Présidentielle : quand les grands patrons prennent parti
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Présidentielle : quand les grands patrons prennent parti

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Le président du Medef Pierre Gattaz et celui du groupe Holder qui plébiscitent François Fillon, le P-dg du groupe de recyclage Paprec qui appelle ses salariés à ne pas voter pour Marine Le Pen… De façon assez inédite, de grands patrons français ont pris le parti d’exprimer publiquement leur vote à l’élection présidentielle.

— Photo : Le Journal des Entreprises

On ne voyait pas Pierre Gattaz, le président du Medef, voter pour Jean-Luc Mélenchon. Mais on ne le voyait pas non plus exprimer clairement sa préférence, rompant avec la tradition d’apolitisme de la plus puissante des organisations patronales. Après plusieurs tribunes publiées dans la presse nationale ces derniers jours dénonçant les programmes de Benoît Hamon, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, Pierre Gattaz a clairement pris position. « Ce qui est important, ce sont les mesures. Et celles qui sont le plus détaillées, ce sont celles de Fillon, même si celles de Macron vont dans le bon sens », a ainsi déclaré le "patron des patrons" au Parisien-Aujourd'hui en France le 9 avril. « Je regarde les programmes économiques. Et celui de Marine Le Pen est dangereux. Mais il n'y a pas qu'elle : voter Mélenchon, Le Pen, Hamon, c'est ruine, désespoir et désolation, pauvreté généralisée », assène-t-il. Lors du précédent scrutin présidentiel, en 2012, l’ancienne présidente du Medef Laurence Parisot n’avait pas explicitement défendu le programme d’un candidat en particulier. Elle avait ménagé la chèvre et le chou, louant le bilan économique de Nicolas Sarkozy tout en validant certaines propositions de François Hollande.

Le patron de Ladurée et Paul roule pour Fillon

Juste avant Pierre Gattaz, c’est Francis Holder, le président du groupe Holder (pâtisseries Ladurée, boulangeries Paul) qui s’est exprimé face caméra pour soutenir François Fillon dans une vidéo partagée le 8 avril sur Twitter. Il y explique avoir lu le programme économique du candidat des Républicains et avoir été séduit par sa volonté de libéraliser le travail.

« Quand M. Fillon nous parle de la libération du travail, c'est la demande que fait l'ensemble du personnel, de pouvoir travailler quand on a envie de travailler plus et simplifier le code du travail, c'est évident », avance-t-il. Droit dans ses bottes, il se dit même être « l'ambassadeur des 14.000 salariés que compte (son) entreprise ». Une assertion largement critiquée ensuite par les représentants des salariés...

Le P-dg de Paprec prend la plume contre le FN

Autre prise de position politique inédite pour un chef d'entreprise, non pas pour mais contre un candidat à l'élection présidentielle. Le 4 avril, Jean-Luc Petithuguenin, le P-dg et fondateur de l'entreprise Paprec, spécialisée dans le recyclage des déchets, a confié au Monde avoir envoyé une lettre à ses 4.500 salariés pour les « mettre en garde » contre le programme de Marine Le Pen, candidate du Front National. Dans son courrier, il dit se focaliser sur « l’impact direct sur Paprec » : « (...) s’il était appliqué, ce programme constituerait la plus grave menace que puisse connaître notre groupe dans les mois et les années à venir », prévient-il. Sa plus grande crainte réside dans l'abandon de l'euro prôné par Marine Le Pen dans son programme. Jean-Luc Petithuguenin assure qu’il ne souhaite pas donner de consignes de vote à ses salariés mais seulement les « informer ». Le patron a d'ailleurs su rester prudent en faisant valider sa déclaration publique en comité exécutif.

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