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Recrutement des cadres : le spleen des petites entreprises
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Recrutement des cadres : le spleen des petites entreprises

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Dans un marché de l’emploi des cadres durement touché par la crise du Covid-19, les petites entreprises décrochent. Peu confiantes en l’avenir, elles annulent massivement leurs projets de recrutement.

Dans un marché de l’emploi des cadres qui a connu des jours meilleurs, les petites entreprises dévissent et annulent ou reportent leurs projets de recrutement — Photo : ©MIND AND I

Une TPE sur deux a annulé ou décalé ses projets de recrutement de cadre au dernier trimestre 2020. C’est ce que révèle une étude de l'Association pour l'emploi des cadres (Apec). 5 % des TPE comptaient recruter en fin d’année mais seules 3 % l’ont fait. Dans un marché de l’emploi des cadres qui a connu des jours meilleurs, les petites entreprises dévissent. Car, dans le même temps, les PME, ETI et grandes entreprises sont davantage restées en ligne avec leurs prévisions d’embauches : 20 % des PME et 58 % des grandes entreprises ont recruté au moins un cadre au quatrième trimestre 2020.

Les TPE ont moins le moral que les PME et ETI

Ce qui explique la volte-face des TPE ? Leur manque de confiance en l’avenir, qui plonge brutalement. En décembre, selon l’Apec, seuls 49 % des dirigeants de TPE disaient avoir confiance en l’avenir. C’est huit points de moins qu’en septembre. Les PME (62 %), ETI et grandes entreprises (66 %) ont davantage le moral. Pourquoi ce coup de mou des petits patrons ? "Beaucoup de petits commerces ont été frappés par le deuxième confinement", explique Gilles Gateau, le directeur général de l’Apec, qui pointe aussi du doigt le manque de visibilité de beaucoup de TPE ainsi que leurs difficultés à se projeter.

Les entreprises recrutent moins de cadres

Cette baisse de moral n’est pas anodine pour le marché de l’emploi, sachant que, sur les quatre millions de cadres du secteur privé, un sur trois évolue dans une entreprise de moins de cinquante salariés. La frilosité des TPE enfonce un peu plus un marché qui n’est franchement pas à la fête depuis le début de la crise sanitaire.

Les indicateurs ne laissent planer aucun doute à ce sujet. Les offres d’emploi recensées sur le site de l’Apec, qui revendique 40 à 45 % de parts de marché, sont ainsi nettement en dessous du niveau qui était le leur avant le déclenchement de l’épidémie. Au quatrième trimestre 2020, elles étaient encore en recul de 17 % par rapport à la même période 2019, après avoir dégringolé de 60 % au printemps.

Plus de destructions d’emplois que d’embauches ?

En ce début d’année, Gilles Gateau n’attend "ni rebond, ni plongeon". Les intentions d’embauches des entreprises sont stables par rapport à ce qu’elles étaient il y a quatre mois. 11 % des entreprises prévoient de recruter au moins un cadre au premier trimestre, proportion qui s’élève à 6 % pour les TPE, 17 % pour les PME et 52 % pour les plus grandes entreprises.

Entre le faible niveau de recrutements et le risque d’une vague de licenciements, le directeur général de l’Apec n’exclut pas un risque de destruction d’emplois de cadres en France en 2021. Ce qui constituerait une première depuis la crise du début des années 1990.

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