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Sous tension, les TPE-PME envisagent d’augmenter leurs prix plus que les salaires
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Sous tension, les TPE-PME envisagent d’augmenter leurs prix plus que les salaires

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L’inflation met la trésorerie des TPE-PME à rude épreuve. Elle s’est "nettement dégradée" au cours de l’été, s’inquiète une étude de Bpifrance Le Lab et Rexecode. Et pourtant, les petites et moyennes entreprises se disent prêtes à augmenter leurs salariés… mais pas sans relever, dans le même temps, leurs prix de vente.

La situation de trésorerie des TPE-PME n’a jamais semblé aussi mauvaise en cinq ans, dans le baromètre Bpifrance Le Lab et Rexecode (exception faite du printemps 2020, marqué par le Covid-19) — Photo : makibestphoto

Les TPE-PME commencent à sentir passer le vent du boulet. Après un an d’inflation galopante, six mois de guerre en Ukraine, et aux premières heures de la crise énergétique, elles sont désormais 35 % à signaler une détérioration de leur trésorerie sur le trimestre écoulé (+7 points par rapport à mai), selon une enquête Bpifrance Le Lab et Rexecode, réalisée auprès de 632 dirigeants du 25 août au 7 septembre. Seuls 11 % déclarent une amélioration de leur situation (-1 point).

Trésorerie, embauches… les tensions s’amplifient dans les entreprises

Signe de l’aggravation des tensions, l’écart entre ces deux chiffres n’a jamais été aussi bas depuis le début de ce baromètre, il y a cinq ans (exception faite du printemps 2020, marqué par le premier confinement). Et la situation n’est pas près de s’améliorer en fin d’année, puisque le pessimisme des dirigeants gagne du terrain sans discontinuer depuis un an. L’indicateur qui le mesure s’enfonce encore de 4 points (-13 par rapport à l’été 2021). Et pour cause : 4 TPE-PME sur 5 anticipent un impact négatif de la hausse des prix de l’énergie sur leur activité, dont 22 % craignent être "fortement" touchées.

Pour ne rien arranger, les problèmes chroniques d’offre s’enracinent, voire se renforcent : les difficultés d’approvisionnement frappent 78 % des répondants (+6 points en trois mois), les problèmes de recrutement demeurent le premier frein à leur croissance (à 60 %, +4 points), devant "les coûts et prix trop élevés" (41 %, soit deux fois plus qu’il y a un an).

Les TPE-PME prêtes à relever les salaires… et les prix

Dans ces conditions, autant dire que l’équation économique se complique pour ces entreprises : 44 % s’attendent ainsi à une baisse de leur marge nette en 2022 (proportion stable depuis mai). Ce qui ne les empêche pas de mettre (un peu) la main à la poche pour leur personnel : 61 % pensent augmenter les salaires cette année (+6 points par rapport à mai), la plupart sous le niveau de l’inflation. Au global, sur l’ensemble des entreprises sondées, la hausse s’élève d’ailleurs, en moyenne, à +3,1 % (contre une augmentation des prix attendue par l’Insee à +6,5 % en décembre).

Un effort modéré donc, mais justifié par le contexte actuel, dans une volonté, à la fois, de fidéliser les travailleurs (dans 70 % des cas), mais aussi de préserver leur pouvoir d’achat (à 62 %). D’autant plus que, dans le même temps, les TPE-PME sont aussi nombreuses (60 %) à vouloir augmenter leurs prix de vente… et plus fortement que les salaires (+4,9 % en moyenne). Une contribution à l’inflation justifiée principalement par la nécessité de répercuter la hausse des prix de leurs propres intrants (citée à 88 %). Mais aussi par le besoin d’absorber la revalorisation des salaires. Un motif désormais davantage invoqué (à 37 %) que celui de la flambée des coûts de l’énergie (33 %).

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