Pouvoir d’achat : la rémunération des salariés de TPE-PME a augmenté plus vite que l’inflation en 2022
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Pouvoir d’achat : la rémunération des salariés de TPE-PME a augmenté plus vite que l’inflation en 2022

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Voilà une étude qui tombe à point nommé. Au moment où le gouvernement re-demande aux entreprises d’augmenter les salaires, les experts-comptables du Cercle Perspectives assurent, chiffres à l’appui, qu’elles ne l’ont pas attendu pour le faire. Mieux : dans les TPE-PME, les rémunérations ont même gonflé plus vite que l’inflation en 2022.

Les hausses de salaires ne sont pas l’apanage des grandes entreprises : selon le Cercle Perspectives, les TPE-PME aussi ont compensé l’inflation par des revalorisations en 2022 — Photo : fizkes - stock.adobe.com

Les employeurs doivent "prendre leur part" dans l’augmentation des salaires. C’est l’appel (re) lancé par la Première ministre Élisabeth Borne, cette semaine, pour tenter de contrer l’inflation. Problème : comme sur les retraites, avec les syndicats, le gouvernement se dirige tout droit, sur ce sujet-là aussi, vers un dialogue de sourds, mais, cette fois, avec le patronat. Car Geoffroy Roux de Bézieux, le patron du Medef, n’a aucun doute : "Les entreprises ont fait le job", martèle-t-il, depuis plusieurs mois, sur les plateaux télé - et encore ce 23 avril, au Grand Jury RTL, Le Figaro et LCI.

Un refrain répété à l’envi, mais accompagné, chaque fois, du même bémol : ce sont surtout les plus grandes sociétés qui ont été au rendez-vous, avec des revalorisations plus fortes que l’inflation. Une nuance dont le président du Medef peut désormais faire l’économie : les TPE-PME aussi ont joué le jeu du pouvoir d’achat, à en croire la dernière étude du Cercle Perspectives.

Les revalorisations plus fortes que l’inflation dans les TPE-PME

Pour arriver à cette conclusion, l’association, qui regroupe 19 cabinets d’expertise-comptable, s’est fondée sur un solide corpus, constitué des fiches de paie de près de 365 000 salariés, issues de plus de 40 000 entreprises (à 70 % des TPE de moins de 5 personnes). Bilan de ce vaste travail de compilation, réalisé avec le cabinet Init : dans ces petites structures, la rémunération du personnel a progressé de 5,49 %, en moyenne, entre décembre 2021 et janvier 2023. Soit davantage que l’inflation (+5,2 % l’an dernier).

Précision importante : cette augmentation englobe les primes, dont celle de partage de la valeur (nouveau nom de l’ex-"prime Macron"). Or, d’après Bercy, 58 % des quelque 4 milliards d’euros distribués sous cette forme, en 2022, l’ont justement été par des TPE-PME - et parfois en remplacement de hausses de salaire au sens strict. Autre bémol : cette dynamique s’est essoufflée en cours d’année, le gonflement des payes passant de +3,1 % au premier semestre à +2,39 % au second… alors même que, sur la fin d’année, les employeurs disposaient des nouvelles possibilités d’action, offertes par la loi pouvoir d’achat, adoptée en août.

Des hausses de salaire accordées sous la contrainte

Qu’importe, pour Antoine de Riedmatten, président du Cercle Perspectives, l’effort des petites entreprises françaises n’en est pas moins remarquable : "Les patrons de TPE-PME ont très majoritairement choisi de rogner sur leurs marges pour améliorer le pouvoir d’achat de leurs salariés face aux tensions inflationnistes", salue celui qui est également à la tête du cabinet In Extenso. La lecture de l’étude offre toutefois, en filigrane, un tout autre éclairage, celui de revalorisations plutôt subies que choisies par les chefs d’entreprise.

En tête des secteurs les plus généreux en 2022 figurent ainsi ceux "confrontés aux plus grandes difficultés de recrutement", assure l’étude, comme le transport (+7,17 % d’augmentation en moyenne) et l’hôtellerie-restauration (+6,35 %), tous deux loin devant le commerce (+5,7 %). La rémunération a donc aussi pu servir de levier à ces dirigeants pour "maintenir l’attractivité de leurs entreprises" sur un marché de l’emploi sous tension, reconnaît Antoine de Riedmatten lui-même. Ce constat est néanmoins loin d’être valable pour tout le monde : dans la construction (+5 %), l’agriculture et la santé (+5,15 % chacun), pourtant elles aussi aux prises avec cette problématique de l’embauche, les hausses accordées n’ont pas suffi à compenser l’inflation - peut-être, dans leur cas, par manque de marges de manœuvre aussi.

Les TPE-PME ont, par ailleurs, été contraintes à des revalorisations du fait de la fuite en avant du Smic. L’an dernier, il a été automatiquement relevé à trois reprises (janvier, mai et août), en raison de l’inflation galopante. Pour le Cercle Perspectives, ces hausses en cascade ont même "conduit à revaloriser les salaires au voisinage du Smic". Preuve en est, selon l’étude, les non-cadres ont bénéficié d’augmentations plus fortes (+5,67 %) que les cadres (+4,4 %).

Le Grand Est en tête des régions les plus généreuses

Ceci étant, l’évolution des rémunérations en 2022 ne porte pas seulement le sceau nouveau de l’inflation, mais aussi, encore, celui du Covid-19. L’étude note en effet un "processus de convergence vers les standards franciliens" depuis la crise sanitaire ; conséquence de l’attractivité renforcée des grandes métropoles régionales. Une tendance particulièrement porteuse, et déjà bien ancrée, en Occitanie (+6,43 %) et Nouvelle-Aquitaine (+6,18 %). Même si, in fine, le Sud-Ouest se fait damer le pion par le Grand Est (+6,5 %), au palmarès des revalorisations les plus élevées. De quoi faire pâlir d’envie les travailleurs moins bien lotis de Normandie, Île-de-France et Centre-Val de Loire, obligés de se contenter, eux, de hausses inférieures à 4,5 %.

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