micro-brasseries, elle existe depuis plusieurs années aux États-Unis. » Des bières particulièrement bien notées sur les sites spécialisés, et donc très recherchées des amateurs, qui atterrissent tout naturellement chez Interdrinks. Une excellente vitrine pour le site, qui cherche également à attirer des clients en développant ses propres produits. Comme ce calendrier de l'avent, baptisé « Berry Christmas », qui s'est arraché en décembre dernier. Une expérience qu'Interdrinks veut réitérer avec un coffret « bière et chocolats » pour Pâques. Bientôt sera également disponible à la vente un verre à bière créé spécialement pour le site... Une façon pour le distributeur d'imposer sa propre marque.
Bientôt incontournable ?
Celui qui, il y a quelques années, n'avait qu'une centaine de références à son catalogue est désormais l'interlocuteur privilégié des brasseurs, notamment des plus petits. « Il existe 700 brasseries en France aujourd'hui, contre 200 il y a dix ans », explique Julien Lemarchand. « On enlève une vraie épine du pied des plus petites structures, en leur facilitant le marketing et la vente, qui ne sont pas leur point fort en général. On traite avec des distributeurs étrangers, donc les brasseurs peuvent exporter leur production. Et ça leur donne une réponse toute trouvée pour les gens qui les appellent pour savoir où trouver leurs produits. C'est plus simple pour eux aussi » Reste à rendre automatique, auprès des particuliers, l'achat de bières en ligne. Mais Julien Lemarchand est plus sûr que jamais de son concept. « Internet, c'est l'avenir, ça va devenir de plus en plus naturel d'acheter sa bière sur le net. Aujourd'hui déjà, un parisien peut être livré le lendemain de sa commande. Et on veut encore progresser sur les délais. »
Interdrinks
(Lille)
Pdg : Julien Lemarchand
CA 2014: 4 M€
12 salariés
www.Interdrinks.com
