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Autour de l'avenir d'Ascoval, la confusion règne
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Autour de l'avenir d'Ascoval, la confusion règne

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C'est l'offre du suisse Schmolz + Bickenbach qui a été retenue fin janvier par le TGI de Strasbourg pour la reprise des sites d'Asco Industrie (Ascométal). Préférée à la proposition de l'anglais Liberty House, elle met en péril l'avenir du site d'Ascoval, à Saint-Saulve (Nord), et ses quelque 300 emplois.

Le groupe Asco Industrie, en voie d'être repris par le suisse Schmolz + Bickenbach, est spécialisé dans les aciers spéciaux. L'offre de reprise retenue ne comprend pas l'aciérie de Saint-Saulve, dont les 300 emplois sont de fait menacés — Photo : Pxhere

La décision du tribunal de grande instance de Strasbourg, le 29 janvier, de préférer l'offre émanant du groupe suisse Schmolz + Bickenbach à celle de l'anglais Liberty House pour la reprise des aciéries du groupe sidérurgique Asco Industrie (Ascométal), a étonné autant qu'elle a révolté en région. Soutenue par les syndicats, les administrateurs et les mandataires judiciaires d'Asco Industrie - mais aussi par les élus des régions concernées -, l'offre de Liberty House semblait en effet la plus complète.

Quatre sites sauvés sur six

Liberty House promettait en effet d'investir 300 millions d'euros sur cinq ans sur les six sites français cédés par Asco Industrie : Saint-Saulve et Les Dunes (Nord), Custines (Meurthe-et-Moselle), Le Marais (Loire), Fos-sur Mer (Bouches-du-Rhône) et Hagondange (Moselle). Surtout, Liberty House promettait de pérenniser l'ensemble des sites, y compris Fos-sur-Mer, une partie d'Hagondange et Saint-Saulve (détenu à 60 % par Ascométal et à 40 % par Vallourec), et de sauvegarder les 1 500 emplois permanents du groupe. Les présidents des régions Hauts-de-France, Grand-Est et Paca avaient fait savoir mi-janvier qu'ils étaient prêts à participer au tour de table à hauteur de 20 millions d'euros.

En face, Schmolz + Bickenbach a mis 195 millions d'euros sur la table, dont 82 millions d'euros investis sur les sites dans les quatre ans, sans solliciter d'aides. Le groupe suisse s'engage lui aussi à conserver le site de Fos-sur-Mer, mais annonce son intention de fermer, à terme, l'ensemble de l'aciérie d'Hagondange. Et l'offre exclut d'emblée le site de Saint-Saulve, dont l'activité est redondante avec les aciéries allemandes du groupe. Les 300 emplois du site sont donc menacés, sans compter ceux chez ses nombreux sous-traitants.

Pour Xavier Bertrand, « le compte n'y est pas »

À Saint-Saulve, où les équipes ont débrayé immédiatement après l'annonce, c'est la douche froide. D'autant plus que lors de son très médiatique passage chez Toyota Valenciennes, le 22 janvier, Emmanuel Macron avait fait dire à la maire de la ville, très inquiète pour son aciérie, qu'elle pouvait « dormir sur ses deux oreilles », rapportent plusieurs médias régionaux. Le site s'est vu accorder un délai d'un an lors d'une réunion à Bercy, le 30 janvier.

Un an de sursis qui risque de ne pas changer grand-chose à l'issue, déplorent les acteurs régionaux et en premier lieu, Xavier Bertrand, qui maintient que « le compte n'y est pas ».

De leur côté, les salariés refusent de reconnaître un accord conclu en leur absence. Une nouvelle réunion est prévue à Bercy début février pour tenter de pacifier la situation. Dans l'intervalle, le Conseil régional, qui siège le 1er février, devrait adopter une motion pour tenter de faire pression sur le gouvernement, « grand absent du dossier » selon les élus.

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