Traquer les erreurs de facturation fournisseurs pour regonfler sa trésorerie
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Traquer les erreurs de facturation fournisseurs pour regonfler sa trésorerie

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Crise du Covid oblige, de nombreuses entreprises connaissent actuellement de graves difficultés de trésorerie. Or, un simple audit de leurs flux financiers peut révéler des erreurs de facturations récurrentes de la part de leurs fournisseurs. Avec à la clef une récupération de cash.

Près d'une facture sur dix comporte des erreurs, la plupart du temps au détriment du client — Photo : Memyjo

Découvrir que l’on a trop payé un fournisseur alors même que l’on a désespérément besoin de trésorerie peut être une excellente nouvelle en cette période de crise. Depuis douze ans, Yan Lesur traque ces erreurs de facturation dans la comptabilité des entreprises à la tête du cabinet Diamant Europe, en rapprochant les facturations des contrats initiaux.

8 % des factures comportent des erreurs

" En moyenne 92 % des factures entre clients et fournisseurs sont correctes et bien financées, constate l’auditeur. Mais il reste néanmoins en France 8 % des factures pour lesquelles on trouve des erreurs, la plupart du temps dans le sens d’une surfacturation de 20 % d’un bien ou d’un service. Et ces erreurs représentent en moyenne 1,6 % du montant des flux, ce qui n’est pas rien pour une entreprise. "

Ces erreurs touchent les entreprises de toutes tailles et de tous secteurs d’activité. Elles proviennent la plupart du temps de contrats commerciaux mal paramétrés, de modifications qui n’ont pas été prises en compte au fil du temps, de contrats trop complexes pour donner matière à une facturation automatique, ou encore des avoirs que les fournisseurs provisionnent mais que les clients oublient de réclamer.

"J’estime que sur 100 erreurs de facturations existantes dans une entreprise quatre seulement sont découvertes par les contrôles internes"

" Il y a sept fois plus d’erreurs qui majorent les factures au détriment du client que l’inverse, avertit Yan Lesur et les entreprises clientes ne s’en rendent pas compte. Les PME n’ont pas toujours ni le temps ni le personnel nécessaires pour le faire. J’estime que sur 100 erreurs de facturations existantes dans une entreprise quatre seulement sont découvertes par les contrôles internes. " L’auditeur découvre également parfois de véritables opérations frauduleuses. " Quand un fournisseur commet involontairement une erreur de facturation à son avantage, et si cette erreur n’est pas découverte par son client, la tentation peut être grande pour le commercial qui en est à l’origine de reproduire cette erreur année après année, afin de bonifier sa rémunération. L’erreur devient alors une fraude dont l’importance peut être exponentielle. Si le dirigeant de l’entreprise fautive ne s’en rend pas compte, il court le risque d’être accusé de complicité. "

Yan Lesur peut remonter jusqu’à cinq ans en arrière pour ses contrôles conformément à la législation commerciale européenne. Il peut auditer la totalité de la facturation fournisseurs d’une entreprise ou seulement certains postes, par exemple les voyages. Une fois les erreurs constatées, il aide l’entreprise à récupérer le trop versé. " Il ne s’agit pas de passer en force mais au contraire de permettre à la relation commerciale de s’améliorer ", insiste Yan Lesur qui se concentre généralement sur les factures d’un fournisseur pour les deux dernières années. S’il trouve des erreurs, il va alors extrapoler le résultat sur les trois années restantes, en partant du principe que le système de facturation s’améliore au fil des ans.

Faire repartir la relation commerciale sur des bases saines

" Le niveau d’erreurs d’aujourd’hui étant normalement plus faible que celui d’il y a cinq ans, le fournisseur qui accepte de rembourser les sommes indûment versées sera gagnant. Généralement il n’y a pas de problème. La récupération des fonds se fait à l’amiable, en cash ", précise Yan Lesur pour qui la relation commerciale s’établit alors à nouveau sur des bases saines. " Le fournisseur peut même éviter de se voir mis en concurrence dans le cadre d’un appel d’offres à échéance du contrat. Il économise ainsi les dépenses induites. C’est un modèle gagnant-gagnant ", conclut l’expert.

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