Présidentielle 2022 : ce que les candidats proposent pour les entreprises
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Présidentielle 2022 : ce que les candidats proposent pour les entreprises

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Six des principaux candidats déclarés à la prochaine élection présidentielle ont présenté ce lundi 21 février leur programme pour les entreprises devant un parterre de patrons réunis à l’invitation du Medef, de CCI France et de l’Institut de l’entreprise. Une matinée de pitchs électoraux enchaînés sous la halle de l’incubateur pour start-up Station F à Paris.

Valérie Pécresse planche devant les patrons, à l’invitation du Medef — Photo : DR

Les principaux candidats à l’élection présidentielle avaient répondu favorablement à l’invitation du Medef, de CCI France et de l’Institut de l’entreprise pour venir plancher, ce lundi 21 février 2022, devant un parterre de patrons réunis à la Station F à Paris. Un lieu symbolique – un des plus grands incubateurs de start-up d’Europe – pour écouter les propositions concrètes des aspirantes et aspirants président(e) s de la République avec dans l’ordre d’apparition sur la scène : Yannick Jadot (EELV), Fabien Roussel (PCF), Valérie Pécresse (LR), Anne Hidalgo (PS), Marine Le Pen (RN) et Éric Zemmour (Reconquête). Seuls manquaient à l’appel Jean-Luc Mélenchon et Christiane Taubira.

Le format imposé – dix minutes de présentation au pupitre suivies de 15 minutes de questions réponses avec deux journalistes de BFM Business – laissait peu de place aux détails. Le message se devait donc d’être clair et bien ciblé. En l’occurrence, l’exercice n’a pas toujours été réussi, Marine Le Pen et Éric Zemmour ayant notamment bien du mal à faire preuve de concision et à s’abstraire des formules slogans.

Baisse des impôts de production

Sur le fond, peu de surprise quant au contenu des programmes des uns et des autres avec, pour clef de voûte attendue par l’auditoire, l’allègement de la fiscalité des entreprises et notamment des impôts de production, qui sont bien plus élevés en France que dans la plupart des pays européens. Une baisse conditionnelle au bien disant climatique pour Yannick Jadot, une baisse immédiate de 10 milliards d’euros sur la C3S (contribution sociale de solidarité des sociétés) chez Valérie Pécresse "pour revenir à la moyenne européenne", une baisse de 30 milliards "étalée sur trois quinquennats" (SIC) pour Marine Le Pen, la même mais sur cinq ans avec la suppression de la C3S et de la CVAE (cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises) chez Éric Zemmour (vous avez dit surenchère ?), et rien chez Fabien Roussel et Anne Hidalgo. Pour le reste, les candidats ont déroulé des propositions fidèles à leur positionnement politique.

Un bonus-malus vert pour Yannick Jadot

Yannick Jadot a proposé un "pacte de patriotisme" aux entreprises jugées essentielles pour mettre en œuvre la transition écologique qui "se fera avec les entreprises ou ne se fera pas". À la clef un système fiscal de bonus-malus vert pour aider les entreprises qui font des "efforts importants" sur leur empreinte carbone et "discriminer" les autres. Autre ambition, la mise en place d’un "buy european act" pour favoriser les PME européennes dans les marchés publics du vieux continent et la généralisation à tous les secteurs économiques de la taxe carbone aux frontières européennes prévue en 2023. Autre mesure marquée du sceau climatique, le retour de l’ISF avec une taxation des patrimoines supérieurs à 2 millions d’euros, en partant du constat que "les plus riches émettent beaucoup plus de CO2 que la moyenne des Français".

Fabien Roussel propose de nationaliser Axa

Fabien Roussel qui a mis de son côté les rieurs avec sa volonté de "nationaliser (l’assureur) Axa" ou de créer le prélèvement fiscal à la source pour les multinationales, a égrené quelques points forts de la docte communiste : augmentation immédiate des salaires et des pensions, investissements dans le nucléaire avec la création de 6 à 8 nouveaux réacteurs, investissements de 140 milliards d’euros par an pour lutter contre le réchauffement climatique, de 4 milliards d’euros par an dans le ferroviaire, d’un milliard d’euros par an dans le fluvial… Mais aussi encouragement pour le made in France industriel et les relocalisations en appelant un choc de l’offre en demandant par exemple "à Renault, Peugeot, d’arrêter de produire les voitures électriques en Chine, mais de le faire en France (et d') arrêter les fermetures de fonderies dans l’automobile".

Valérie Pécresse veut alléger les cotisations retraites

Une politique de l’offre également défendue par Valérie Pécresse avec sa volonté de simplification des formalités administratives pour les entreprises afin de produire en France, "une question de compétitivité (mais aussi) de souveraineté, de stratégie et de financement". La candidate LR a également listé la mise en place d’un observatoire national des salaires ; la création d’un ministère de l’Industrie, de l’énergie et de l’innovation ; la suppression de 200 000 postes de fonctionnaires ; l’allègement de 3 % des cotisations retraites sur tous les salaires pour redonner du pouvoir d’achat aux Français, la libéralisation complète des heures supplémentaires à partir de la 35e heure pour le même motif et l’allongement progressif de l’âge de départ à la retraite à 65 ans d’ici 2030.

Anne Hidalgo : généraliser les formations en alternance

Anne Hidalgo a de son côté défendu un programme économique décliné en quatre grandes "odyssées": transition écologique et énergies renouvelables, santé ; nouvelles mobilités et numérique. La maire de Paris a appelé de ses vœux un sursaut d’orgueil pour que la France devienne, grâce à ses entreprises, la championne mondiale de l’économie décarbonée et digitale avec "une politique de formation professionnelle" et "la généralisation des formations en alternance à partir du bac". Comme Yannick Jadot, elle propose une augmentation immédiate du Smic (+15 % cotre 10 % pour le candidat EELV), le retour d’un ISF pour accompagner la transition écologique, et l’arrêt du développement de la filière nucléaire.

Marine Le Pen veut mettre fin à l’IS pour les sociétés dirigées par les jeunes

Marine Le Pen a tenté pour sa part de jouer la séduction auprès des patrons – "vous êtes le poumon économique de la France" – tout en disant croire "au rôle de l’État car dans une société organisée chacun doit remplir son rôle. […] Vos entreprises sont le lieu de la création de richesses. La sphère publique a un rôle majeur de régulation et de protection sociale, en assurant un environnement favorable sécuritaire, diplomatique, sociale…" Tout comme Valérie Pécresse elle souhaite simplifier l’encadrement administratif et réglementaire des entreprises et initier "une politique d’enracinement, y compris économique" de "démétropolisation" avec "la réinstauration des primes à l’aménagement du territoire" ou la suppression de la C3S dans les zones de relocalisation. Et pour les jeunes elle prévoit d’abolir l’impôt sur le revenu pour les moins de 30 ans ou l’IS des entreprises créées par cette même classe d’âge.

Éric Zemmour : moins d’impôts pour les petites entreprises

Enfin, dernier à intervenir en cette matinée patronale, Éric Zemmour a centré son propos sur la critique du bilan économique d’Emmanuel Macron et sur l’immigration - "le problème majeur de la France" – tout en défendant lui aussi la baisse de la fiscalité des entreprises (impôts de production, taux d’impôt sur les sociétés ramené à 15 % pour les petites entreprises) et la simplification des démarches administratives. Au nombre de ses ambitions : faire de la France une nouvelle "terre d’industrie" avec un "grand ministère de l’Industrie" de l’énergie et des transports.

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