Auchan Retail termine son exercice 2021 avec un chiffre d’affaires de 30,44 milliards d’euros, en baisse de 2,2 % à données comparables (hors change et essence) et un résultat net en baisse de près de 50 %, qui passe de 678 à 344 millions d’euros. Si le distributeur affiche "une dynamique positive" dans l’ensemble des pays où il est présent, en matière de taux d’Ebitda et de rentabilité, il reste à la peine en France. Or, avec 16,233 milliards d’euros (- 4,6 % sur l’année écoulée, en comparaison), l’Hexagone représente 53 % du chiffre d’affaires global du distributeur. "Quand la France tousse, cela a un impact fort sur Auchan Retail. Hors Hexagone, la progression du chiffre d’affaires serait de 0,4 % en 2021", commente Yves Claude, président d’Auchan Retail et président exécutif d’Auchan France. L’une des priorités du nouveau dirigeant sera donc de redresser la situation de l’enseigne en France, dont les difficultés restent en partie liées à la crise sanitaire, ainsi qu’à un modèle vieillissant.
Une nouvelle gouvernance tente sa chance
"Même si ça a été long, aujourd’hui la gouvernance est en place pour aider les équipes opérationnelles", commente Yves Claude, dans une référence discrète aux changements de direction opérés ces dernières années, pas moins de quatre en cinq années pour la France. Arrivé en août dernier, ce dirigeant succède à un binôme resté en place à peine 6 mois, constitué d’Alexandre Mulliez, petit-fils du fondateur de l’enseigne Gérard Mulliez et de Francis Cordelette. Pour relever ce défi, Yves Claude compte sur le soutien de Philippe Brochard, directeur général d’Auchan France et ex-dirigeant d’Auchan Russie, qui a réussi le retournement de l’enseigne dans ce pays. Avec 231 magasins, Auchan y affiche une progression de son chiffre d’affaires de 4,5 % entre 2020 et 2021, qui s’établit à 3,2 milliards d’euros, et une hausse de 23 % de l’Ebitda. Au total, le distributeur réalise un chiffre d’affaires de 8,4 milliards d’euros en Europe centrale et de l’Est (28 % du CA global), dont l’Ukraine. Yves Claude a toutefois refusé de répondre aux questions sur ce pays, "compte tenu de l’actualité", indiquant simplement que fin février, "80 % de nos magasins restaient ouverts, ce qui est fondamental pour la population".
Espérons que les recettes du succès russe seront transposables dans l’Hexagone. Yves Claude est en tout cas resté vague sur les modalités du retournement en France. Le dirigeant continue de miser sur les retombées du plan Renaissance, lancé en 2019. Ce plan, qui a notamment comporté la cession des magasins déficitaires en Italie, au Vietnam et en Chine, a déjà permis de réaliser près de 900 millions d’euros d’économies structurelles depuis son lancement, dont 221 millions en 2021, avec un objectif d’1,4 milliard d’euros à l’horizon 2023.
Une stratégie orientée vers la satisfaction clients
Pour la suite des événements, pas de grande révolution annoncée. La nouvelle direction compte sans surprise s’attaquer au format des hypermarchés, identifiés comme étant en perte de vitesse depuis plusieurs années. Ce format "constitue une part significative du parc en France". Ainsi, dans l’Hexagone, "40 % de la baisse des revenus des hypermarchés est portée par 20 magasins (sur 112) situés près des frontières, en zones tertiaires ou touristiques, zones très fortement touchées par les conséquences des décisions gouvernementales", précise la direction. Mais bien avant la crise, le format de l’hypermarché n’était pas au beau fixe.
"Si les résultats d’Auchan France baissent, c’est que le client ne s’y retrouve pas complètement", commente Yves Claude. Il évoque ensuite, sans trop de précisions, un "travail sur l’offre, avec une priorité sur des produits bons, sains et locaux", mais aussi une enseigne qui doit devenir synonyme d'"innovations produits". Le dirigeant évoque encore une accélération sur le volet digital, qui représente un chiffre d’affaires de 2,1 milliards d’euros en 2021, soit 7,2 % du chiffre d’affaires global de l’enseigne. "Nous allons accélérer avec le déploiement de points de collecte, c’est une priorité pour 2022-2023". Autre point évoqué, la relance des investissements : "notre trésorerie est saine et nous permet d’avoir les moyens de nos ambitions". Pour finir, le nouveau dirigeant résume ainsi son programme, sans s’engager sur un calendrier : "Notre stratégie est double. C’est à la fois une stratégie d’Ebitda, car nous ne pouvons pas nous permettre d’avoir un Ebitda qui décroche. Mais la priorité reste la course à la satisfaction client. C’est un travail de fond mené par les équipes produits, avec des résultats qui se mesureront en mois ou en années".
