Agence européenne des médicaments : potion amère pour Lille
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Agence européenne des médicaments : potion amère pour Lille

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Lille n'a pas été choisie pour accueillir le nouveau siège de l’Agence européenne des médicaments, qui devra déménager de Londres suite au Brexit. Les acteurs économiques et politiques régionaux, très mobilisés pour accueillir les 900 salariés de l'institution, expriment leur amertume après l'annonce du choix d'Amsterdam.

— Photo : Pixabay

La nouvelle vient de tomber : la métropole lilloise n’accueillera pas l’Agence européenne des médicaments (AEM). Basée à Londres, celle-ci est amenée dans le cadre du Brexit à s’installer ailleurs dans l’Union Européenne. 19 villes, dont Lille, étaient candidates à l’accueil de cette agence qui emploie près de 900 salariés. La candidature lilloise était portée par la Région Hauts-de-France, la ville de Lille, la Métropole lilloise et la filière santé régionale. Mais c’est Amsterdam qui l’a finalement emporté.

Une candidature retoquée

Quelques semaines avant le vote du 20 novembre, les choses semblaient plutôt bien parties. La candidature de la métropole était plébiscitée par « 53 % des chercheurs de l’AEM » selon une déclaration de Martine Aubry, fin octobre, lors d’un déplacement de 250 acteurs économiques régionaux à Londres. Des acteurs économiques qui n’ont d’ailleurs pas ménagé leurs efforts pour tenter de convaincre, entre déplacements, promesses d’améliorer les faiblesses de la région en langue anglaise – notamment au niveau de l’enseignement – et proposition mi-juillet d’un bâtiment sur-mesure de 30.000 m² construit spécialement d’ici 2019 pour l’AEM, en plein cœur de Lille. « Le choix des salariés de l'AEM est important car s'ils quittent cette institution, celle-ci risque de tomber en panne », notait Xavier Bertrand, président de la Région Hauts-de-France lors de ce même déplacement. Important mais pas suffisant, car la candidature lilloise a été largement retoquée par les Etats membres lors du vote final à Bruxelles. La métropole n’a recueilli que les voix de la France et s’est retrouvée dans les toutes dernières places du classement.

La responsabilité d’Emmanuel Macron évoquée

Les élus régionaux n’hésitent pas à faire porter la responsabilité de cet échec au président de la République, Emmanuel Macron. Son soutien était en effet indispensable et son manque d’engagement pressenti, ainsi que le révèle cette déclaration de Xavier Bertrand faite fin octobre : « Pour que nous puissions l'emporter, il faut que le président de la République se mobilise. Nous avons nos chances, mais il faut faire le boulot ». Deux courriers avaient aussi été adressés début novembre au président, un de la part du Clubster Santé et l’autre de 59 entreprises (OVH, Roquette, Boulangeries Paul, Ramery, etc.) et institutions régionales, pour lui demander de se mobiliser davantage. Ainsi, au lendemain du vote, les reproches se multiplient sur Twitter, de la part notamment de Xavier Bertrand ou de la maire de Lille Martine Aubry :

Avant le vote, il se murmurait dans le milieu économique régional que le président de la République avait fait le choix stratégique de concentrer plutôt ses efforts sur la candidature de Paris à l’accueil de l’Autorité Bancaire Européenne, dans le cadre du Brexit. Une candidature que Paris a d’ailleurs remportée ce 20 novembre.

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