Coronavirus : Les producteurs de pommes de terre à la peine face à la baisse de la demande
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Coronavirus : Les producteurs de pommes de terre à la peine face à la baisse de la demande

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Les agriculteurs des Hauts-de-France, qui produisent 60 % des pommes de terre françaises, notamment celles destinées à l’agro-industrie, sont confrontés à une forte baisse de la demande. Les surplus, invendables, restent sur les bras des producteurs, qui cherchent de l’aide pour s’en débarrasser.

— Photo : CC0 Creative Commons

Première région productrice de pommes de terre en France, les Hauts-de-France sont en première ligne face à une chute drastique de la demande. En cause, la fermeture des restaurants, bars, ainsi que des cantines scolaires et d’entreprises pendant le confinement, qui a entraîné un effondrement de la demande en frites surgelées. « 70 % de la consommation de frites en France se fait hors domicile aujourd’hui, sachant qu’à peine un foyer sur deux possède une friteuse », détaille Bertrand Achte, le président du Gappi, le Groupement d’agriculteurs producteurs de pommes de terre pour l’industrie, qui rassemble 900 agriculteurs, fournisseurs des trois usines McCain françaises, dont deux sont dans la région.

Justement, ces unités de production, les seules en France d’où sortent des frites surgelées, distribuées dans les chaînes de fast-food, mais aussi en restauration traditionnelle et collective, ont été mises à l’arrêt quasi complet pendant le confinement. Si la campagne de production va être un peu rallongée pour rattraper le retard, et assurer la transformation de l’ensemble des pommes de terre contractualisées, avant récolte, par le géant de la frite, les surplus restent sur les bras des agriculteurs, alerte le Gappi.

« En principe, McCain nous achète 950 000 tonnes de pommes de terre françaises chaque année. En 2020, ils en auront acheté 100 000 tonnes de moins ! On a environ 250 producteurs, parmi nos adhérents, qui se retrouvent avec 200 à 300 tonnes de pommes de terre dans leurs entrepôts, invendables. On ne peut même pas dire que les cours se sont effondrés, il n’y a plus de cours, ça vaut zéro ! Et c’est pareil pour nos confrères qui vendent habituellement leur production en Belgique, ou même aux Pays-Bas, tout le marché européen est à l’arrêt. »

30 000 à 40 000 euros de perte

Les producteurs concernés, qui vendent habituellement ces surplus, sur le marché libre, entre 150 et 200 euros la tonne, font donc face à 30 000 à 40 000 euros de perte sèche. Et doivent gérer, seuls pour le moment, les monceaux de pommes de terre qui encombrent leurs entrepôts, habituellement vides à cette période, mais qu’il faut continuer à ventiler pour empêcher le pourrissement des produits. Des stocks indésirables dont il va bien falloir se débarrasser avant de rentrer la nouvelle récolte, qui débute en août.

« Hormis le don à des associations, ou la vente directe aux particuliers, qui ne permettront jamais d’écouler tous les stocks, il y a peu d’options pour ces agriculteurs, et toutes sont à perte. Ils peuvent par exemple vendre leurs pommes de terre pour l’alimentation animale, ou pour des unités de méthanisation, mais le transport va coûter plus cher que le produit. Nous demandons un accompagnement des pouvoirs publics, au niveau français ou européen, pour aider les agriculteurs à financer l’enlèvement des pommes de terre, et éviter qu’ils ne recourent à l’épandage dans les champs, qui pose des problèmes sanitaires. » Le Gappi demande une aide exceptionnelle de 35 millions d’euros pour les agriculteurs concernés, sur le modèle de l’État néerlandais, qui selon Bertrand Achte a déjà débloqué 50 millions d’euros pour aider les agriculteurs du pays à passer la crise.

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