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Archéologie, militaire, santé : Artéka innove dans l'imagerie multispectrale
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Archéologie, militaire, santé : Artéka innove dans l'imagerie multispectrale

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Fondée en 2019 pour détecter des vestiges historiques à l’aide de caméras multispectrales, la start-up Artéka, basée à Amiens, a été repérée par l’Armée. Depuis, elle se diversifie vers le militaire mais aussi le médical, pour détecter les cancers de la vessie.

Cyrille Chaidron est archéologue et continue d’exercer ce métier tout en développant la start-up Artéka — Photo : Lise Verbeke

Artéka, c’est le fruit d’une rencontre en 2019 entre Cyrille Chaidron, un archéologue amiénois, et Sébastien Lermenier, un spécialiste en thermographie infrarouge. Ils ont mis au point un protocole unique d’inspection des sols à l’aide de caméras fixées sur des drones. "En modifiant les capteurs infrarouges pour varier la longueur d’onde, nous pouvons voir des choses invisibles à l’œil nu, sous la végétation ou dans le sol", détaille Cyrille Chaidron. Son expertise d’archéologue lui permet alors de repérer, "des bâtiments et des voies romaines, des tranchées de la Première Guerre mondiale, un impact d’obus, etc."

Très vite, cette capacité à "scanner les terrains" devient une opportunité dans le domaine du génie civil. Repéré lors d’un concours de start-up à Lille, Artéka décroche un gros client : Suez. "Notre innovation permet de repérer au centimètre près des réseaux électriques et des réseaux d’eau, ce qui évite de devoir faire des travaux à l’aveugle dans un champ par exemple", décrit Cyrille Chaidron. Aujourd’hui, la jeune société travaille également avec l’Agence de l’eau, Enedis et le groupe d’ingénierie Edeis. La start-up, qui ne compte pas d’autres collaborateurs que ses deux fondateurs, a atteint 100 000 euros de chiffre d’affaires sur les sept premiers mois de son activité.

Un projet pour l’Armée

Il y a un an, l’Armée contacte Cyrille Chaidron. "Ils nous ont demandé de trouver un protocole capable de détecter les mines antipersonnel ou les bombes artisanales, notamment au Mali". La start-up travaille sur un système associant l’analyse multispectrale et l’intelligence artificielle. "Nous avons créé un modèle capable de reconnaître dans un environnement précis une anomalie, et donc potentiellement une mine". Toujours en phase de test, Artéka devrait présenter ce projet d’ici fin 2021 à l’Armée. Un projet totalement autofinancé, "grâce à nos prestations de drone dans l’aménagement et l’archéologie", qui représente 70 % de l’activité.

Détecter des cancers de la vessie

Et cette solution associant l’intelligence artificielle n’aura pas uniquement une version militaire. Artéka travaille aussi à une version médicale, pour détecter les cancers de la vessie. Contactée par le professeur Fabien Saint, chirurgien-urologue au CHU d’Amiens, la start-up développe cette technologie dans le cadre d’un appel à projets du pôle lillois Eurasanté.

Le système d’intelligence artificielle est embarqué sur des caméras endoscopiques, analyse le flot d’images et permet de repérer les plus petites anomalies, sans réseau internet. Cette solution serait moins onéreuse et moins risquée que celle utilisée actuellement, à savoir l’injection d’un réactif dans le patient, qui fait apparaître en "lumière bleue", avec des caméras spécifiques, la tumeur. "Nous sommes approchés par des investisseurs spécialisés dans le domaine médical. Nous avons aussi rencontré un fabricant potentiel dans la région, qui serait intéressé pour produire ce système et de l’adapter aux normes médicales", se réjouit Cyrille Chaidron.

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