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Atelier Crouzet Agencement : « Les apprentis sont une ressource pour l'entreprise »
Interview Nord # Fabrication de meubles # Artisanat

Jean-Maurice Morque gérant d'Atelier Crouzet Agencement Atelier Crouzet Agencement : « Les apprentis sont une ressource pour l'entreprise »

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Dirigeant de la PME Atelier Crouzet Agencement (26 salariés, 2 M€ de chiffre d'affaires), spécialisée dans l'agencement de bars et de restaurants à Roubaix, Jean-Maurice Morque est un fervent militant de l'apprentissage. Alors que certains dirigeants hésitent à prendre apprentis et alternants à la rentrée, il monte au créneau.

Jean-Maurice Morque est dirigeant de Crouzet Agencement, à Roubaix, depuis une dizaine d'années. Un tiers de ses effectif sont des apprentis — Photo : Crouzet Agencement

Le Journal des Entreprises : Vous prenez position en faveur de l’apprentissage à un moment où beaucoup de jeunes ont du mal à trouver des entreprises prêtes à les accueillir pour septembre. Quel est le message que vous adressez à vos pairs dirigeants ?

Jean-Maurice Morque : En ce moment, je croise pas mal de chefs d’entreprise qui n’ont pas envie de prendre des apprentis, vu le contexte compliqué. Mais il faut justement lutter contre cette atmosphère négative, et la crainte qui monte, en ayant conscience qu’il n’y a pas mieux qu’une équipe diversifiée pour rebondir en temps de crise. Personnellement, depuis que j’ai repris mon entreprise il y a dix ans, j’ai toujours accueilli de nombreux jeunes en apprentissage. Sur 27 salariés, j’ai en permanence neuf apprentis, et je pense sérieusement en embaucher un dixième pour septembre. Cela demande de développer une certaine expertise administrative puisque, chaque année, quatre ou cinq apprentis nous quittent, et autant arrivent. Le jeu en vaut la chandelle, tant ces jeunes apportent à mes équipes en termes de diversité de profils et de dynamisme. Ils offrent une vraie respiration, et un regard singulier sur nos métiers. On récupère souvent des décrocheurs scolaires dans l’artisanat, cela peut leur offrir une vraie chance de trouver leur voie. Mais ça peut donner des personnalités un peu rebelles. J’en ai un comme ça, qui pousse un peu parfois. À plusieurs reprises, son refus de faire certaines tâches qu’il juge inutiles m’a poussé à m’interroger sur ce que je lui faisais faire, et la pertinence de certains choix. J’ai coutume de dire qu’ils ne sont pas des apprentis, mais des « transformateurs » de patrons. Et j’y souscris à 200 %.

Avez-vous constaté qu’ils peuvent également transformer l’entreprise ?

Jean-Maurice Morque : La jeunesse est une ressource inouïe pour générer de l’optimisme. Et la diversité des profils dans l’équipe donne une réelle souplesse à l’entreprise pour traverser les crises, je l’ai encore constaté avec celle du coronavirus. Les jeunes n’ont pas le temps de s’inquiéter pour aujourd’hui, ils imaginent déjà demain. Avec eux pas le temps de se morfondre, il faut avancer, c’est un moteur énorme ! C’est ainsi que, pour soutenir nos clients restaurateurs, nous avons lancé le Toque Lab, pour réfléchir à une nouvelle conception des sanitaires des restaurants, et les aider à assurer la sécurité de leur clientèle. Mes apprentis ne sont pas une charge pour l’entreprise, mais une ressource. En ayant un large groupe d’apprentis, ils savent que ce sera facile de s’intégrer et de trouver sa place, et ça joue dans l’attractivité de l’entreprise. Contrairement à beaucoup d’autres, je n’ai aucun problème de recrutement. Quand j’ai un poste à pourvoir, j’ai toute une communauté d’anciens apprentis, bien formés, à contacter !

Vous pointez également un effet surprenant de la présence d’apprentis au sein de votre entreprise…

Jean-Maurice Morque : Depuis que je prends des apprentis à l’atelier, je déplore beaucoup moins d’accidents graves. Et ce alors que dans les scieries comme la nôtre les accidents type mains ou doigts coupés concernent surtout des gens très compétents, parfois en toute fin de carrière. Ils sont en confiance, ils se savent compétents et la vigilance baisse. Or, la présence des apprentis autour des machines oblige tout le monde à transmettre, et donc réviser en permanence les bons gestes de sécurité. En présence des jeunes, tout le monde les met en pratique, est plus vigilant. C’est une idée fausse que la transmission serait une perte de temps.

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