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Cocorette veut séduire les « néo-paysans »
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Cocorette veut séduire les « néo-paysans »

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Le producteur d'oeufs arrageois Cocorette, qui travaille avec des éleveurs indépendants, lance une campagne pour tenter de convaincre les citadins de se mettre au vert et de se lancer dans l'élevage de poules pondeuses.

— Photo : Olivier Duval via Flickr

De façon plutôt maligne, Cocorette entend surfer sur la tendance des « néo-paysans », ces citadins qui abandonnent leur vie et leur carrière en ville pour se lancer dans l'agriculture.

Le producteur d'oeufs, basé à Arras (CA: 94 M€) vient de lancer toute une campagne à leur attention, articulée autour d'un site web baptisé « Poule-Emploi » et imaginée par l'agence de communication lilloise Nikita. En ligne, les candidats au changement de vie peuvent réaliser plusieurs tests de personnalité, censés leur indiquer s'ils ont le bon profil, et postuler auprès de l'entreprise, qui travaille avec 500 éleveurs dans toute la France.

Mené avec humour, le projet peut faire sourire mais semble avoir visé juste: les candidatures s'accumulent déjà. « En à peine quelques jours, nous avons déjà reçu entre 250 et 300 candidatures », se félicite Pascal Lemaire, le PDG de Cocorette. « C'est la preuve que l'intérêt est bien là, même si toutes les candidatures ne sont pas sérieuses, et toutes ne conviendront pas. »

Une dizaine de recrutements visés

De fait, Cocorette ne cherche à recruter qu'une dizaine de ces néo-ruraux, prêts à quitter la ville. Pas de renouvellement complet du recrutement des éleveurs en vue donc, mais l'étoffement de ce réseau répond à une stratégie d'anticipation.

« Le regard sur la souffrance animale a beaucoup évolué en peu de temps. Le président de la République l'a dit, comme le ministre de l'agriculture: il faut prévoir un arrêt complet de l'élevage des poules en cages d'ici 2022 ou 2025. En plus de l'attention au mode d'élevage, en bio, en plein air ou au sol, il nous paraît évident que l'aspect local revêtira une grande importance. Demain, les oeufs seront produits au plus près des consommateurs; nous anticipons dès aujourd'hui en renforçant notre réseau.»

50 € par poule

Cocorette cherche donc des candidats citadins, ayant déjà un lien, ou une sensibilité, avec le monde agricole. Les aspirants éleveurs doivent également avoir un peu de terre à disposition, ou pouvoir investir. L'élevage de poules pondeuses est accessible aux néophytes, et demande relativement peu de moyens pour se lancer, assure Pascal Lemaire.

« Contrairement à d'autres secteurs agricoles, l'élevage de poules ne demande que peu de contraintes au quotidien. Pour se lancer sérieusement et pouvoir en vivre, il faut compter au moins 3000 poules, sur 3 hectares de terrain. Ensuite, il faut compter un investissement d'environ 50 € par poule, mais au-delà de ça, l'entretien quotidien ne prend qu'une heure trente à deux heures, n'est pas très physique, et peut parfaitement être assumé par une personne seule. »

Les candidats peuvent donc se faire connaître sur poule-emploi.com. Leur changement de vie sera suivi de près par Cocorette, qui leur offrira un accompagnement de 10 à 18 mois comprenant des stages chez les éleveurs partenaires du groupe.

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