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Vers la disparition du ticket de caisse dans les commerces
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Vers la disparition du ticket de caisse dans les commerces

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Deux grandes enseignes alimentaires viennent d’annoncer qu’elles mettent fin à l’impression systématique des tickets de caisse dans leurs magasins. Au-delà de l’argument écologique, l’opération est aussi un enjeu fort en termes d’image.

Sauf demande contraire du client, l’impression de tickets de caisse sera interdite en 2023 — Photo : Industrieblick

Désormais, les clients de Carrefour et de Système U ne recevront plus obligatoirement de ticket de caisse après avoir réglé leurs courses. Les deux enseignes ont en effet annoncé mi-avril qu’elles mettaient fin à l’impression systématique du ticket de caisse au sein de leurs magasins. La décision a été largement anticipée : chez Carrefour, le dispositif est testé depuis un an dans les magasins de proximité et les supermarchés. Il est désormais étendu à l’ensemble des hypermarchés. Chez Système U, le dispositif a été progressivement déployé. Depuis le 6 mai, l’ensemble des magasins demandent systématiquement à leurs clients s’ils souhaitent ou non que leur ticket de caisse et leur reçu bancaire soient imprimés.

Bientôt une obligation légale

Pour ces enseignes, cette nouvelle organisation permet d’abord d’anticiper une contrainte légale : la loi du 10 février 2020, relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire, vise en effet à sortir du "tout jetable". Parmi les dispositions prévues, l’impression et la distribution systématiques de tickets de caisse dans les surfaces de vente et dans les établissements recevant du public seront interdites, au plus tard le 1er janvier 2023. Elles emboîtent ainsi le pas à d’autres enseignes non alimentaires, qui avaient fait figure de pionnières dans ce domaine, comme Boulanger ou Leroy-Merlin. "Cela s’explique par le fait que ces enseignes n’accordent pas la même valeur au ticket de caisse. Le ticket est une facture et une preuve d’achat, notamment pour la garantie. Dématérialiser le ticket de caisse représentait donc un service rendu au client", précise Olivier Dauvers, expert de la grande distribution, qui édite différentes publications sur le secteur comme Vigie Grande Conso. Carrefour ou Système U avancent quant à eux des arguments d’ordre écologique. "Cette décision permettra d’économiser plusieurs milliers de kilomètres de papier chaque année", indique la direction de Carrefour, qui précise que "10 millions de clients qui se passent du ticket de caisse papier, ce sont environ 2 000 kilomètres de papier économisés par an."

Un enjeu de marketing ou d’image ?

Au-delà de l’attention portée à l’avenir de la planète, ce nouveau dispositif pourrait également constituer un intérêt marketing. Le commerçant peut en effet mettre ce ticket à la disposition du consommateur sur son compte client. Il peut également lui proposer de lui transmettre ce ticket par courriel. Dans ce cas, la pratique est très encadrée par le RGPD : les commerçants doivent en effet obtenir le consentement explicite du client pour leur envoyer leur ticket de caisse et des offres promotionnelles éventuelles. Pour Olivier Dauvers, l’intérêt marketing va bien au-delà. Selon l’expert, l’objectif de ces enseignes est plutôt d’afficher une nouvelle posture : "Il y a un intérêt d’image très fort. Les enseignes souhaitent montrer qu’elles prennent une direction vertueuse vers la transition écologique. C’est un totem à moindres frais." Une petite révolution, qui sera probablement rapidement enclenchée auprès d’autres enseignes : "Ça va se passer comme pour le sac en plastique jetable : il faut une ou deux étincelles, puis cela devient normatif. Les autres sont obligés de suivre." La démarche semble en tout cas plébiscitée par les clients : environ 40 % d’entre eux répondent déjà ne pas vouloir de leur ticket de caisse imprimé, si on le leur demande lors du passage en caisse.

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