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 Un plan de bataille à 3 milliards d'euros pour la formation des salariés
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 Un plan de bataille à 3 milliards d'euros pour la formation des salariés

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Le gouvernement a présenté en septembre et octobre 2021 son dispositif pour renforcer la formation professionnelle des salariés afin de répondre aux tensions de recrutement que rencontrent les entreprises. Tour d’horizon des mesures annoncées.

L’État a débloqué 600 millions d’euros pour permettre aux PME de moins de 300 salariés de former 350 000 personnes supplémentaires en 2021 et 2022 — Photo : Monkey Business

Le Premier ministre, Jean Castex, a dévoilé le 27 septembre 2021, les grandes lignes de sa stratégie pour résoudre les difficultés de recrutement des entreprises et amplifier la formation professionnelle continue. "Des mesures essentielles pour répondre non seulement aux besoins de court terme mais aussi pour accompagner les grandes transitions en cours qui feront notre économie de demain, c’est-à-dire les métiers de la transition écologique, du numérique, de l’industrie et des services", a souligné le chef du gouvernement.

Le paradoxe français

Un certain nombre d’emplois sont à pourvoir en France (286 000 au 3e trimestre 2021 selon la Dares), notamment dans les secteurs de l’hôtellerie-café-restaurant, du BTP, de l’industrie, de la santé et du grand âge, du transport ainsi que du commerce. "Nous devons sortir de cette situation paradoxale où coexistent des entreprises qui ne parviennent pas à recruter et des demandeurs d’emploi qui ne parviennent pas à retrouver leur place dans le marché du travail", affirme Élisabeth Borne, la ministre du travail.

"Ce plan vient compenser une des conséquences de la réforme de 2018 qui a asséché les ressources des Opco"

Ce programme de lutte contre les pénuries de main-d’œuvre repose donc notamment sur la formation des salariés. L’État a ainsi débloqué 600 millions d’euros, via le dispositif FNE-formation du Fonds national de l’emploi (FNE), pour permettre aux PME de moins de 300 salariés de former 350 000 personnes supplémentaires en 2021 et 2022.

"Il y a une tension énorme sur la formation des salariés. Ce plan vient compenser une des conséquences de la réforme de 2018 qui a asséché les ressources des Opco (opérateurs de compétences, organismes agréés par l’État pour notamment assurer le financement des contrats d’apprentissage et de professionnalisation, aider les branches professionnelles dans la gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences et aider les TPE et les PME à former leurs salariés, NDLR) estime Bertrand Martinot, économiste de l’Institut Montaigne. Les entreprises de plus de 50 salariés n’ont plus accès aux fonds de formation mutualisés. Certaines se retrouvent donc en difficulté pour financer des formations longues".

Augmentation des aides pour les entreprises

Pour répondre aux nouveaux besoins liés aux mutations économiques et technologiques, le FNE a été abondé pour proposer des formations longues de 400 heures en moyenne, pour des parcours de reconversion ou de transition visant l’obtention d’une qualification professionnelle et permettant de sécuriser durablement les trajectoires professionnelles ; ou des formations courtes de 40 heures en moyenne, pour des parcours de développement des compétences répondant aux enjeux immédiats de reprise particulièrement ciblés pour les TPE et PME. "Ces entreprises vont désormais avoir accès à la formation professionnelle en alternance pour leurs salariés en CDI", explique Bertrand Martinot grâce notamment à l’augmentation de l’aide dont bénéficient ces entreprises pour maintenir la rémunération du salarié durant le temps de la formation, et dont le plafond passe de 3 000 à 9 000 euros.

Un pari sur l’avenir

Le gouvernement a par ailleurs mis de nouveaux moyens financiers sur la table pour soutenir la formation des salariés dans les métiers d’avenir dans le cadre du plan France 2030, annoncé par Emmanuel Macron le 12 octobre 2021. Au total 2,5 milliards d’euros vont être mobilisés, dont 2 milliards seront consacrés à un appel à manifestation d’intérêt (AMI), baptisé "compétences et métiers d’avenir", afin d’adapter les centres de formation et leur permettre de former les jeunes et les salariés aux nouvelles filières et aux activités de pointe. Tous les niveaux de qualification sont ciblés par ces investissements, aussi bien en formation initiale que continue avec pour objectif de former 400 000 personnes par an.

Le gouvernement a publié le 16 décembre 2021 le cahier des charges de l’AMI dans le cadre du volet "compétences" du plan d’investissement France 2030. L’ambition est de répondre aux besoins des entreprises en matière de formation et de compétences nouvelles pour les métiers d’avenir et de permettre d’élaborer des formations innovantes, initiales ou continues, avec les branches professionnelles, les organismes de formation, les universités.

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