Alsace, Bretagne, Nord.Cet agro qui s'agrippe
# Agroalimentaire # Innovation

Alsace, Bretagne, Nord.Cet agro qui s'agrippe

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Image, innovation et valeur ajoutée. Souvent familiales, ces entreprises de l'agroalimentaire jouent aussi la carte maîtresse de l'identité régionale pour doper les ventes, sans forcément renoncer à la production de masse.Alsace, Nord-Pas-de-Calais mais aussi Bretagne comptent de très belles réussites dans leurs rangs.
— Photo : Le Journal des Entreprises

Certes le secteur agroalimentaire n'est pas épargné par la crise et connaît son lot de difficultés. Dans ce contexte, la tendance est surtout aux discours pessimistes, mais certaines entreprises françaises résistent encore et toujours à cet envahisseur morose. Leur secret ? Une potion dont le principal ingrédient est l'identité régionale.




Ces régions oùl'agroalimentaire s'en sort

Si l'on parle beaucoup des difficultés de l'agroalimentaire breton (Gad pour le porc ou encore Doux pour le poulet), c'est oublier un peu vite que la Bretagne représente 13,4 % du chiffre d'affaires français. Et que des entreprises se portent bien, à l'image d'Altho et de ses chips Bret's, PME propriété de la famille Glon. Leur stratégie de croissance repose sur cet ADN breton. La société fait cohabiter ses chips aux marques distributeurs (80 % de ses volumes) et sa marque Bret's, porteuse d'identité et d'une gamme premium. Si la GMS tire les volumes, la croissance de l'entreprise se fait sur les deux segments.Dans le Nord - Pas-de-Calais, où l'agroalimentaire est le 1er secteur industriel par son chiffre d'affaires, plusieurs entreprises jouent aussi cette carte du régionalisme : c'est le cas par exemple de la bière La Ch'ti. « Le marché global de la bière en France enregistre un recul de 10 % à cause des taxes », indique Annick Castelain, dirigeante de la brasserie du même nom qui réalise un CA 2012 de 7 M€, avant d'ajouter : « Dans ce contexte, les brasseries les plus petites s'en sortent mieux. Les consommateurs nordistes savent par exemple que la bière La Ch'ti est fabriquée chez eux, et le reste des Français sait que le Nord est une terre de bière ».Également terre de gastronomie, l'Alsace n'est pas en reste. L'agroalimentaire représente 4 % du chiffre d'affaires de la filière au plan national. « En Alsace certaines entreprises agroalimentaires se portent mieux que d'autres en France, notamment celles travaillant des produits à fort ancrage régional, explique Manou Massenez, présidente de l'ARIA, agence régionale des industries alimentaires d'Alsace. L'agroalimentaire alsacien dispose de marques fortes (Pierre Schmidt, Valfleuri...) plébiscitées par les consommateurs locaux : la grande distribution ne peut donc pas s'en passer. »Le bretzel en est un exemple, mais il est produit par plusieurs sociétés à grande échelle. L'une d'elles, la boulangerie Poulaillon a fait le choix de l'innovation autour de ce produit emblématique. Son fondateur, Paul Poulaillon, en a modifié la recette il y a 20 ans pour créer un petit pain brioché, salé, au goût de bretzel mais plus moelleux : la Moricette. Un nom déposé qui fait le succès de l'entreprise désormais dirigée par son fils Fabien : « Nous devrions réaliser 40 M€ de chiffre d'affaires en 2013. » Dont 20 % de Moricette et... 3 % de bretzel. Il a fait de ce produit le fer de lance de sa conquête du marché.






Peser à l'export

À l'étranger également, l'argument régional est une force. « Nos entreprises bénéficient de l'image gastronomique alsacienne, du succès de ses vins et de ses chefs à l'étranger, un coup de pouce non négligeable pour exporter », poursuit Manou Massenez. Même si la situation est tendue en temps de crise : « Notre filière est surtout composée de TPE et PME et on voit bien que les ETI (Pierre Schmidt par exemple) s'en sortent mieux. Les produits du terroir peinent à franchir les frontières à l'export mais aussi hors d'Alsace... »En Bretagne, Soreal, le spécialiste des condiments et assaisonnements commercialisés sous sa marque Ilou engrange 20 M€ de chiffre d'affaires et reste rentable. C'est l'export qui devrait tirer l'entreprise dans les prochaines années. « Nous devons passer de 10 à 50 % d'ici à 4 ans », note le P-dg Gilles Bocabeille, également président du Groupement des fédérations industrielles (GFI) de Bretagne.




Marques territoriales

Dans le Nord - Pas-de-Calais aussi, cela fonctionne, comme le révèle le cas de la marque collective "Perle du Nord", sous laquelle sont regroupés quelque 175 endiviers de la région. Celle-ci représente un chiffre d'affaires de 85 M€ et près de 50 % de la production nationale d'endives. Pour tirer son épingle du jeu, Perle du Nord joue sur deux tableaux : la commercialisation et l'innovation. « On se bat tous les jours sur les prix et on contribue à tirer la filière vers le haut », explique Patrick Petitpas, directeur général de la marque.Le regroupement, une stratégie bien connue des Bretons. Dès 1993, naissait Produit en Bretagne. Son objectif : valoriser l'acte d'achat et les produits qui sont fabriqués en Bretagne. L'association regroupe plus de 300 entreprises, mais se défend de faire du terroir. « Nous allons au-delà des produits identitaires comme la crêpe. Nous défendons un savoir-faire breton dans toute l'agroalimentaire », explique le directeur, Malo Bouëssel du Bourg.Une démarche suivie par les Alsaciens : « Pour doper notre compétitivité, nous avons un programme d'actions axé sur un soutien à l'export et à l'innovation qui porte ses fruits : la marque bannière alimentaire "Savourez l'Alsace", la présence de 30 entreprises sur le stand collectif du SIAL, et de 17 au salon ANUGA à Cologne...

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