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Actionnariat salarié : « J’ai ouvert le capital d’Enygea aux cadres »
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Actionnariat salarié : « J’ai ouvert le capital d’Enygea aux cadres »

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En 2012, Hervé Montagne, dirigeant de la société WC Loc et président du holding Enygea à Lille, a décidé d’ouvrir le capital de son groupe à ses salariés. Il raconte pourquoi et comment.

— Photo : Enygea

« Les salariés cadres sont entrés au capital d’Enygea en 2012, lors d’un deuxième LBO, via l’achat d’actions et la distribution d’actions gratuites. Les salariés cadres ont détenu 1,6 % du capital jusqu’en décembre 2017, où leur part est passée à 2,39 %, grâce au rachat d’actions, lors d’un troisième LBO. Et dans le courant de l’année, je compte distribuer encore 1 % du capital sous forme d’actions gratuites.

Un outil de motivation

Les cadres sont les premiers acteurs de la richesse de l’entreprise, je trouve donc normal qu’ils soient intéressés. C’est un outil de motivation : quand une personne travaille, elle a le sentiment de le faire aussi pour elle. Lors du troisième LBO, en 2017, les salariés qui avaient misé dès 2012 ont été satisfaits de la valorisation de leur titre : d’une certaine manière, ils perçoivent mieux le fruit de leur travail. Aujourd’hui, 17 salariés cadres détiennent environ 3 % du capital. Dans l’idéal, j’aimerais qu’ils détiennent 10, 15, voire 20 % du capital, en lieu et place d’un investisseur financier qui n’a pas vocation à s’impliquer dans l’entreprise. Mais c’est difficile à mettre en œuvre. Notamment parce que les salariés n’ont pas forcément beaucoup d’épargne à investir : les tickets moyens varient entre 3 000 et 20 000 €. C’est la raison pour laquelle je renforce leur part avec des actions gratuites mais dans ce cas, ce sont les miennes que je distribue. Et il y aussi la question de la fiscalité sur ces actions gratuites… Ces 10 à 20 % restent un objectif à terme, mais je ne sais pas encore comment y arriver. Ce serait plus significatif que 3 % et cela me permettrait de ne plus être seul à refléter l’entreprise auprès des actionnaires investisseurs. Enfin, cela permet de détecter les salariés qui souhaitent s’engager sur le long terme : ceux qui n’ont pas souhaité investir en 2012 ont quitté l’entreprise depuis…

Les limites du système

Quand nous nous sommes lancés en 2012, c’était nouveau pour moi comme pour les salariés. Nous avons tâtonné. J’ai été surpris de constater à quel point les salariés étaient néophytes dans le domaine juridique… Avec le recul, je dirais que l’un des inconvénients, c’est d’avoir à gérer 17 actionnaires pour moins de 3 % du capital. C’est contraignant pour une PME qui, contrairement à un groupe, ne peut pas affecter une personne à temps plein là-dessus. Un autre inconvénient est la difficulté à gérer la sortie des salariés actionnaires. Il faut soigner la rédaction du pacte d’associés salariés, qui définit clairement les règles du jeu et les conditions en cas de sortie. Notre objectif premier était d’obliger le salarié à vendre ses actions s’il venait à quitter l’entreprise et d’en définir le prix, sachant qu’il est différent en cas de sortie à l’amiable ou de faute grave. En cas de revente du groupe, les salariés sont aussi dans l’obligation de revendre leurs actions. Ce pacte d’associés est capital pour sécuriser le salarié comme le groupe. En 2017, nous l’avons d’ailleurs revu, pour faire bouger certains curseurs. Enfin, cette ouverture de capital oblige le dirigeant à plus de transparence sur sa stratégie, mais je trouve cela sain. »

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