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Clémentine Lefèvre (Sylvie Thiriez) « Aujourd’hui, nous sommes prêts à en découdre »
Interview Nord # Textile # International

Clémentine Lefèvre dirigeante de Sylvie Thiriez Clémentine Lefèvre (Sylvie Thiriez) « Aujourd’hui, nous sommes prêts à en découdre »

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Clémentine Lefèvre a repris l’entreprise familiale Sylvie Thiriez (10M€ de CA 2017, 80 salariés), basée à Halluin (Nord), en décembre 2017. Après une profonde remise à plat et l’intégration du nouvel accélérateur PME de Bpifrance, le fabricant de linge de maison est prêt pour un redéploiement en France et en Europe.

Depuis son arrivée à la tête de l'entreprise de textile Sylvie Thiriez, fin 2017, Clémentine Lefèvre a opéré une profonde remise à plat. La dirigeante compte désormais reprendre rapidement des parts de marché, notamment à l'international. — Photo : Sylvie Thiriez

Le Journal des Entreprises : Vous avez repris l'entreprise Sylvie Thiriez à vos parents il y a un an. Le projet était-il longuement mûri ?

Clémentine Lefèvre: Pas vraiment ! Mes parents ont racheté Sylvie Thiriez à la fin des années 1990, et je suis entrée dans le groupe en 2008 pour développer le réseau de boutiques. Je n’avais pas spécialement planifié de reprendre, et mon père, qui souhaitait partir, commençait à évoquer une possible revente. D’un coup je me suis sentie prête, alors que ce n’était pas forcément le cas auparavant. J’ai mis au point un projet et tout s’est mis en place naturellement.

Quel est le plan mis en œuvre depuis votre arrivée à la tête de l'entreprise ?

CL: Ces dernières années, entre les envies de départ en retraite de mon père et les incertitudes autour de la reprise, on peut dire que l’entreprise s’était un peu endormie. Lors de ma prise de poste à sa tête, j’ai eu envie de repenser et de redynamiser l’ensemble, en repensant notre offre et nos services autour de l’omnicanal.

La digitalisation, c’est l’un des grands chantiers que nous avons menés, pour fluidifier et harmoniser notre relation client, et nous assurer que nos clients aient la même expérience en boutique et sur notre site. Nous avons un site marchand depuis 2006, mais il était très déconnecté de notre réseau de boutiques ; désormais, notre offre est la même partout. Nous voulons aussi gagner en notoriété, en améliorant notre communication sur les réseaux sociaux. Mais tout cela découle d’un très important travail de fond que nous menons en interne depuis un an, pour restructurer Sylvie Thiriez et son positionnement.

Quels ont été vos axes de travail ?

CL: J’ai voulu recentrer nos activités sur le textile, quand, depuis quelques années, nous pouvions aussi proposer de la vaisselle ou de la décoration… Désormais, notre mission, c’est la création de linge de maison et de nuit pour toute la tribu, axée sur cinq pièces de la maison, de la chambre au salon en passant par la cuisine. Nous allons aussi beaucoup développer la chambre d’enfant, qui n’était pas forcément très présente jusque-là, et nous accélérons le rythme des collections, avec des mises en avant thématiques de nouveaux univers tous les mois.

« Dès 2019, nous allons reprendre le rythme de dix ouvertures par an. A terme, nous visons les 200 ou 250 boutiques sur l’ensemble du territoire. »

Nous avons, en parallèle, repensé notre logistique pour nous assurer de bien avoir le bon produit, au bon moment, au bon endroit. Nous avons aussi effectué un travail de fond pour unifier nos fichiers clients entre les différentes boutiques du réseau… En somme, l’année dernière, nous avons remis beaucoup de choses en place, revu les fondements de l’entreprise. 2019, ce sera l’année de l’expansion.

À quel point de vue ?

CL: En 2018, nous avons remis à plat l’ensemble de notre réseau et fermé certaines boutiques qui ne correspondaient plus à nos critères d’implantation, ou n’étaient pas rentables. En parallèle, nous n’avons ouvert que cinq boutiques. Dès 2019, nous allons reprendre le rythme de dix ouvertures par an, en visant les centres de villes entre 30 000 et 50 000 habitants, et des emplacements de qualité. Nous avons environ 80 boutiques aujourd’hui et, à terme, nous visons les 200 ou 250 boutiques sur l’ensemble du territoire.

Nous avons toute notre place à prendre sur le marché et notre ambition est de devenir leader sur le linge de maison. Nous avons pour le moment un déficit de notoriété, mais tous les atouts en main pour y arriver. Maintenant que l’entreprise est remise en ordre de marche, chacun a retrouvé sa place et l’énergie est palpable. Les équipes ont envie d’en découdre.

Sylvie Thiriez fait partie des 15 PME régionales choisies pour la première promotion de l’accélérateur PME lancé par Bpifrance dans les Hauts-de-France. Le programme a-t-il déjà démarré ?

CL: Oui, et je suis très fière de cette marque de confiance, puisque c’est l’IRD, qui nous accompagne avec beaucoup de bienveillance et m’a aidée financièrement lors de la reprise, qui a soumis notre candidature auprès de Bpifrance. Ils croient en notre potentiel, et c’est à la fois une chance et un challenge pour nous.

Nous bénéficions d’un accompagnement de deux ans, à 360 degrés, qui comprend des sessions de formation pour les dirigeants et un diagnostic complet de l’entreprise. J’ai pu assister à une première session très riche, que ce soit au niveau de la qualité de l’intervenant ou de celle des échanges entre les participants. C’était intéressant et concret, avec des conseils directement applicables. Cela va me permettre de valider une partie des choses que j’ai pu mettre en place l’année dernière, et d’aller plus loin.

Le diagnostic effectué dans le cadre de l’accélérateur vous a-t-il permis d’identifier de nouveaux objectifs ?

CL: Nous avons déjà fait un audit début 2018, avec un consultant qui nous conseille sur notre stratégie numérique ; nous avons donc convenu que celui réalisé dans le cadre de l’accélérateur PME serait effectué en septembre 2019. Les équipes de Sylvie Thiriez ont déjà été bien sollicitées par le premier, et ce sera intéressant pour nous de pouvoir mesurer le chemin parcouru et de définir, peut-être, de nouveaux objectifs. Comme nous avons déjà avancé sur la digitalisation, c’est surtout sur le volet « développement international » que nous allons travailler avec Bpifrance.

Quelles sont vos ambitions à l’export ?

CL: D’abord, de regagner le terrain que nous avons perdu ces dernières années. Nous n’avons plus qu’une boutique en Italie, un corner en Andorre et en Suisse, et nous avons également des franchises en Guadeloupe, en Martinique et en Guyane, ce qui d’un point de vue logistique s’apparente à de l’export.

« Nous avons été jusqu’à 30 % du CA à l'international. Je veux regagner ce niveau et le dépasser à court terme. »

Aujourd’hui, l’international représente 15 % de notre chiffre d’affaires, mais nous avons été jusqu’à 30 %. Je veux regagner ce niveau et le dépasser à court terme, en visant d’abord les pays européens. C’est largement faisable, d’autant plus que le "made in France" marche très bien à l’export.

C’est un aspect que vous allez mettre davantage en avant ?

CL: 20 % de notre production est réalisée ici, à Halluin, dans le Nord, ce qui représente environ 100 000 pièces par an, en confection et en broderie. Nous avons un bureau de style de quatre personnes, qui dessinent l’ensemble de nos collections, dix personnes qui travaillent en production, et dix aux expéditions. Maintenir ce savoir-faire est une fierté, et nous allons développer notre offre autour de la personnalisation par la broderie, qui intéresse les particuliers pour les cadeaux, mais aussi, les gîtes et les chambres d’hôtes. Nous avons imaginé une nouvelle offre autour de la personnalisation, qui sera bientôt déployée, et constituera un axe de développement.

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