Au fur et à mesure que le confinement se prolonge, les points de tension dans l’approvisionnement des ménages se déplacent. Du rayon papier toilette à celui des pâtes, ils passent désormais à celui des œufs. Ces derniers sont de plus en plus difficiles à trouver, les supermarchés voyant l’équivalent de la consommation de plusieurs jours, partir en quelques heures. En début de chaîne, les commandes affluent chez les producteurs, qui s’organisent pour suivre.
« Depuis quelques années, la consommation d’œufs augmente régulièrement en France. Mais avec le confinement, on enregistre une hausse de 30 à 40 % de la demande, et nous avons fait un mois de mars comme je n’en avais jamais vu », témoigne Pascal Lemaire, le PDG du groupe arrageois Cocorette (130 M€, 240 salariés), qui produit en moyenne 800 millions d’œufs par an, collectés chez ses 700 éleveurs partenaires.
Protéines pas chères et pâtisserie
La demande est portée par différents facteurs, analyse le dirigeant. « Les œufs sont la protéine la moins chère, et en cette période où tout le monde ne touche pas un salaire plein, les consommateurs se tournent naturellement vers eux. Avec le confinement, c’est aussi une valeur sûre : ils se conservent jusqu’à 28 jours, ils permettent de manger sainement et rapidement. Et en ce moment, les gens font beaucoup de cuisine et de pâtisserie, pour s’occuper et occuper leurs enfants… ils en consomment plus et font des stocks, ce qui amène cette impression de rayons dévalisés, et crée un cercle vicieux puisque les acheteurs se ruent sur les œufs dès qu’ils en voient, par peur de manquer. Mais dans les faits, il n’y a pas de risque de pénurie, les poules continuent de pondre, tout va bien ! »
Rachat de stocks
Actuellement, Cocorette peine à honorer toutes les commandes des distributeurs, qui réclament des réapprovisionnements en quasi-permanence. Mais la demande devrait se lisser, estime Pascal Lemaire, qui n’hésite pas à prêter lui-même main-forte sur les chaînes de conditionnement. Le groupe tourne a plein, et a dû embaucher des intérimaires pour remplacer certains salariés, confinés chez eux avec leurs enfants. Heureusement, les œufs ne manquent pas sur le marché : Cocorette multiplie ses sources d’approvisionnement, en rachetant notamment des stocks d’œufs destinés à la restauration collective, à l’heure où toutes les cantines sont fermées. Enfin, rappelle Pascal Lemaire, avec le printemps qui arrive, les poules vont se mettre à pondre davantage !