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Florence Sanson : « Avec Carstudio, Mobivia innove pour rester leader de l'entretien automobile en Europe »
Interview Nord # Automobile # Innovation

Florence Sanson directrice générale de Carstudio Florence Sanson : « Avec Carstudio, Mobivia innove pour rester leader de l'entretien automobile en Europe »

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Salariée du groupe nordiste Mobivia (Norauto, Midas, ATU, etc.) depuis 20 ans, Florence Sanson a pris il y a bientôt deux ans la direction générale de Carstudio, une structure interne dédiée à l’innovation. Celle-ci doit permettre au groupe d’adapter ses services d’entretien automobile aux véhicules du futur.

Florence Sanson est la directrice générale de Carstudio, la structure innovation du groupe Mobivia — Photo : Groupe Mobivia

Pourquoi avoir créé en interne une structure dédiée à l’innovation ?

Florence Sanson : Nous avons toujours innové au sein du groupe Mobivia, mais nous avons pris conscience que les choses accélèrent autour de la technologie, comme des usages. Dès 2010, nous avons constaté une véritable rupture : les consommateurs sont à la recherche de nouvelles mobilités. Sur l’entretien de véhicules, nous avons compris qu’il faut transformer et accélérer les process. Il y a également d’importants enjeux technologiques dans notre secteur : en 2030, 40 % de la valeur d’un véhicule sera liée à ses composants électroniques. Carstudio est une manière de répondre à tous ces phénomènes. Le groupe Mobivia est leader de l’entretien automobile en Europe (avec ses réseaux Norauto ou Midas, il a réalisé 3,2 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2018, NDLR) ; l’innovation doit lui permettre de se transformer, afin de maintenir cette position. Nous aurions pu aborder l’innovation uniquement avec des acteurs externes, mais le fait d’avoir créé notre propre structure permet d’acculturer nos collaborateurs.

Quel est le fonctionnement de Carstudio ?

F. S. : Nous avons choisi de travailler sur l’innovation à 360 degrés. Alors que beaucoup de dispositifs autour de l’innovation se spécialisent dans un domaine, nous faisons à la fois de l’incubation de projets internes ou externes, de l’investissement au capital de start-up, des partenariats commerciaux et de la R & D (budget annuel non communiqué, NDLR). Carstudio compte une douzaine de collaborateurs à plein temps, mais c’est une structure qui concerne chaque salarié du groupe Mobivia. Avec plus de 21 000 collaborateurs, nous avons beaucoup de ressources et c’est dans notre intérêt de les voir s’impliquer dans l’innovation.

Combien de projets avez-vous déjà incubés ?

F. S. : Nous venons de lancer notre troisième appel à projets, à l’international. Bien entendu, les sujets qui nous intéressent se situent dans la sphère de l’autotech. Les candidats ont jusqu’au 15 décembre pour postuler et nous arrêterons la sélection le 16 janvier. L’incubation démarrera ensuite le 3 février : durant 90 jours, nous allons accompagner les porteurs de projet retenus jusqu’à un POC (preuve de concept, NDLR), c’est-à-dire une expérimentation de leur projet dans la vraie vie. Notre premier programme d’incubation a concerné des acteurs externes à Mobivia, quatre start-up, dont Boarding Ring, qui a développé des lunettes contre le man des transports. Pour le deuxième, nous avons travaillé avec cinq porteurs de projets en interne.

Pour cette troisième édition, nous avons choisi de mélanger ces deux publics, avec quatre projets internes et quatre autres externes. Ces derniers peuvent être portés par des start-up, mais aussi des collaborateurs d’une autre entreprise, une ETI par exemple. Cela nous semble intéressant de mélanger l’interne et l’externe dans la mesure où les start-up apportent une nouvelle façon de travailler et les collaborateurs connaissent bien notre métier. D’ailleurs, les projets proposés en interne portent surtout sur les services aux clients, la facilitation de leur parcours, etc. Une fois cette période de 90 jours achevée, nous continuons à suivre l’activité des porteurs de projet, en animant un réseau d’anciens incubés.

Vous investissez également au capital de start-up… Celles que vous incubez ?

F. S. : Pas forcément. Cela peut arriver, comme dans le cas de Transition-One, une start-up basée à Orléans et qui est passée par notre incubateur. Elle propose la conversion de véhicules thermiques en véhicules électriques. Il y a aussi Carfit, qui analyse les vibrations de la voiture grâce à un capteur connecté, pour prévoir la maintenance des pneus, freins, amortisseurs ou roues. Au total, nous sommes au capital de sept start-up, toujours de manière minoritaire et sur le long terme. À la différence de fonds, nous ne prévoyons pas de quitter le capital après quelques années. Outre la contribution financière, nous voulons leur apporter des synergies : nous disposons d’experts métiers, d’un service de R & D, de 2 070 points de vente qui sont autant de champs d’expérimentation… L’idée est de faire entrer Carstudio au capital de trois à quatre start-up maximum chaque année, pour favoriser un accompagnement de qualité.

Et du côté des partenariats ?

F. S. : Quand nous lançons un appel à projets, nous recevons beaucoup de dossiers. Pour cette troisième édition, nous espérons en recevoir une centaine. Toutes les candidatures ne peuvent pas faire l’objet d’une incubation ou d’une entrée au capital. Alors, si une idée nous interpelle, nous nouons un partenariat commercial. Cela permet de tester toute solution intéressante qui arrive. Carstudio a aussi vocation à relayer toutes les initiatives locales de ce genre aux différents pays dans lesquels nous sommes, pour dupliquer les expérimentations qui s’y prêtent. Cet afflux de candidatures et ces partenariats nous permettent de dégager des tendances sur les sujets autotech. Certains convergent en interne et en externe, d’autres au niveau de la géographie. Carstudio est donc aussi un outil de veille, qui nous fait prendre de la hauteur sur ce qui se passe et à quel endroit. Quand une bonne idée arrive, cela permet de savoir si quelqu’un l’a déjà eue ailleurs et si une solution émerge quelque part.

Quels types d’innovation vous intéressent ?

F. S. : Nous nous intéressons à ce qui permet soit d’améliorer le savoir-faire existant, soit de préparer le futur. Pour l’existant, il s’agit d’augmenter la productivité, pour donner le temps à nos collaborateurs de se former sur les enjeux d’avenir. Dans ce cadre, nous développons par exemple de l’outillage sous brevet, comme un pied à coulisse connecté qui, en passant à travers la jante, permet au technicien de mesurer les disques ou les plaquettes de frein. C’est une manière d’évaluer leur usure sans avoir à démonter la roue. Et pour préparer le futur, nous sommes en veille sur ce qui arrive dans les véhicules. Nous devons construire les outils de demain qui vont nous permettre d’entretenir ces logiciels à quatre roues que deviennent les voitures.

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