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Be Square : « Viser le "zéro déchet" en entreprise, c'est possible ! »
Interview Lille # Services # Management

Sophie Bellet fondatrice de l’hôtel d’entreprises Be Square "zéro déchet"

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Sophie Bellet a fondé, en 2013, à Roubaix, l’hôtel d’entreprises Be Square, qui propose 26 bureaux individuels et six salles de réunion. Sous son impulsion, le lieu vise le "zéro déchet", grâce à des réflexes faciles à adopter et à reproduire, assure-t-elle.

Sophie Bellet a fondé l'hôtel d'entreprises Be Square en 2013. Peu à peu, elle tente de sensibiliser ses clients à la démarche "zéro déchet", grâce à des mesures concrètes — Photo : DR

Le Journal des Entreprises : Comment en êtes-vous venue à mettre en place une démarche "zéro déchet" au sein de Be Square ?

Sophie Bellet : J’ai adopté le "zéro déchet" chez moi depuis un certain temps déjà et je me suis aperçue que, dans mon entreprise, beaucoup de choses allaient à l’encontre de mes valeurs. Nous limitons déjà nos déchets : tous nos papiers sont recyclés et nous n’utilisons ni bouteilles en plastique, ni gobelets jetables, remplacés par des verres et des tasses. Cinquante personnes travaillent au quotidien sur le site, et le chiffre peut monter beaucoup plus haut, quand nous accueillons des séminaires. J’ai donc réfléchi à la manière dont nous pouvions repenser nos habitudes et nos achats pour aller plus loin, sans imposer trop de contraintes à nos clients. J’ai commencé à mettre en place davantage de choses, pour essayer de me rapprocher du "zéro déchet", même si le résultat n’est pas parfait.

Quelles ont été les premières mesures que vous avez prises ?

S. B. : J’ai commencé par m’arranger avec les restaurants du coin pour qu’ils arrêtent les emballages jetables, quand ils nous livrent à déjeuner. Désormais, les plats arrivent dans des assiettes, que nous leur rapportons. C’est une démarche que nous étendons à nos commandes de plateaux-repas, pour nos clients occasionnels. Nous demandons aux traiteurs d'éviter le plus possible les emballages, les couverts jetables et les bouteilles en plastique. Ça surprend souvent, mais ce n’est qu’en formulant ces demandes que l’on peut faire évoluer les mentalités et les pratiques.

« L’idée, c’est avant tout d’ouvrir la discussion, et de faire passer des messages par l’exemple, et par l’humour. »

Petit à petit, j’ai repensé tous les aspects de la vie quotidienne de l’entreprise. Par exemple, j’ai remplacé les cafetières à dosettes aluminium par une machine à espresso qui moud du café en grains. Le café est meilleur et il est offert, donc tout le monde est ravi, et moi, ça me coûte moins en temps et en argent. En parallèle, en plus des gobelets et touillettes, nous avons arrêté les dosettes de lait, en préférant le lait en bouteille. On s’est mis aussi à faire un tri rigoureux des déchets, ce qui n’était pas le cas avant, et du compost.

Peu à peu, j’affine et j’approfondis la démarche : par exemple, nous refusons tous les catalogues, qui sont renvoyés à l’expéditeur - et comme beaucoup d’entreprises sont domiciliées chez nous, les quantités qui arrivent sont souvent énormes. Si nos clients veulent recevoir de la pub, il faut qu’ils le signalent !

Comment ont réagi vos clients ?

S. B. : Plutôt bien, dans l’ensemble. J’avais peur de passer pour une casse-pied, mais les clients ont compris la démarche. L’idée, c’est avant tout d’ouvrir la discussion, et de faire passer des messages par l’exemple, et par l’humour. Je n’irai sans doute pas aussi loin dans la démarche chez Be Square que chez moi par exemple, ce serait trop compliqué. Mais le plus important, c’est de faire réfléchir à la façon dont on consomme, dans l’entreprise et en dehors. Et de prendre l’habitude de se poser des questions quand on fait un achat. Sensibiliser, c’est déjà beaucoup, et les petits gestes comptent, même en entreprise !

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