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Alexis Devillers (Alive Groupe) : "Le secteur de l'évènementiel a été considérablement transformé par la crise"
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Alexis Devillers (Alive Groupe) : "Le secteur de l'évènementiel a été considérablement transformé par la crise"

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Le spécialiste lillois de l’évènementiel Alive Groupe vient d’organiser son premier "Summit", qui a réuni près de 1 500 personnes sur deux jours, dans ses nouveaux locaux à Tourcoing. Une façon festive de marquer le grand retour de l’activité, après 18 mois de crise qui ont durement touché l’ensemble du secteur.

Alexis Devillers est le dirigeant de la société lilloise Alive Groupe, qui voit son activité redémarrer après de longs mois d’immobilisme lié à la pandémie — Photo : Alive Groupe

Vous avez convié, pendant deux jours, des clients et des partenaires dans vos locaux pour découvrir les dernières innovations dans l’évènementiel. Comment est née l’envie d’organiser ce premier "Summit"?

Alexis Devillers : On s’est dit que dès qu’on le pourrait, on organiserait un évènement en présentiel, pour le plaisir de se retrouver, mais aussi pour prouver que c’est possible. Nous avons reçu 1 500 personnes sur deux jours, en respectant tout le protocole sanitaire, avec contrôle des passes, tests rapides à l’entrée… Nous avions à cœur de montrer l’exemple. Et ça faisait un bien fou de se retrouver ! L’idée était aussi de montrer le nouveau visage de l’évènementiel, après la pandémie qui a changé beaucoup de choses dans nos métiers. Nous avons présenté les évolutions du groupe Alive mais aussi, permis à des start-up, sélectionnées au travers d’un appel à candidatures, de présenter leurs innovations.

Malgré ces 18 mois très difficiles, Alive Groupe s’est en effet bien transformé…

Alexis Devillers : Ce n’est pas parce qu’on a été à l’arrêt que l’on a chômé ! Paradoxalement, cela nous a libéré du temps pour avancer sur des dossiers en suspend. Alive Groupe a connu une métamorphose profonde pendant la période. Nous avions déménagé à la veille du premier confinement, pour nous installer dans d’anciens locaux de La Redoute. À cause de la pandémie, nous avons revu notre projet, pour répondre aux nouveaux besoins de notre clientèle. Ainsi, des espaces prévus pour être des showrooms ont été dédiés à la visioconférence, pour devenir par la suite une quinzaine de véritables studios télé. Le groupe s’est également transformé au fil d’opérations de croissance externe, puisque nous avons racheté une imprimerie tourquennoise, ARM, début 2020, puis le parisien JMT, leader de la location de mobilier, en février dernier. Nous avons donc considérablement étendu nos services, pour être en mesure de proposer une offre entièrement intégrée à nos clients. En consolidé, et si l’on se réfère aux chiffres de 2019, Alive Groupe représente aujourd’hui 400 collaborateurs, pour 50 millions de chiffre d’affaires. Et nous comptons bien renouer avec la croissance, pour atteindre les 56 millions d’euros en 2022.

Comment cette saison 2021-2022 s’annonce-t-elle ? Va-t-il enfin y avoir un retour à la normale dans l’évènementiel ?

Alexis Devillers : Le début d’année 2021 a été aussi compliqué que 2020, mais depuis le mois de juin, on sent la reprise. Elle se confirme en septembre, avec le retour des salons et d’un certain nombre d’évènements professionnels. Cette année, nous devrions pouvoir retrouver environ 80 % du chiffre de 2019. Mais l’environnement a été considérablement transformé par la crise. Par exemple, elle a accéléré la structuration de la filière, qui est passée d’une organisation très artisanale, avec beaucoup de TPE, à un ensemble de PME-ETI, plus importantes et plus rassurantes pour les clients. Surtout, on n’est plus du tout sur les schémas d’avant, avec une planification à six mois des évènements, des billets qui s’arrachent à l’avance, etc. Il va falloir faire preuve d’une très grande agilité, les évènements vont désormais se monter du jour au lendemain, ou presque.

Quelles leçons tirez-vous de la crise ?

Alexis Devillers : Ça a été très éprouvant pour tout le monde, et en premier lieu les équipes qui ont eu pendant de longs mois l’impression de travailler pour des évènements qui étaient systématiquement annulés au dernier moment. Ça a été usant. D’ailleurs, un certain nombre de mes salariés, des menuisiers ou des tapissiers par exemple, ont quitté le secteur pour aller travailler dans le BTP, qui leur offrait davantage de visibilité. D’un point de vue sectoriel, l’évènementiel de demain ne sera plus le même. Les confinements et l’accélération du numérique, déjà, ont fait prendre conscience à tout le monde que tous les évènements n’étaient pas indispensables. Parfois, le distanciel est aussi efficace, et plus intéressant d’un point de vue environnemental et économique, que le présentiel. Mais le numérique ne remplacera jamais tout, et notamment les émotions du spectacle vivant, qui ne peuvent se partager qu’en direct.

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