Eurovanille : De la génétique dans les leviers de croissance
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Eurovanille : De la génétique dans les leviers de croissance

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Eurovanille, qui détient plus 5 % du marché mondial de la vanille préparée, vient de lever 4,5 millions d'euros. L'entreprise montreuilloise investit aussi dans la recherche génétique.

— Photo : Eurovanille

Avec plus de 5 % du marché mondial de la vanille préparée dans son portefeuille, la PME Eurovanille est un acteur de poids. Basée à Gouy-Saint-André, dans le Pas-de-Calais, l'entreprise qui transforme de la vanille naturelle vient de lever 4,5 M?. Objectif de l'opération : renforcer ses équipes internationales et se donner les moyens de réaliser des acquisitions. Transformatrice de vanille, la société commercialise également de la vanille naturelle sous forme de liquides, de gousses ou de poudres naturelles pour une clientèle de restaurateurs, pâtissiers, artisans glaciers, mais aussi industriels, grossistes et acteurs de la grande distribution. Elle comptabilise un chiffre d'affaires 2015 de plus de 19 M€ pour un résultat net de 617.600 €, et 73 salariés. Soit une croissance annuelle de 10 % par an, ces cinq dernières années. Le chiffre d'affaires 2013 atteignait les 13,2 M€, réalisés dans 73 pays (32 % en France et 68 % à l'export).

Tourné vers l'export
Largement tournées vers l'export, les activités d'Eurovanille ont d'ailleurs fait l'objet d'une distinction à l'édition 2015 des trophées Leadexport. Ainsi, dans la catégorie " Dream team ", c'est le dynamisme à l'export de son équipe commerciale qui a été distingué. Une valeur sur laquelle le dirigeant, Laurent Bourgois, sait miser. « Notre force commerciale est notre atout. La dernière levée de fonds servira à financer des acquisitions et à développer de nouveaux produits et technologies concernant l'extraction et le broyage de gousses. Ce sont des projets de développement interne qui, pour le moment, restent confidentiels », précise la direction qui, en pleine réflexion encore, ne se refuse aucune opportunité.

Doubler les volumes à l'international
« Tout n'est pas encore arrêté, et pour ce qui l'est déjà il est encore trop tôt pour en parler. Nous pouvons croître aussi bien en amont - auprès de fournisseurs ou en production dans des pays comme la Malaisie, l'Inde, la Papouasie, la Nouvelle-Guinée ou encore Madagascar - qu'en aval : en rachetant un concurrent, par exemple, mais qui ne serait pas dans le négoce. Plutôt des profils industriels, comme nous, sur le marché américain ou européen. On a des pistes, bien sûr, mais rien de communicable pour le moment », avoue le président d'Eurovanille, Laurent Bourgois.
L'entreprise de Gouy-Saint-André n'en est pas à sa première levée de fonds, elle a déjà levé 1 M€ en 2014, pour doubler à l'international. L'opération avait été conclue auprès d'Audacia, la société de capital développement de Charles Beigbeder. Eurovanille avait emprunté, à l'époque, la même somme à Bpifrance. Son dirigeant évoquait déjà son ambition de doubler sa présence sur le marché international, « pour passer de 5-7 % à 10-15 % de part de marché de la vanille mondiale préparée, d'ici à cinq ans, soit environ 200 à 210 tonnes par an ». Eurovanille qui s'approvisionne essentiellement à Madagascar, s'est doté ces dernières années de ses propres implantations à l'Ile Maurice et en Inde.



Investir dans la recherche
Parmi les canaux de croissance, l'entreprise fait également la part belle à la R&D. Eurovanille a pris part à un projet de recherche chargé de décrypter le génome d'une espèce de vanille, la Vanilla planifolia. En association avec un consortium d'établissements publics (CIRAD, Université de la Réunion, Établissements Vanille de Tahiti, INRA, Université Paris Sud et CNRS) et la société V. Mane Fils (ndlr : classé au 7e rang mondial, le fabricant d'arômes et de parfums Mane, installé à Grasse, compte 3.500 salariés dans le monde), la PME s'est inscrite dans une « recherche fondamentale qui a pour vocation première d'améliorer nos connaissances sur la vanille. Elles nous permettront à terme de comprendre la fonction des gènes. Il sera possible d'imaginer la sélection de variétés avec des rendements intéressants et des propriétés organoleptiques (ndlr : caractéristiques d'un aliment perçues par les organes des sens) par exemple. Les résultats du décryptage du génome seront disponibles pour tous les scientifiques et les retombées de ces découvertes ne seront pas exclusives à Eurovanille mais profiteront à l'ensemble du marché mondial », précise Mélanie Legris, responsable commerciale & marketing. Avec un budget recherche d'un minimum de 300.000 € par an, Eurovanille s'attelle également à un second projet : l'entreprise travaille actuellement sur ses plantations de l'Ile Maurice, à une sélection de plans résistants au Fusarium (ndlr : un champignon qui endommage énormément les plantations, notamment à Madagascar). « Ces deux projets de recherche auront des effets majeurs sur la croissance de notre société », fait savoir Mélanie Legris. Ce à quoi la direction ajoute : « La volonté première d'Eurovanille est de sécuriser les planteurs sur du long terme et professionnaliser les approvisionnements de la filière vanille pour ses clients à travers le monde. Composé essentiellement de petits producteurs, le marché de la vanille est en souffrance. Nous devons nous organiser pour y répondre ».


Supply chain
La croissance de l'entreprise passe aussi par une réorganisation de certains services. « En juillet, nous avons créé un nouveau département : une supply chain composée de 5 personnes détachées d'autres services. Pour les remplacer, de nouveaux postes vont être créés en production, mais aussi dans le service qualité ou parmi les commerciaux », explique Laurent Bourgois. « La mise en place d'une supply chain a pour seul objectif d'améliorer le service client compte tenu de la croissance d'activité et de la création de nouveaux produits. Elle est associée à un projet d'industrialisation du service production et à la mise en place d'un système d'amélioration continue », ajoute Mélanie Legris. Le dirigeant s'engage, par ailleurs, à investir chaque année une enveloppe de plus ou moins 300.000 € dans l'optimisation et le renouvellement du matériel de production. Parmi les projets 2016-2017, il évoque aussi le doublement de la surface de stockage avec 1.500 m² supplémentaires à louer auprès de son prestataire, ce qui porte la surface totale, production comprise, à 6.000 m².

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