Lille
Cooptalis : « La levée de fonds de 20 millions d'euros, une étape pour accélérer notre déploiement »
Interview Lille # Ressources humaines

Olivier Desurmont président de Cooptalis Cooptalis : « La levée de fonds de 20 millions d'euros, une étape pour accélérer notre déploiement »

S'abonner

Né il y a seulement cinq ans, le cabinet de recrutement lillois Cooptalis s'est spécialisé dans la mobilité internationale. Un positionnement atypique qui fait le succès de cette jeune société, qui vient de lever 20 M€ pour accélérer encore son développement. Olivier Desurmont, 43 ans, fondateur et président, revient sur la manière dont il gère cette croissance rapide.

Âgé de 43 ans, Olivier Desurmont a fondé la société Cooptalis il y a cinq ans. Il a pour ambition d'atteindre 100 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2020 — Photo : Cooptalis

Née il y a cinq ans, Cooptalis compte 500 collaborateurs et va réaliser cette année un chiffre d’affaires de 25 M€ : comment expliquez-vous ce succès fulgurant ?

Olivier Desurmont : La mobilité est un marché en plein boom. Lorsque j’étais en école de commerce par exemple, seuls 10 à 15 % des étudiants partaient à l’international. Aujourd’hui, c’est devenu un passage obligé. Du côté des entreprises, les problèmes de recrutement sont légion, face à une pénurie de talents. La solution est d’aller les chercher à l’étranger, là où des personnes qualifiées ne parviennent pas à trouver de travail. Avant la création de Cooptalis, on sentait un besoin et nous avons imaginé une réponse à apporter… L’idée est de gérer à la fois le sourcing des talents et toutes les problématiques liées à leur mobilité.

Vous vous attendiez donc à une croissance très rapide ?

O. D. : Je n’irais pas jusque-là. Quand j’avais 27 ans, j’ai créé une entreprise de nettoyage de voitures sans eau, Sineo, qui a elle aussi grandi rapidement. En lançant Cooptalis, mon associé Gilles Lechantre et moi-même avions envie de vivre une aventure similaire. Nous n’étions pas certains du succès, mais comme il y avait un marché porteur et une solution adéquate, nous nous étions préparés à la croissance.

Comment se prépare-t-on à une telle croissance ?

O. D. : Pour l’avoir déjà vécu une première fois, je sais qu’il faut anticiper. Cooptalis est rentable depuis ses débuts, l’enjeu n’est pas là. Il est avant tout humain : nous avons dû recruter des profils avec une expérience, un vécu, et surtout des personnes capables de grandir avec l’entreprise. Nous recherchons avant tout un savoir-être et une culture internationale. Pour séduire, nous avons installé en mai notre siège dans une villa de 500 m² à Marcq-en-Barœul, avec une piscine, un terrain de pétanque… L’ambiance est décontractée. L’humain est central chez Cooptalis : dès le départ, nous avions des candidats à la mobilité et les entreprises clientes… La seule vraie raison de ne pas y arriver aurait été de ne pas avoir les bonnes équipes. Par ailleurs, si notre croissance est importante, elle est aussi maîtrisée et non subie. Cela fait trois ans que nous annonçons un chiffre d’affaires prévisionnel aux banques et autres investisseurs et à chaque fois, nous sommes dans les clous.

Vous venez de finaliser une levée de fonds de 20 M€, après un premier tour de table d’1,2 M€ en 2015. La différence est de taille…

O. D. : Avec la première levée de fonds, l’objectif était d’amorcer le développement de l’entreprise. À présent, nous finançons le déploiement d’un modèle qui fonctionne et qui est rentable. Cette deuxième levée de fonds est une belle opération, c’est vrai, mais ce n’est qu’une étape pour accélérer la croissance. Nous sommes partis pour un cycle de deux à trois ans : l’objectif est d’atteindre 45 à 50 M€ de chiffre d’affaires dès 2019, avec près de 900 salariés, puis les 100 M€ en 2020. Si nous y parvenons, nous devrons réaliser un nouveau tour de table. Notre objectif est de devenir très vite une référence mondiale de l’expatriation, avec un focus sur l’Europe. Nous voulons couvrir d’ici 2020 la majorité de l’Union européenne.

Quels sont les pays en ligne de mire ?

O. D. : Cooptalis est présent en France, au Vietnam, au Maroc, en Tunisie et en Angleterre. Nous sommes en train de nous implanter au Canada, où une équipe doit arriver en janvier 2019. Notre objectif est d’y compter 80 à 100 collaborateurs d’ici la fin de l’année prochaine. Nous allons aussi nous implanter en Allemagne durant le premier trimestre 2019. Et beaucoup d’autres pays de l’Union européenne sont à l’étude.

Pourquoi avez-vous fait le choix d’implanter Cooptalis dans certains pays, au lieu de tout gérer depuis Lille ?

O. D. : C’est vrai que nous développons beaucoup d’outils en interne : une importante plateforme digitale est d’ailleurs en cours de réalisation. Mais l’expatriation est une expérience trop anxiogène pour être gérée uniquement à distance. La personne concernée quitte tout : son boulot, sa maison… Ses enfants changent d’école, elle doit faire face à une nouvelle fiscalité, etc. Apporter une réponse en ligne est nécessaire, mais insuffisant pour casser ce côté anxiogène. Une présence humaine est indispensable, d’autant que nos équipes sont constituées de gens qui ont eux-mêmes vécu l’expatriation. Non seulement cela les rend plus crédibles, mais ils font aussi preuve d’empathie. Au Canada, par exemple, nous espérons accueillir dans notre agence 200 à 300 Français expatriés en 2019. Cette présence humaine sur les lieux d’expatriation, c’est une de nos forces. J’ajouterais même que cela constitue une barrière à l’entrée pour ceux qui souhaiteraient se lancer à leur tour sur ce marché.

Quel est le pays avec lequel vous travaillez le plus ?

O. D. : L’entreprise n’a que cinq ans : nous nous sommes d’abord concentrés sur la France. Nous travaillons beaucoup avec des entreprises françaises qui ne parviennent pas à recruter, mais aussi avec des entreprises étrangères auprès de qui les Français ont la cote. C’est particulièrement vrai sur certains métiers comme le luxe, l’informatique, la distribution, l’hôtellerie-restauration, etc. La majorité de nos flux reste constituée de départs et d’arrivées en France, mais ce ne sera déjà plus le cas dans un an. Notre clientèle va elle aussi évoluer puisque nous avons fait le choix de démarrer avec les grands comptes. Nous allons proposer une offre plus adaptée aux PME, qui ont besoin de moins de volume et moins de récurrence.

Désormais, votre croissance ne sera plus uniquement organique ?

O. D. : Nous avons réalisé il y a quelques mois notre première opération de croissance externe, auprès de la société Link Mobilité (2 M€ de CA 2017 ; 30 salariés, NDLR), basée à Aix-en-Provence et leader en France sur le marché de la relocation. L’intégration se passe très bien, ce qui nous a donné envie de renouveler l’expérience. C’est d’ailleurs un des buts poursuivis par cette levée de fonds. Nous savons déjà que deux acquisitions vont être réalisées en 2019. Cela va nous permettre, en France comme à l’étranger, de gagner du temps dans la construction des équipes et de notre offre.

Lille # Ressources humaines