Présidentielle 2022 : "Instaurons le statut de jeune entreprise climatique"
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Maxime Guillaud membre de la délégation française du G20 des Jeunes entrepreneurs "Instaurons le statut de jeune entreprise climatique"

À l'occasion de l'élection présidentielle, Le Journal des Entreprises donne la parole à la jeune génération d'entrepreneurs. Membre de la délégation française du G20 des Jeunes entrepreneurs, Maxime Guillaud milite pour que les entreprises s’engagent davantage pour le climat. Le PDG du cabinet de conseil parisien Inskip (30 salariés) et les autres dirigeants de la délégation plaident pour un entrepreneuriat qui prend part à la transition écologique.

À 33 ans, Maxime Guillaud, PDG du cabinet de conseil parisien Inskip, a déjà créé quatre entreprises — Photo : DR

Entre les milliards d’euros du plan de relance et le capital-investissement tricolore qui bat des records, l’accès des entreprises au financement ne semble pas être un problème en France. Pourtant, la délégation française du G20 des Jeunes entrepreneurs* souhaite l’améliorer. Pourquoi ?

Il y a effectivement énormément de liquidités. La France est un pays dans lequel il fait bon entreprendre et qui offre de nombreuses solutions de financement aux entreprises. On peut toutefois regretter plusieurs choses. D’abord, un vrai manque de lisibilité, aussi bien en France qu’en Europe, sur l’ensemble de l’offre de financements disponible. Le plan de relance est ainsi un peu complexe à saisir, notamment parce qu’il passe par beaucoup d’acteurs publics chargés de le distribuer.

Ensuite, on a un problème d’accès au financement pour les femmes entrepreneurs. C’est un fait : il est plus difficile d’accéder à du financement quand on est une femme. Enfin, nous formulons une proposition choc pour créer un nouveau statut d’entreprise, celui de "jeune entreprise climatique".

Qu'est-ce que c'est ?

Nous nous inspirons du statut de jeune entreprise innovante (JEI) qui a permis, à partir du début des années 2000, de favoriser l’innovation et les travaux de recherche dans les petites et moyennes entreprises, grâce à l’abaissement des charges et des crédits d’impôts. Créer un statut de jeune entreprise climatique doit permettre de flécher une partie des financements disponibles aujourd’hui dans le cadre du plan de relance ou de France 2030 vers les bons élèves de la classe, c’est-à-dire vers les entreprises qui élaborent de vrais plans d’investissement autour des sujets climatiques et environnementaux ou, a minima, autour de leur bilan carbone et de leurs émissions de gaz à effet de serre. À l’inverse, on pourrait aussi montrer du doigt les mauvais élèves de la classe et les sanctionner avec un système de malus.

Est-ce à dire que les entreprises soucieuses des questions environnementales et éthiques ont du mal à accéder à des financements ?

Non, pas spécialement, elles y arrivent. L’idée est de montrer les bons exemples d’entreprises qui sont déjà dans des réflexions complexes autour du changement climatique, de leurs process, de leurs achats, de leurs offres et de leur pousser un peu plus d’argent pour les accompagner.

Comment déterminer ce qu’est une jeune entreprise climatique ?

L’idée serait que l’État crée un organe qui serait chargé de décider si, oui ou non, telle entreprise a un comportement ou une stratégie compatible avec le changement climatique. Cette grille de décision reste à créer.

Aujourd’hui, certains établissements financiers proposent des prêts à impact et des financements bonifiés pour les entreprises engagées dans des démarches RSE. Il faut donc aller plus loin ?

Les prêts à impact, cela va évidemment dans le bon sens, mais cela reste une goutte d’eau. C’est comme le dispositif Décarbon’Action de Bpifrance : c’est bien, mais cela concerne au final que très peu d’entreprises.

"Les bilans carbone des entreprises devraient être systématisés, voire obligatoires"

On a un vrai sujet d’impact social, sociétal et environnemental des entreprises. Les bilans carbone ne sont pas du tout généralisés dans l’ensemble des entreprises. Ils devraient être systématisés, voire obligatoires.

Les jeunes entrepreneurs des délégations des autres pays du G20 poussent-ils également en faveur des entreprises climato-compatibles ?

À l’échelle européenne, il y a une vraie envie de pousser et de flécher des financements européens vers les entreprises qui se préoccupent des questions environnementales. Après, cela ne se matérialise pas forcément avec le statut de jeune entreprise climatique, mais une chose est sûre : l’environnement préoccupe énormément de jeunes entrepreneurs en Europe.

Le rôle de l’entrepreneur est central sur la question du changement climatique. D’une part, parce que la part des émissions de gaz à effet de serre et de la destruction de la biodiversité qu'on peut imputer aux entreprises est immense. D’autre part, parce qu’on ne peut pas uniquement tout régler par des actions individuelles. Il faut donc que les entrepreneurs se saisissent de cette problématique.

*Délégations de jeunes entrepreneurs des pays membres du G20 qui se réunissent chaque année en amont du G20 politique.

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