Commerce : Un avenir multicanal
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Commerce : Un avenir multicanal

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Alors que le Nord - Pas-de-Calais compte seulement 57 % de ses commerçants connectés, la question de l'avenir et des enjeux de ce secteur d'activité, mis à mal par la crise, se pose plus que jamais. Si le multicanal est inévitable, d'autres leviers de développement existent.
— Photo : Le Journal des Entreprises

Dans le Nord - Pas-de-Calais, seuls 57 % des commerçants sont connectés. Un chiffre plutôt bas pour un secteur touché de plein fouet par la crise du pouvoir d'achat et l'évolution des modes de consommation. Pour accompagner ce secteur d'activité, deux événements récents en région se sont penchés sur les questions de son avenir et de ses enjeux : la Nuit du Commerce, organisée mi-septembre dans le cadre du Salon Créer et le salon de la VAD, qui s'est tenu fin octobre à Lille Grand Palais.




Le multicanal

Nuit du Commerce et Salon de la VAD, deux événements pour une seule et même conclusion : l'avenir du commerce est multicanal. Exit la guerre entre e-commerce et magasins. « Jamais une nouvelle forme de commerce n'a tué une ancienne, mais pousse les commerçants à se remettre en cause », explique Robert Rochefort, économiste, ancien directeur du CREDOC (centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie). Ce que confirme une commerçante de la région, Marina Choquet, gérante du magasin de prêt-à-porter lillois Poppy Milton : « Ce n'est pas le commerce de centre-ville contre le commerce sur le net, les deux se complètent. » Et d'ajouter : « Les réseaux sociaux me paraissent incontournables, d'autant que c'est facile et gratuit. Deux clientes sont venues en magasin aujourd'hui après avoir vu des photos sur Facebook. » Autre situation, celle de Cathy Nicuta, gérante du commerce en ligne Eco- House 62 : « J'ai opté pour la vente en ligne mais j'ai créé en plus un bureau et un hall d'exposition à Béthune, car le client a besoin de venir pour toucher le produit, se rassurer. » Dernier cas de figure, celui de David Thiry qui vient d'ouvrir à Lille le magasin Cuir City, doté de bornes interactives afin de limiter la surface en m² et donc les charges, tout en offrant un catalogue complet aux clients. Aujourd'hui, les modes de connexion des commerces sont donc aussi nombreux que les besoins des commerçants et de la clientèle : c'est désormais à chaque commerçant de s'adapter.






Un potentiel numérique

Dans le Nord - Pas-de-Calais, plus qu'ailleurs, les commerçants ne manquent pas d'atouts pour réussir cette conversion numérique. « C'est rare d'avoir autant de compétences dans les technologies du e-commerce sur un même territoire. Par ailleurs, sur les 36 plus importants sites e-commerce en France, 6 ou 7 se situent dans notre région », indique Raouti Chehih, directeur général d'Euratechnologies, à l'occasion de l'ouverture du salon de la VAD. Et d'ajouter « Les entreprises d'Euratechnologies développent des outils pour les petits commerçants mais se rendent aussi compte que le numérique est difficile à intégrer pour eux. Les petits commerçants restent davantage, dans la majorité, préoccupés par leur pas-de-porte. Il faut continuer à leur expliquer la technologie et en quoi elle peut améliorer leur rentabilité. » Pour ce faire, des actions sont menées dans la région. La CCI Grand Lille a ainsi signé en mars un partenariat avec Google et un autre avec Facebook en

septembre.




Les autres vecteurs

Le commerce peut également compter sur d'autres vecteurs de développement que le numérique. Il s'agit d'abord de l'agencement du point de vente, un détail pas vraiment anodin comme le montre ce témoignage de Henri Pierre Krabansky, gérant des boulangeries Fournil et Maie, à Dunkerque : « Le concept était vieillissant et notre rentabilité, négative. On a tout changé sauf les vendeuses et les affaires sont reparties. » Comment faire quand on a des moyens limités ? « Il suffit de petites touches pour surprendre les gens. Il est possible de faire du transfert de choses vues ailleurs, sans en faire des tonnes », explique Robert Rochefort. Enfin, autre vecteur de développement : s'adapter aux nouveaux comportements du consommateur, qui se résument à consommer mieux. « Il faut ruser et créer de la valeur ajoutée. Un consommateur sera sensible aux produits régionaux car c'est son emploi ou celui de ses proches qui est concerné. Il y a aussi un ras-le-bol autour de la fabrication des besoins, il faut réfléchir à un marketing respectueux, etc. », évoque Robert Rochefort, avant de conclure par ce conseil : « Posez-vous la question de ce que vous aimeriez, vous, en tant que client. »

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