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Dunkerque veut s'imposer comme laboratoire de l'innovation energétique
Dunkerque # Production et distribution d'énergie # Collectivités territoriales

Dunkerque veut s'imposer comme laboratoire de l'innovation energétique

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La vingt-deuxième édition des Asssises Européennes de la transition énergétique, prévues à Dunkerque, se tiendront à partir du 12 janvier dans une version 100 % en ligne. L'occasion d'un tour d'horizon des nombreuses initiatives en matière d'innovation énergétique en cours sur le territoire.

Photo : NHD-INFO - CC 2.0 Pixabay

De l’expérimentation à la mise en œuvre, le territoire de Dunkerque est passé par tous les stades en matière d’innovation énergétique ces dernières années. En effet, "ce n’est pas un hasard", comme le souligne Jean-François Montagne, vice-président de la Communauté Urbaine de Dunkerque en charge de la Transition écologique et de la Résilience, si les Assises Européennes de la Transition énergétique ont fait leur nid à Dunkerque. "Historiquement, on trouve dans le Dunkerquois les plus gros industriels producteurs et consommateurs d’énergie, sans parler d’une des plus grandes centrales nucléaires d’Europe, à Gravelines, et le point d’entrée du gaz norvégien en France, via le gazoduc. C’est tout naturel que les questions d’énergie pèsent particulièrement ici." Tout comme les questions de transition écologique, sur un territoire où la pollution de l’air est un problème récurrent.

Une politique publique volontariste

Au carrefour de l’Europe et des énergies, Dunkerque mise depuis de nombreuses années sur l’innovation et le renouvelable, au travers de plusieurs initiatives, largement pilotées et accompagnées par les pouvoirs publics. Labellisé "territoire d’innovation" par le gouvernement en septembre 2019, le Dunkerquois va ainsi recevoir 37,5 millions d’euros de subventions qui, par effet de levier, devraient débloquer 288 millions d’euros d’investissements sur dix ans. Une cinquantaine de projets innovants autour de la transition énergétique vont en bénéficier. Mais le territoire n’a pas attendu 2019 pour faire preuve d’innovation sur les questions d’énergie.

Depuis les années 1980 et le succès du premier réseau de chaleur du Dunkerquois qui utilisait les calories produites par les industries sidérurgiques du territoire pour chauffer l’équivalent de 16 000 logements, une collaboration étroite entre les collectivités locales et des grandes entreprises du territoire est à l’œuvre. Inauguré en septembre 2020, un second réseau de chaleur, à Grande-Synthe, utilisant lui aussi la chaleur fatale du site d’ArcelorMittal, permet de chauffer et alimenter en eau chaude les 3 000 logements d’un lotissement.

"95 % de la chaleur circulant dans le réseau est issue de récupération depuis le site d’ArcelorMittal. C’est un dispositif coûteux et complexe à mettre en œuvre. Mais sa compétitivité ne fait aucun doute sur le long terme, surtout dans la perspective d’une hausse des tarifs du gaz naturel", assure Jean-François Montagne. "Ce que ce genre d’initiative met en avant, c’est la volonté forte des industriels du territoire d’agir en la matière. Tout cela prend du temps évidemment, ce sont des processus et des investissements lourds, mais les pas sont faits les uns après les autres et il n’y aura pas de retour en arrière."

Cap sur l’hydrogène "vert"

Le Dunkerquois se veut également à la pointe sur le sujet de l’hydrogène "vert", produit par électrolyse de l’eau. Depuis 2017, le démonstrateur GRHYD, porté par Engie et GRDF, a fait la preuve de la viabilité du procédé. L’installation, qui permet de créer de l’hydrogène à partir d’électricité "verte", et donc d’exploiter et stocker les surproductions éoliennes sous forme de gaz, alimentait déjà un lotissement en hydrogène, injecté au sein du réseau de gaz naturel. Cette première expérimentation grandeur nature, menée entre 2018 et 2020, ayant abouti favorablement, une nouvelle étape va être franchie, à l’échelle d’un quartier, alimenté à 100 % en hydrogène.

De quoi créer, d’une part, une certaine émulation sur le territoire : H2V, entreprise parisienne spécialisée dans la production d’hydrogène "vert", entend installer deux centrales à Loon-Plage pour un investissement avoisinant les 250 millions d’euros. Conditionné aux résultats des différentes enquêtes publiques en cours, le lancement des travaux est prévu pour 2022.

De quoi aussi, apporter de l’eau au moulin des défenseurs du projet du parc éolien offshore qui devrait voir le jour entre 2025 et 2027 au large de Dunkerque. Ce projet, estimé à 1,4 milliard d’euros, prévoit l’implantation de 46 éoliennes, susceptibles de répondre aux besoins de 950 000 habitants, "soit plus du tiers de la population du département du Nord", précise un communiqué d’EMD, le groupement d’entreprises mené par EDF Renouvelables qui a remporté l’appel d’offres en 2019. La transformation des surplus d’énergie produits en hydrogène, susceptible d’alimenter logements et véhicules, offrirait un débouché supplémentaire au parc éolien, assez controversé.

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