Il y a un nouveau venu, et pas des moindres, sur le marché toujours plus concurrentiel de la livraison de courses à domicile en France. Très bien implantée aux Pays-Bas, où elle a été créée en 2015, la start-up Picnic fait ses premiers pas dans l’Hexagone depuis le mois d’avril, au travers d’une expérimentation menée à Valenciennes (Nord).
La tournée du laitier revisitée
Concrètement, quelque 300 foyers de l’agglomération valenciennoise ont été sélectionnés pour tester le service de Picnic en avant-première. Sur l’application dédiée, ils peuvent faire leurs courses parmi une sélection d’environ 10 000 produits. Leur sont proposées des marques nationales et de distributeur (via un partenariat avec l’enseigne de supermarchés Cora), mais aussi des produits locaux, au même prix qu’en supermarché, assure le groupe. Les commandes sont livrées le lendemain à domicile, gratuitement mais pas n’importe quand, c’est la particularité du modèle. "Picnic fonctionne de la même façon que le laitier d’autrefois, ou le facteur, par tournées. Les itinéraires de nos livreurs sont optimisés en fonction des commandes du jour, et il y a un filtrage en amont des commandes. Les clients potentiels dont les adresses ne figurent pas encore sur un itinéraire existant ou, au contraire, sont sur un itinéraire surchargé, sont placés sur liste d’attente. Mais les tournées sont mises à jour très régulièrement, et leur nombre augmente avec celui des clients. Aux Pays-Bas, on peut proposer jusqu’à cinq créneaux de livraison par jour dans certains quartiers", assure Grégoire Borgoltz, chargé du développement de Picnic en France.
500 millions de chiffre d’affaires 2020
Grâce à ce système, plus écologique et plus économique que la livraison à la demande, Picnic maîtrise parfaitement ses coûts et ses approvisionnements. Chaque soir, le distributeur passe commande auprès de ses fournisseurs en fonction des demandes du jour. Son centre de préparation de commande, situé à Fretin, est ensuite livré dans la nuit. Les préparateurs assemblent les commandes, ensuite acheminées vers son hub de Valenciennes, où les livreurs les prennent en charge. "Notre entrepôt de Fretin nous permet de rayonner sur 100 kilomètres, un périmètre qui comprend une dizaine de villes de la taille de Valenciennes. Ensuite, les hubs, plus proches des clients finaux, prennent le relais. Notre ambition, c’est d’ouvrir entre deux et quatre hubs supplémentaires autour de Valenciennes d’ici la fin de l’année", détaille Grégoire Borgoltz.
Pour le moment, Picnic France compte une quarantaine de salariés, dont les livreurs, en CDI. Mais le nombre d’emplois créés devrait croître très vite avec l’extension du service : au Pays-Bas, où Picnic est présent dans 170 villes, 8 000 personnes travaillent pour le groupe (4 000 livreurs, 3 500 préparateurs de commandes, 500 au siège et au service clients). L’entreprise compte huit entrepôts centraux et 60 "hubs", qui lui permettent de livrer, potentiellement, six millions de foyers. Picnic a réalisé 500 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2020.
Viser les villes moyennes
La période de test permet pour le moment à Picnic de s’adapter aux attentes des consommateurs français, en termes d’offre, de service et d’horaires de livraison. Les ambitions du distributeur en France sont certaines, et passent par la conquête des villes moyennes. "Nous avons choisi Valenciennes parce qu’elle est représentative du type de villes où Picnic souhaite s’implanter, même si les métropoles nous intéressent aussi, bien sûr. Ni grande ni petite, avec une majorité de maisons individuelles, ce qui rend les livraisons plus rapides, et beaucoup de familles", poursuit Grégoire Borgoltz. Pour l’heure, le calendrier de l’expansion du service en France n’est pas communiqué.
