L’agroalimentaire est souvent cité parmi les secteurs épargnés par la crise sanitaire. Pourtant, il subit lui aussi ses effets, à l’image du groupe nordiste Bonduelle. L'industriel de la transformation et de la conserve de légumes vient de publier, pour son exercice 2019/2020, des résultats nettement marqués par la crise du Covid-19. « La santé financière de l’entreprise n’est toutefois pas remise en cause », souligne Grégory Sanson, directeur financier de Bonduelle.
La rentabilité chute de 25 %
L’industriel, qui emploie 14 500 collaborateurs, termine cet exercice 2019/2020 (clos au 30 juin) avec un chiffre d’affaires de 2,85 milliards d’euros, ce qui représente une croissance de 1,4 % en données comparables (et 2,8 % en données publiées). Côté rentabilité, en revanche, les conséquences de la crise sanitaire se font davantage sentir, avec un recul de 25 % du résultat net, qui s’établit à 54,6 millions.
Enfin, la rentabilité opérationnelle courante s’établit à 108,7 millions d’euros, contre 123,7 millions d’euros en 2018/2019. « C’est en dessous de l’objectif communiqué en octobre 2019, commente Grégory Sanson, en raison de la crise. Nous estimons l’impact de cette crise à environ 7 à 10 millions d’euros sur la rentabilité opérationnelle courante, et à 5 millions d’euros sur le chiffre d’affaires ».
Un exercice grevé par des surcoûts
Sur cet exercice, le groupe Bonduelle a dû faire face à de nombreux surcoûts, que ce soit sur ses activités de longue conservation (conserves et surgelés) ou de frais prêt à consommer (salades, salades traiteur, bols de salade). Les mesures mises en place pour la protection des collaborateurs (distanciation sociale, équipements, assainissement, etc.) ont entraîné des baisses de productivité. Sans oublier les pertes liées au respect des engagements agricoles en particulier dans le frais, ou encore les primes versées aux collaborateurs en usine. Ces dernières ont toutefois été compensées partiellement par des économies : frais de déplacement, marketing, etc. Les résultats du groupe ont aussi été touchés par une charge non récurrente de 6,8 millions d’euros, liée à une alerte sanitaire aux États-Unis sur le segment frais. Il s’agissait d’une suspicion de contamination de salades à la bactérie E. coli.
Des perspectives incertaines
Le frais a été le principal segment touché par cette crise, avec un recul de -6,3 % sur cet exercice. La conserve croît quant à elle de 9,1 %. Enfin, le surgelé affiche une hausse timide de 2,2 %. Ce dernier segment a subi la chute de l’activité restauration du groupe, qui représente 20 % de son chiffre d’affaires global. « Sur juillet/août, les chiffres de l’activité restauration ont été meilleurs que sur la période mars-juin, mais nous restons encore dans le négatif », commente Guillaume Debrosse, directeur général du groupe Bonduelle.
Pour la période 2020/2021, la direction du groupe reste prudente, face à un contexte sanitaire et économique très incertain. « Le prochain exercice va dépendre de la vitesse de redressement de l’activité restauration, note le directeur général, mais aussi de l’ampleur de la crise, de son impact sur le pouvoir d’achat et des comportements des consommateurs qui en découleront ». Sur cette base, Guillaume Debrosse mise une croissance de 1,5 % du chiffre d’affaires pour le prochain exercice. Malgré les incertitudes, le groupe a décidé de maintenir ses investissements sur cette période, qui s’élèveront à 115 millions d’euros.
