Lille
Dagoma prend un nouveau départ sur le marché professionnel
Lille # Banque # Levée de fonds

Dagoma prend un nouveau départ sur le marché professionnel

S'abonner

Reprise à l'issue d'une liquidation judiciaire par un de ses fondateurs aux côtés d'un nouvel associé, Dagoma entame une nouvelle vie. Le fabricant d'imprimantes 3D, basé à Roubaix (Nord), compte poursuivre son développement auprès des particuliers, tout en s'ouvrant au marché des professionnels et en misant sur les services.

Basée à Roubaix, Dagoma va continuer de fabriquer des imprimantes 3D pour les particuliers, tout en se lançant sur le marché des professionnels — Photo : Dagoma

Dagoma, c’est l’histoire d’un succès fulgurant, suivi d’une descente aux enfers. Fondée en 2014 à Roubaix par deux ingénieurs, Matthieu Régnier et Gauthier Vignon, l’entreprise fabrique des imprimantes 3D à destination des particuliers. Dès le démarrage, cette start-up mise sur une idée qui fera son succès : disposer d’un parc d’imprimantes 3D pour produire ses propres imprimantes, vendues montées ou en kit. À l’époque, ses prix défient la concurrence sur un marché de l’impression 3D en plein essor, notamment du côté du grand public.

Après avoir réalisé une levée de fonds de 3 millions d’euros en 2016, l’entreprise atteint, dès 2017, un chiffre d’affaires de 3,1 millions d’euros, avec 50 salariés. Forte de ce succès, Dagoma ouvre un bureau à Bordeaux et se lance même à la conquête du marché américain. Mais les années qui suivent ne prennent pas la tournure espérée.

Un différend entre actionnaires

Après des débuts prometteurs, la jeune entreprise se heurte à un marché des particuliers moins mature que prévu. "Le marché du grand public s’est stabilisé et a été fortement marqué par une concurrence asiatique tirant la qualité, l’accompagnement et les prix vers le bas", commentent alors les dirigeants fondateurs. Dès 2018, Dagoma est contrainte de s’engager dans un plan de transformation. Ne réalisant pas la croissance rentable attendue, l’industriel recentre ses activités à Roubaix, loin de ses rêves californiens, et propose un plan de départs volontaires à ses salariés, pour réduire les effectifs de moitié.

À cette première difficulté s’ajoute un différend avec l’un des actionnaires, qui vient grever le retournement de l’entreprise. Cette situation l’empêche de réunir des fonds pour les achats et la R&D nécessaires au lancement d’une imprimante à destination des professionnels. "Le capital est bloqué et ne permet pas de chercher des options de financement pérenne. À terme, cela met l’entreprise en péril. C’est pourquoi, suite à la procédure de sauvegarde, Dagoma vient de passer en procédure de redressement judiciaire en vue d’une cession à de nouveaux actionnaires", annoncent Matthieu Régnier et Gauthier Vignon en mars 2020.

Vers le marché des professionnels

Après quelques mois d’incertitudes, Dagoma prend cette année un nouveau départ. En décembre 2020, le tribunal de commerce de Lille a validé l’offre de reprise présentée par l’un de ses dirigeants fondateurs, Matthieu Régnier, qui s’est associé dans cette aventure à Mathieu Beseme. Âgé de 40 ans, le nouveau directeur général de Dagoma gérait auparavant une entreprise de conseil en gestion de la relation client, marketing et data management. De son côté, Gauthier Vignon se désengage pour des raisons personnelles mais continue de suivre l’aventure.

Cette fois, Dagoma peut bel et bien se tourner vers le marché des professionnels, tout en poursuivant son développement auprès des particuliers. Une imprimante dédiée à ce nouveau marché est déjà prête : "Nous allons la tester durant six mois avant de la commercialiser, afin de bien comprendre les usages des professionnels", annonce Mathieu Beseme. Les imprimantes proposées aux professionnels s’inscriront dans une gamme de prix allant de 5 000 à 10 000 euros. À terme, l’entreprise espère réaliser "60 à 70 % de son chiffre d’affaires avec une clientèle de professionnels", indique le directeur général.

Pour se démarquer de la concurrence chinoise, Dagoma compte sur : "la qualité, la souplesse et le SAV". L’entreprise mise aussi sur les services, comme la formation, la location d’imprimantes 3D et le pilotage à distance. Dans le cadre de ce nouveau départ, Dagoma finalise une levée de fonds d’un million d’euros auprès de business angels. "Il y aura sans doute une deuxième levée d’ici deux à trois ans", annonce Mathieu Beseme. En attendant, les deux dirigeants restent prudents et prévoient de réaliser en 2021 un chiffre d’affaires de 2 millions d’euros, soit l’équivalent de celui réalisé en 2020.

"La crise sanitaire a plutôt été favorable à l’activité, commente Mathieu Beseme. Le parc machines a été mis à disposition des hôpitaux pour la réalisation de visières de protection. Cela a changé le regard des professionnels sur l’impression 3D et nous avons eu de nouvelles commandes, ce qui a permis à Dagoma de terminer l’année 2020 en étant rentable ", explique le directeur général. Selon lui, l’entreprise pourrait afficher d’ici deux ou trois ans un chiffre d’affaires de 5 à 6 millions d’euros. Comptant pour le moment 15 salariés, Dagoma recrute : "nous devrions atteindre 25 à 30 collaborateurs à la fin de l’année et en recruter une quinzaine de plus d’ici deux ans et demi".

Lille # Banque # Industrie # Levée de fonds # Reprise