Présidentielle : Ce que veulent les dirigeants de l'Ouest
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Présidentielle : Ce que veulent les dirigeants de l'Ouest

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Baisser le coût du travail, harmoniser la fiscalité au niveau européen, réserver les marchés publics aux PME locales ou inventer une nouvelle société avec le revenu universel : ce ne sont pas les idées qui manquent aux chefs d'entreprise de l'Ouest. Plusieurs d'entre eux se sont prêtés au jeu. Voici les mesures qu'ils prendraient s'ils étaient élus demain président de la République.

— Photo : Le Journal des Entreprises

Denis Maure (Europcar Atlantique) : « Lever les freins à l’initiative économique »

Co-dirigeant d’Europcar Atlantique (180 salariés pour 42 millions d’euros de chiffre d’affaires), le Nantais Denis Maure, sans étiquette politique, appelle à favoriser l’entrepreneuriat.

Simplification des règles : « J’attends en premier lieu du prochain gouvernement qu’il lève les freins à l’initiative économique dans notre pays en simplifiant la réglementation incroyablement complexe s’appliquant aux entreprises dans le domaine de la fiscalité, des lois sociales et des réglementations locales. Sous des discours de simplification, les gouvernements successifs n’ont fait que renforcer la complexité. Si les grandes entreprises sont mieux armées pour y faire face, les PME sont perdues.

Sécurité juridique et fiscale : Je suis également très choqué par l’insécurité juridique et fiscale. Il est impossible de faire des choix stratégiques pour l’entreprise si les règles du jeu changent en cours de route.

Baisse du coût du travail : Je trouve ensuite suicidaire d’entreprendre dans un pays où seuls un tiers du coût du travail revient aux salariés. Le reste est englouti dans des mesures de protection sociale mal gérées, des régimes dispendieux qui augmentent le coût du travail dans des proportions dramatiques pour la compétitivité de nos entreprises.

Réduction de la dette : Les pouvoirs publics nous mènent en bateau depuis des années en parlant d’économies. La vérité est qu’on poursuit la gabegie en faisant peser sur la fiscalité des ménages et des entreprises le poids de la dépense publique.

Favoriser le capitalisme familial : On nous cite en exemple le capitalisme familial allemand. On en rêve pour la France ! Pour cela, il faut favoriser la transmission de nos entreprises par une fiscalité adaptée, notamment en supprimant l’ISF. »

Jean-Louis Héry (Mancelle d’Emballage) : « Ne nous aidez pas »

Pour Jean-Louis Héry, dirigeant de la Mancelle d’Emballage Industriel (14 millions d’euros de CA 2015, 37 salariés), une PME basée au ¬ Mans, « ce qui pourrait vraiment nous aider, c’est qu’on cesse de nous inventer de nouveaux règlements ».

« Tous les candidats ont des programmes pour aider l’entreprise. Merci, mais surtout, ne nous aidez pas ! Nous sommes bien assez grands pour gérer nos boîtes seuls. Je n’attends rien d’eux, ce n’est pas leur métier. Qu’ils s’occupent des fonctions régaliennes. Je crois à la libre entreprise. Arrêtons donc les aides tous azimuts qui n’ont pas de sens.

Aider les nouvelles technologies : Je suis favorable à une restriction des budgets de développement économique. Que ces moyens soient ciblés sur les start-up et les nouvelles technologies. C’est le rôle du monde politique d’initier et d’accompagner les grandes mutations, comme le digital. Qu’il prenne conscience de la révolution en cours dans ces domaines et qu’il l’encourage par un état d’esprit et des dispositions législatives favorables plutôt que par des aides. Par exemple, réduisons le coût du travail en abaissant nos charges, sans toucher aux salaires. C’est possible si l’État réduit son budget de fonctionnement. Nous, chefs d’entreprise, le faisons et ça marche. Pourquoi pas l’État ?

Il ne s'est rien passé : Ce quinquennat n’a servi à rien, c’était de la poudre aux yeux. Il ne s’est rien passé. Le gouvernement est passé à côté de la Loi travail. Quant au CICE, ça part d’un bon sentiment, mais on n’a pas besoin de ça pour vivre. Surtout qu’un jour, ça s’arrêtera. J’aimerais un candidat qui se présente pour le job et qui ne fera pas de compromis pour être réélu. Ce qui pourrait vraiment nous aider, c’est qu’on cesse de nous inventer de nouveaux règlements. On croule sous les normes juridiques, sociales, réglementaires ! Faisons le ménage là-dedans. Pour chaque nouvelle loi ou réglementation votée, qu’on en supprime dix ! »

Xavier Prévost (Adéquation) : « Une harmonisation fiscale en Europe »

Pour le Normand Xavier Prévost, dirigeant d'Adéquation, président de la CPME Seine-Maritime, membre élu de la CCI Rouen Métropole, il faut parvenir à harmoniser la fiscalité entre les pays européens. « L'économie dans les territoires, ce sont essentiellement les PME et les TPE qui la font. On doit retrouver dans le discours de nos dirigeants cette reconnaissance du rôle des PME dans le tissu économique français. Nous avons besoin de cette reconnaissance, de cette capacité d'écoute des dirigeants : c'est ce qui permettra de nous simplifier la vie, sur le plan fiscal comme sur le plan social. »

Harmoniser l'impôt sur les sociétés : « En matière de fiscalité, justement, mon souhait en tant que dirigeant de PME c'est que l'on parvienne à une harmonisation fiscale au niveau européen, notamment sur l'IS. Ce serait une idée forte, facile à défendre et qui nous ferai gagner en compétitivité. L'autre point, c'est le prélèvement à la source : l'idée est bonne ; le problème, c'est que l'on va confier au dirigeant que je suis une responsabilité que je ne maîtrise pas. Que fera-t-on en cas d'erreur ? Sans compter que la délégation de cette responsabilité fait faire des économies à l'État... Qui me demande à moi, chef d'entreprise, de la payer ! »

Aider les premiers recrutements : « Sur l'emploi, je pense qu'il y a là encore une mesure simple à prendre : l'exonération totale de charge pour le premier poste créé. Il y a beaucoup de TPE, d'auto-entrepreneurs : soit on favorise la création du premier poste, ça aura vraiment du sens. La nouveauté, c'est qu'on appliquerait l'exonération au premier poste créé et non au premier emploi. Le coût d'une telle mesure resterait faible au regard des avantages ». « Enfin, je demanderai à notre futur Président de mener une vraie réflexion sur la valorisation de l'initiative, le développement de l'esprit d'entreprendre. En somme, valoriser l'action plutôt que le résultat. Cela commence dès l'école où l'on devrait davantage valoriser l'élève qui lève la main pour répondre, alors qu'aujourd'hui on récompense la réponse apportée ».

Charles Pluyette (Apik) : « une réforme du RSI »

Charles Pluyette est le fondateur et le co-dirigeant d’Apik Conseils (200.000 euros de CA et 2 salariés) à Arradon (56). Avec son associé, Hubert Tetard et son équipe, il développe des logiciels de gestion. Elu au sein de la commune d’Arzal, il livre son regard sur ses attentes en matière d’économie et de développement de l’entreprise dans le cadre de l’élection présidentielle.

Il place le RSI et sa réforme au rang des priorités. « Nous sommes tous d’accord sur la question de payer des charges. Seulement avec le RSI c’est dramatique. On ne sait jamais ce que l’on va devoir payer. C’est le flou total. Ce régime du RSI est seul et unique. Il n’y a pas de concurrence. Comment le contrôler ? Une réforme globale de son fonctionnement est nécessaire. ».

Plus de souplesse dans les contrats de travail : Outre les charges qu’il souhaite voir baisser vient aussi l’idée de la souplesse des contrats de travail. « Je vois la baisse des charges patronales comme un moyen de reverser un plus aux salariés qui, de ce fait, consommeraient plus localement. C’est vertueux. Je dis oui également à plus de souplesse dans les contrats de travail. Oui à plus d’adaptabilité qui nous permettrait de recruter. » La question des montants du RSA et du SMIC le fait également réagir. « Les niveaux du RSA et du SMIC sont trop proches. Ils n’incitent pas aujourd’hui certains chômeurs à travailler. Nous le voyons, nous chefs d’entreprises, dans les difficultés que nous pouvons avoir à recruter. »

La formation : Autre priorité : la formation et les OPCA. « Le mode de formation est bon. Il faut se former. Par contre, c’est inadmissible de ne pas pouvoir cumuler ces droits sur plusieurs années et que les OPCA décident de ce qui est du ressort du prioritaire. Le salarié doit pouvoir être acteur de cela. Après tout, le financement se fait via les charges. » Enfin Charles Pluyette milite pour une égalité de traitement entre l’État et l’entreprise. « Il y a aujourd’hui une vraie disproportion de traitement. L’État n’hésite pas à faire des prélèvements, se trompe parfois. Quand c’est l’entreprise, les majorations sont immédiates. Pas pour l’État quand il est dans l’erreur. L’Institution n’est pas au-dessus des lois.

Valérie Oppelt (Ennoia) : « Le droit au chômage pour les indépendants »

Valérie Oppelt vient de créer sa société à Nantes. Ennoia conçoit des luminaires pour les entreprises et les commerces. « C’est la première fois que je soutiens un homme politique. J’aime autant son programme que la façon dont il l’a élaboré. Il utilise une méthode proche de l’entreprise libérée et, en tant qu’entrepreneuse, j’y suis sensible. D’abord il a consulté le terrain pour ensuite établir son programme. J’aime qu’il casse les clivages droite-gauche. Son engagement, il ne le voit non pas comme un métier mais comme un engagement citoyen dans une période de sa vie. Son programme économique pour les entreprises me semble cohérent. J’aime bien son pragmatisme.

Supprimer le RSI : Il souhaite supprimer le régime du RSI dont le fonctionnement est incompréhensible. Et ramener l’impôt sur les sociétés à 25 % en fin de quinquennat contre 33 % actuellement. Il voudrait offrir aux entrepreneurs qui n’auraient finalement pas réussi leur projet le droit d’accéder au chômage. Il veut aussi développer les formations professionnelles pour aider les outsiders, ceux qui sont sortis du marché du travail, à entreprendre. C’est une belle proposition.

Supprimer les charges patronales pour les salaires au SMIC : Il voudrait encourager les embauches en proposant de supprimer dix points de cotisation au niveau du SMIC. Il voudrait encourager les femmes à entreprendre.

Une démarche pro-européenne : J’apprécie aussi qu’il soit en faveur de l’Union Européenne et qu’il ait une approche très européenne de l’économie.

David Boisdron : « Réserver les marchés publics aux entreprises locales »

David Boisdron, membre du Front National, dirige un cabinet de recrutement à Nantes, souhaite que les candidats soutiennent l'économie réelle.

« Ce que j’attends de la présidentielle, c’est que les candidats parlent de l’économie réelle, celle des TPE-PME-PMI qui représentant 95 % des entreprises du territoire et qui sont au bord de l’asphyxie. Les TPE-PME-PMI doivent être une cause nationale pour le prochain président élu ! Pour revenir au plein emploi, il est vital de prendre des mesures en faveur de ces acteurs. Pour cela, Marine Le Pen propose d’alléger la fiscalité des TPE- PME-PMI, de faciliter le renforcement de leurs fonds propres (exonération des bénéfices laissés dans l’entreprise, après sept années de détention, les plus-values des actions ou parts sociales). Elle souhaite faciliter le recours aux crédits en faveur de l’économie réelle et non favoriser la financiarisation de l’économie.

Laisser les entrepreneurs entreprendre : Elle veut instaurer un guichet unique pour réaliser toutes les démarches sociales et fiscales ; laisser la liberté de choix entre le RSI et le régime commun et favoriser l’auto déclaration (sur le même principe que la TVA). Le but serait de simplifier la vie administrative des entreprises et de laisser les entrepreneurs entreprendre ! Marine Le Pen voudrait aussi remplacer le compte pénibilité qui n’est pas applicable en l’état actuel, recentrer le crédit impôt recherche… Marine Le Pen indique aussi qu’elle voudrait créer un ministère de l’apprentissage et, dans le cadre du patriotisme économique, réserver tout ou partie des marchés publics à des entreprises locales employant au minimum 10 % d’apprentis. Enfin, Marine Le Pen souhaite proposer un référendum aux Français afin de sortir de cette Europe prison. »

Nathalie Corbel : « Le revenu universel pour inventer une autre société »

Nathalie Corbel est artisan carreleur près de Nantes. L’entrepreneuse indépendante soutient la candidature de Benoît Hamon. « Je soutiens Benoît Hamon car je suis pour le revenu universel. En tant que travailleuse indépendante, je me paye parfois à peine 1 000 euros, si j’avais un peu plus, cela me permettrait de souffler tout en conservant mon activité. Je connais plein d’autres entrepreneurs indépendants qui sont favorables à cette mesure. C’est dur d’être seul quand il n’y a pas de contrepartie. Cela pourrait aider aussi les agriculteurs. Pour moi, ce n’est pas une dévalorisation du travail. Au contraire, cela permettrait d’inventer une autre société avec un point de vue plus positif, une société moins agressive. De plus, je trouve que cela représente un bon apport pour les jeunes qui se lancent dans la vie active. En tant que parent, je n’ai pas forcément les moyens de payer des études longues à mes enfants, le revenu universel pourrait les aider à se lancer.

Pour la reconnaissance du burn-out comme maladie professionnelle : Je suis aussi favorable à la reconnaissance du burn-out comme maladie professionnelle, comme le préconise Benoît Hamon dans son programme. Cela peut engendrer une prise de conscience de la part des entreprises pour qu’elles modifient leur management. Leur faire prendre conscience qu’elles ont une influence sur l’équilibre des salariés.

Plus de transparence pour le RSI : En tant qu’indépendante, j’aimerais aussi que l’on aborde le sujet du RSI dont le fonctionnement devrait être modifié car ce n’est pas clair. Il faudrait une refonte totale du système de sécurité sociale pour les indépendants. On parle beaucoup de transparence en ce moment dans les débats politiques, il en faudrait plus sur ce sujet-là. Car tout est compliqué, au niveau administratif, on ne sait jamais à qui s’adresser et comment cela fonctionne.

Engagement pour l’écologie : Enfin, en tant qu’entrepreneuse mais aussi mère de famille, je suis d’accord avec Benoît Hamon qui veut interdire les perturbateurs endocriniens. C’est vital pour l’avenir de nos enfants. J’aime aussi le fait qu’il s’engage pour l’écologie, pour nos enfants, c’est important.

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