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Après sa reprise à la barre du tribunal, l'imprimerie Léonce Deprez s'ajuste à son marché
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Après sa reprise à la barre du tribunal, l'imprimerie Léonce Deprez s'ajuste à son marché

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Face à un marché en pleine mutation, l’imprimerie centenaire Léonce Deprez, basée à Wancourt (Pas-de-Calais), est entrée en redressement judiciaire en 2019. Reprise en janvier par le fils de son ex-dirigeant, aux côtés de nouveaux actionnaires, elle ouvre un nouveau chapitre de son histoire.

Léonce-Antoine Deprez, repreneur et dirigeant de l’imprimerie familiale Deprez — Photo : Yannick Lefrère

L’an prochain, l’imprimerie familiale Léonce Deprez sera bel et bien centenaire. Rien n’était moins sûr il y a encore quelques mois quand l’entreprise, basée à Wancourt (Pas-de-Calais) et spécialisée dans la presse moyen tirage (5 000 à 200 000 exemplaires), a déposé le bilan. Ce n’est pas tant la crise sanitaire que la crise de la presse, liée à l’internet et à la digitalisation des contenus, qui a plongé l’imprimerie dans les difficultés. "Dans les années 2010, il y a eu une baisse importante des ventes et donc des volumes, avec pour conséquence une surcapacité de production en France et une nette chute des prix sur un marché concurrentiel ", expose Léonce-Antoine Deprez, directeur général. En 2015, les impayés des clients s’élevaient à un million d’euros. " Alors, en 2018, on a dit stop, poursuit-il, ça sonnait la fin de notre business model, il fallait réfléchir autrement pour redevenir rentable. "

Une taille ajustée au marché

Il a donc fallu réduire la capacité de production sur deux et non plus trois rotatives ; baisser les effectifs (déjà passés de 165 à 75 salariés en une dizaine d’années) et concentrer toute l’activité d’impression et de façonnage sur un seul site, en fermant celui de Ruitz (Pas-de-Calais). Cependant, l’entreprise, endettée, n’avait pas les moyens de licencier. " On a donc été placé en redressement judiciaire, en 2019, pour figer les dettes, obtenir des aides pour les licenciements et prendre le temps de repartir sur un nouveau projet ", indique Léonce-Antoine Deprez.

Le plan de cession était une stratégie risquée. Un autre candidat acquéreur (l’imprimerie nordiste Mordacq, à Aire-sur-la-Lys) voulait reprendre l’entreprise. Mais c’est le dossier présenté par Léonce-Antoine Deprez, fils de l’ex-PDG Léonce-Michel Deprez, avec ses nouveaux associés, Christophe Fajardy (directeur industriel) et l’imprimeur parisien Sprint (spécialisé dans l’ennoblissement numérique), qui a eu les faveurs du tribunal de commerce d’Arras en janvier dernier. " L’offre était solide, assure le directeur général. On repart sur un plan à 15 millions d’euros de chiffre d’affaires (40 M€ avant la crise de la presse et 25 M€ avant le dépôt de bilan NDLR). On s’appuie sur nos fidèles clients les plus solvables. On a eu la confiance de quelques fournisseurs et des banques et on préserve 57 emplois sur les 75 restants. "

Une nouvelle agilité

Un nouveau nom, ILD, incarne cette mutation : " On a réinjecté 1,5 million d’euros pour moderniser l’outil de travail sur le site de Wancourt, où l’on rapatrie actuellement les secteurs du façonnage et du routage. On réduit ainsi notre impact environnemental en économisant 300 000 euros par an en transport. Nos rotatives sont désormais connectées à nos outils de gestion et toute la société a été digitalisée. " Et le directeur général de conclure : " Nous devenons le rotativiste le plus rapide du marché. Nous imprimons une revue en deux ou trois jours. Notre nouvelle structure est agile, flexible et réactive. Ce sont les trois fondamentaux pour être en adéquation avec les exigences d’une imprimerie du 21e siècle. "

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