REF 2022 - Bruno Le Maire : "Taxer plus en France, c’est produire moins en France"
# Production et distribution d'énergie # Politique économique

REF 2022 - Bruno Le Maire : "Taxer plus en France, c’est produire moins en France"

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Invité de la REF, Bruno Le Maire a, lui aussi, invité les entreprises à "être responsable dans leur consommation d’énergie" et pour celles qui le peuvent, à soutenir les ménages dans la hausse des prix. Mais pas question pour le ministre de l’Économie d’augmenter les impôts, notamment en taxant les superprofits des entreprises.

Pour Bruno Le Maire, "la charge de l'inflation doit être équitablement répartie" — Photo : DR

Pour Bruno Le Maire, "il n’y a qu’une seule recette pour obtenir de bons résultats économiques", que ce soit en termes d’emplois, de croissance, d’investissement ou d’attractivité du pays : la politique de l’offre. Devant le parterre de patrons réunis par le Medef à la REF (rencontre des entrepreneurs de France) ce mardi 30 août à l’hippodrome de Longchamp, le locataire de Bercy a tonné son combat : "Moins d’impôts, plus de travail et plus de richesses pour tous les Français", affirmant qu’il fallait "poursuivre les politiques de baisse d’impôt, de valorisation du travail et de création de richesses".

Des rationnements en dernier ressort

Néanmoins, le ministre de l’Économie a consenti qu’il y avait "des difficultés" qu’il ne "mésestime pas", au premier rang desquelles, la crise énergétique "qui doit nous amener tous à faire preuve de sobriété, et pas uniquement les entreprises", citant notamment la nécessité de consommer de l’énergie de manière plus responsable dans les logements, dans les commerces, dans les transports et dans les administrations. "C’est un engagement collectif qui doit être supporté par tous", via par exemple "la réduction de chauffage" dans les administrations, dans les entreprises, dans les transports "pour ne pas pénaliser la croissance". Et le ministre de demander aux entreprises de "regarder s’il y a des bâtiments qui peuvent être fermés ou pas" ou "si elles peuvent fonctionner différemment pour consommer moins d’énergie". "Le tout dernier ressort doit être le délestage dont a parlé la Première ministre car nous devons préserver nos capacités de production". L’occasion pour le ministre de rassurer certains secteurs : "Nous devons protéger les secteurs les plus stratégiques de notre économie", comme l’industrie ou "les secteurs qui ne peuvent pas se priver d’énergie au risque de menacer leur instrument de production".

Simplification des critères d’aide pour traverser la crise énergétique

L’objectif, "ne pas ajouter une crise économique à la crise énergétique. On doit protéger l’économie française contre la pénurie d’électricité et de gaz". "Des chefs de PME, dans la distribution, dans certains commerces, dans la production alimentaire, dans l’industrie, me disent : la facture de gaz, la facture d’électricité est en train d’exploser, on ne va pas survivre" a rapporté le ministre. "Nous allons prendre ce sujet à bras-le-corps". Bercy va ainsi s’appuyer sur le guichet unique dont l’ouverture sera prolongée jusqu’à fin décembre 2022 et dans lequel les entreprises peuvent venir chercher des aides financières pour alléger leur facture énergétique. Et pour faciliter l’accès à toutes les PME et ETI, les critères d’octroi d’aides publiques, comme le critère de profitabilité ou le critère de 3 % du chiffre d’affaires seront à la fois allégés et simplifiés, a promis Bruno Le Maire.

Taux de croissance de 2,5 %

Se montrant résolument optimiste malgré la crise énergétique et l’inflation, le ministre a annoncé "aborder la rentrée avec détermination et confiance", confirmant le taux de croissance de 2,5 % en 2022, soit "le meilleur taux de croissance de tous les pays de la zone euro". Ainsi, face à la journaliste Ruth Elkrief qui avait amorcé leur échange avec la célèbre phrase "Winter is coming" de la série Game of Thrones, Bruno Le Maire a rétorqué un "Still summer" : "La croissance française résiste, les entreprises continuent à investir, les carnets de commandes continuent à se remplir et le taux d’emploi est le taux le plus élevé en France depuis un demi-siècle […] Nous avons créé 1,4 million d’emplois en France en cinq ans. L’économie française résiste, les chiffres sont solides".

"Toutes les entreprises qui le peuvent doivent augmenter les salaires et beaucoup le font déjà"

Quant au partage de la valeur dans les entreprises, le ministre a reconnu que "certaines entreprises ont pu faire des bénéfices très importants au cours des derniers mois" et leur a demandé "d’alléger la facture pour nos compatriotes". En ce sens, il a cité certaines d’entre elles en exemple, telles que TotalEnergies, CMA CGM ou encore les distributeurs, "qui ont déjà fait des efforts pour redistribuer ce qu’elles avaient gagné directement dans la poche du consommateur". Et a appelé " toutes les entreprises qui ont les marges de manœuvre nécessaires à alléger la facture de l’inflation pour nos compatriotes […] Je considère que toutes les entreprises qui le peuvent doivent augmenter les salaires et beaucoup le font déjà", les invitant à se saisir de "la prime défiscalisée" et "de l’intéressement et de la participation".

"Taxer plus en France, c’est produire moins en France"

L’occasion pour le ministre de fustiger ses adversaires politiques qui n’ont qu’un seul mot à la bouche : "Taxer, interdire, interdire, taxer", écartant ainsi toute taxation des superprofits des entreprises : "Taxer plus en France, c’est produire moins en France". Enfin, le locataire de Bercy, reconnaissant que "la charge de l’inflation doit être équitablement répartie", a affirmé que "l’État fait déjà beaucoup", entre le bouclier énergétique, le plafonnement du prix de l’électricité et le gel du prix du gaz. Outre les entreprises, le message va ainsi être partagé aux assureurs et aux établissements bancaires dans les prochains jours afin qu’ils fassent "un effort pour soutenir les consommateurs" sur les primes d’assurance et les frais bancaires.

# Production et distribution d'énergie # Politique économique # Fiscalité