Malgré une année 2015 qui n'a pas satisfait tous les espoirs placés en elle, les dirigeants d'entreprise restent optimistes envers et contre tout. Et en particulier contre la conjoncture économique. C'est le résultat, presque surprenant, de deux enquêtes menées conjointement et croisées par les CCI de Région Nord de France et Picardie et par la Banque de France. Une enquête annuelle qui avait cette année la particularité d'adopter elle aussi les contours de la grande région Nord Pas-de-Calais Picardie.
Les services marchands s'en tirent bien « Le tableau est gris sur l'industrie, réjouissant pour les services marchands et noir pour la construction », lance d'entrée de jeu Stéphane Latouche, directeur de la Banque de France Nord Pas-de-Calais. En 2015, le secteur des services marchands est celui qui s'en tire le mieux (voir nos chiffres dans l'encadré ci-contre). Le bilan de l'industrie, un secteur fortement représenté en Nord Pas-de-Calais et encore plus en Picardie, est en revanche plus mitigé pour l'année écoulée avec un chiffre d'affaires global en recul de - 1 % et des destructions d'emplois qui se poursuivent. Depuis le début de la crise en 2008, ce secteur a perdu près de 28.000 emplois. Enfin côté construction le bilan reste très sombre en 2015, largement miné par le secteur des Travaux Publics. Des évolutions qui, d'après Stéphane Latouche,
s'inscrivent « dans la tendance nationale pour les services marchands et la construction mais un peu en retrait de cette tendance pour l'industrie ». Au total, la grande région a perdu 78.090 emplois depuis 2008. En résulte un taux de chômage très élevé (12,5 %) pour le Nord Pas-de-Calais Picardie, une région au PIB de 149 milliards d'euros. Et si le portrait de la région change suite à la fusion, ce n'est pas forcément le cas du climat des affaires car d'après la CCI : « Seuls 10 % des dirigeants jugent la fusion du Nord Pas-de-Calais et de la Picardie comme une opportunité de développement ».
Les difficultés rencontrées 2015 n'a donc pas été une année simple pour les dirigeants. D'ailleurs, 48 % de ceux interrogés par la CCI déclarent avoir rencontré des difficultés particulières sur cette période. Hors celles, récurrentes, liées au chiffre d'affaires et à la trésorerie, 38 % des dirigeants interrogés évoquent les délais de paiement, 30 % la baisse de la consommation et 27 % l'augmentation de la fiscalité. Viennent ensuite les impayés (24 %), les difficultés de recrutement (22 %) et les normes et contraintes réglementaires (21 %).
Les dirigeants restent optimistes pour 2016 De l'enquête menée par la CCI, il ressort sans surprise que : « La situation économique globale est jugée mauvaise par 60 % des dirigeants ». Ce qui ne les empêche pas de rester optimistes pour cette année 2016. Dans l'industrie, une progression de + 1,8 % du chiffre d'affaires global est prévue en 2016 (contre un recul de - 1 % en 2015). Une bonne nouvelle qui ne devrait toutefois pas empêcher les effectifs de poursuivre leur baisse (-1,2 %). La rentabilité devrait repartir se renforcer et les investissements repartir à la hausse avec + 10,3 %. Du côté des secteurs marchands, le chiffre d'affaires global est lui aussi attendu à la hausse en 2016 (+ 3,4 %), soutenu par l'exportation (+ 4,5 %) et accompagné d'investissements plus dynamiques (+ 7,2 %). Enfin, le secteur de la construction devrait afficher en 2016 une stabilité de son chiffre d'affaires global (+ 0,5 %), malgré un repli plus important encore des Travaux Publics. La baisse des effectifs devrait se poursuivre et les investissements être en repli. Si la réalité est différente par secteur, elle l'est également par taille d'entreprises : les TPE sont de manière générale moins optimistes dans ce contexte tendu que ETI
. Dans le domaine de la rentabilité par exemple, 32 % des ETI tablent selon la CCI sur une hausse de leur rentabilité en 2016, contre seulement 19 % des ETI. Et malgré cet optimisme qui persiste, les deux enquêtes montrent que les dirigeants restent prudents, ne s'attendant pas non à un retournement de la conjoncture économique en 2016 qui conduirait à une véritable reprise. « Tout le monde pensait déjà que 2015 allait être une bonne année... Si nous restons optimistes pour 2016, il y a toujours un certain nombre d'inconnus », tempère d'ailleurs lui-même Stéphane Latouche.
Élodie Soury-Lavergne
Bilan et perspectives Si l'année 2015 a été en dessous des attentes des chefs d'entreprise, ces derniers restent optimistes pour 2016, mais aussi prudents.
