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Avec Refil’On, l’UTT se lance dans le fil recyclé
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Avec Refil’On, l’UTT se lance dans le fil recyclé

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Le filateur nordiste l’Union Textile de Tourcoing (UTT) innove au travers d’une nouvelle gamme, Refil’On, un fil fabriqué à partir de textiles recyclés. Un produit inédit, qui répond à certaines attentes en matière de relocalisation de la production textile en France.

L’Union Textile de Tourcoing lance un nouveau fil, à partir de textiles recyclés — Photo : Jeanne Magnien

Au sein de l’Union Textile de Tourcoing (UTT), une ligne d’un nouveau genre tourne depuis plusieurs semaines. C’est celle qui alimente Refil’On, la nouvelle unité de production de la PME textile : elle file des matières recyclées pour en faire un nouveau fil, prêt à être tricoté ou tissé. Les premiers kg de fil viennent tout juste d’en sortir, et Grégory Marchant, le dirigeant de la PME (5,7 M€ de CA 2019, une centaine de salariés), mise beaucoup sur ce nouveau produit, qui peut être transformé en interne ou chez ses clients. "Les premiers tests portaient sur un mélange de polyester et de coton, mais on peut tout imaginer, selon la qualité des gisements. Pour le moment, nous utilisons les déchets de production de partenaires industriels. Mais nous pouvons aussi effilocher des invendus en provenance de retailers, il y en a des tonnes qui attendent d’être effilochées."

L’UTT a investi aux alentours de 2 millions d’euros pour équiper sa filature de Fourmies, appartenant à sa filiale Textile de la Thiérache, avec cette nouvelle ligne. Selon le succès, le site pourrait accueillir jusqu’à trois lignes supplémentaires.

Investir pour tenir

Il faut dire que les attentes pour un fil produit en France, a fortiori recyclé, sont fortes, dans un contexte où l’étiquette "Fabriqué en France" est de plus en plus recherchée. Du moins, en principe, relativise Gregory Marchant. "Il y a une prise de conscience des enjeux, et dans le discours, les gens demandent du local. Mais dans les faits, ils ne regardent que le prix, et les beaux discours se traduisent rarement par des actes d’achats responsables", déplore le dirigeant. "De plus en plus de gens se mettent à produire en France, mais les quantités restent faibles. Au global, ces dernières années, on note plutôt une hausse des volumes en provenance d’Asie."
Pour autant, dans un contexte tendu pour les industriels textiles, très énergivores et donc en première ligne face aux prix de l’énergie, l’innovation offre une issue vers le haut, assure le dirigeant. "L’investissement nous a permis de maintenir un outil industriel en France tout au long de ces dernières décennies. Pour exister face aux pays à bas coût, il faut faire les choses différemment, dans des usines modernes. Ça a été l’automatisation hier, aujourd’hui, c’est le recyclage des fibres, avec des nouveaux procédés pour le tri, mécaniques et bientôt, chimiques… et demain, la mise au point de nouvelles techniques pour la teinture, qui ne consommera plus d’eau, et moins d’énergie. L’innovation est partout, la technologie évolue très vite en ce moment," souligne Grégory Marchant.

Acculturation nécessaire

Mais si les industriels s’organisent pour faire face et continuer à produire du "made in local", plus cher au cœur de Grégory Marchant que le "made in France", reste un gros travail d’acculturation à faire du côté des consommateurs, note le dirigeant. "Plus il y a de fibres recyclées dans un fil, plus il est rêche. La couleur peut être moins uniforme. La technologie est là, la capacité de production aussi, c’est aux acheteurs et aux créateurs de s’adapter, pour accepter des étoffes un peu différentes de celles auxquelles nous sommes habitués. Et aux marques, d’imaginer des vêtements qui soient vraiment durables, réparables, et plus facilement recyclables".

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