Trois ordinateurs, et le soulagement de n’avoir perdu aucun salarié dans le désastre. C’est tout ce qu’il restait à Freddy et Sandrine Braure au soir du 20 mai 2020 après qu’un incendie a réduit en cendres, "en moins de 50 minutes", les 5 400 m² de leur usine de Feuchy (Pas-de-Calais). Soit l’héritage de 40 ans du travail de leurs parents, qui ont fondé l’entreprise Porketto en 1974.
Près de 300 jours plus tard, une usine toute neuve a vu le jour sur l’Artoipôle à Wancourt, toujours près d’Arras. Avec cette installation, le spécialiste de la viande de porcelet voit sa surface disponible passer à 7 900 m². Et se prépare à tripler sa capacité de production.
"À Wancourt, nous aurons désormais une capacité d’abattage de 500 000 porcelets par an, et une capacité de découpe de 3 000 tonnes par an. Nous aurons également un atelier de cuisson d’une capacité de 10 000 tonnes par an," détaille Freddy Braure, le directeur général de la PME de 48 salariés.
Retrouver le chemin de l’export
Fruit d’un investissement de 21 millions d’euros, ce nouvel outil va permettre à Porketto de reprendre pleinement son activité, hébergée depuis l’incendie sur des sites temporaires, sous-dimensionnés. Ses porcelets, vendus à la découpe ou entiers, sont destinés à une clientèle de chaînes de restauration (19 % du chiffre d'affaires), de grossistes en boucherie-charcuterie (18 % du CA), de freezer centers (10 % du CA), transformateurs (10 %), grandes surfaces (8 %), et grossistes pour les restaurateurs (7 %). L’export représente à lui seul 35 % du chiffre d’affaires de Porketto, présent dans 35 pays, jusqu’en Australie.
Mais l’incendie laisse des traces. "Dans l’agro-alimentaire, quand on perd un site, on perd les agréments qui vont avec et on met du temps à les retrouver. Heureusement, l’agrément pour la vente en France ouvre automatiquement les autres pays de l’Union Européenne, et facilite les démarches pour d’autres marchés. En revanche, nous avions un agrément pour la Chine, qui est particulièrement long à obtenir. Nous sommes en train d’y travailler pour le nouveau site", détaille Freddy Braure.
Porketto, qui réalisait 11,5 millions d’euros de chiffre d’affaires avant l’incendie, a vu son chiffre chuter à 7 millions d’euros juste après. Les dirigeants tablent sur un retour à la croissance pour 2022, avec un chiffre d’affaires prévu à 13 millions d’euros, et en augmentation sur les années à venir.
De nouvelles activités
C’est que le nouveau site va permettre à Porketto de développer de nouvelles activités. Au-delà de sa spécialité de viande de porcelet, Porketto s’apprête en effet à élargir sa gamme. Avec Cooketto, la PME va proposer à la vente des produits déjà cuits, du porcelet mais aussi du boeuf et de la volaille, et en particulier des effilochés de viande, alternative tendance au traditionnel steak haché. "C’est un produit pour le lequel le marché est énorme. Nos clients aujourd’hui s’appellent Flunch ou Hippopotamus. Ils pourraient, demain, s’appeler McDonald’s", appuie Freddy Braure.
Enfin, Porketto développe une nouvelle filiale, Freshopp, qui va prochainement lancer une application anti-gaspillage permettant aux particuliers de récupérer facilement les surplus de divers industriels de l’agroalimentaire.
